Leader mondial des bouteilles de verre haut de gamme, Saverglass réalise un troisième LBO pour soutenir sa croissance. L’entrée du fonds Carlyle lui permettra de s’attaquer au marché nord-américain.

Entré au capital de Saverglass en 2011, Astorg cède ses parts (75 %) à Carlyle pour 560 millions d’euros. Ce troisième LBO valorise ainsi le fabricant de verre haut de gamme à 6,5 fois son Ebidta. Au passage, le management, qui détient le reste du capital, en profite pour multiplier sa mise par quatre. Astorg réalise aussi une belle opération puisqu’au moment de son arrivée la société était valorisée 350 millions d’euros.

 

5 % de croissance par an

 

Une belle plus-value à relativiser au vu des investissements. « C’est une société avec un Capex important. La capacité de production est augmentée tous les cinq ans en raison de la croissance du marché et un four coûte environ soixante millions d’euros », précise Nadim Barouki, managing director de Canaccord Genuity et conseil d’Astorg sur l’opération. En cinq ans, le fonds a injecté près de 300 millions d’euros.

 

Aujourd’hui, Saverglass commercialise près de 700 millions de bouteilles par an pour un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros. Et l’avenir s’annonce radieux puisque le secteur devrait afficher une croissance d’environ 5 % par an d’ici à 2020.  « Le processus de vente d’Astorg est lancé en septembre 2015 », indique Olivier Huyghues Despointes, associé chez Darrois Villey Maillot Brochier et conseil de Carlyle sur l’opération. « De nombreux fonds se sont montrés intéressés de par la rareté de l’actif. De plus, il dispose d’un très bon outil de production et contrôle l’ensemble de la chaîne de valeur », explique Nadim Barouki. Au final, trois participent au processus d’enchères : PAI, Carlyle et CVC.

 

Une dette tranche B à 3,75 fois l’Ebidta

 

L’offre de Carlyle l’emporte grâce à une meilleure valorisation et une meilleure relation avec les managers. « Le fonds américain a rapidement fait une offre précise. C’est aussi ce qui a séduit le management », précise Bertrand Cardi, associé chez Darrois Villey Maillot Brochier. Autre point fort, le financement. Carlyle a monté, avec le Crédit agricole et la Société générale, une dette tranche B à 3,75 fois l’Ebidta. « Ce montage permet de libérer plus de cash-flow et ainsi de soutenir ces besoins en Capex », poursuit Nadim Barouki. « Au niveau juridique, la principale difficulté est venue du rachat des différentes sociétés holding », complète Bertrand Cardi.

 

Pour réussir son pari, Carlyle devra relever deux défis : investir dans de nouvelles capacités de productions et trouver un éventuel successeur à Loïc Quentin de Gromard à la tête de Saverglass depuis 1985. Sur ce point, la tâche semble plus difficile. Guillaume de Fougères, qui fut un temps son remplaçant, entre juillet 2014 et mars 2015, avait échoué. « Il est difficile de succéder à un dirigeant qui a très fortement marqué une entreprise et qui en reste proche pour éviter toute rupture. Dans de telles conditions, malgré les qualités du successeur, il peut arriver que la greffe ne prenne pas », explique Xavier Moreno, président du fonds Astorg. Voilà Carlyle prévenu.

 

Vincent Paes

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