Pour l’ancien président du Conseil italien, la crise du Brexit est révélatrice de deux types de dysfonctionnements : nationaux et européens. Explications.

« Il faut un peu de recul historique pour réaliser le chemin parcouru par l’Europe qui, depuis 1989, a accompli le marché unique, l'Euro et la reconstruction d'une union élargie. Ce que les Etats-Unis ont mis près de 150 ans à accomplir, l’Europe l’a fait en un peu plus de 50 ans ! Et si elle donne l’impression de ne pas être très populaire, peu de gens sont prêts à renoncer aux acquis qui en découlent.

 

Concernant le Brexit, cette crise tient principalement à deux raisons. Tout d’abord, l’intégration produit une « distribution aveugle » de ses effets, raison pour laquelle nous devons aller vers plus d’intégration fiscale pour permettre une meilleure redistribution, ce qui sera plus facile sans le frein anglais. Ensuite certains dysfonctionnements européens trouvent leur origine dans les dysfonctionnements nationaux, ce qui est le cas avec le Brexit qui puise ses racines dans la crise britannique.

 

« David Cameron risque d’entrer dans l’Histoire comme l’homme qui aura enclenché la désintégration de l’Union Européenne et peut-être celle du Royaume-Uni. Et ceci au nom de son seul leadership»

 

Mais au-delà des Britanniques, le problème tient au fait que les décideurs nationaux et les débats politiques nationaux sont centrés sur le court-termisme. Nous devons changer ce mode de pensée sous peine de voir s’enrayer le cycle vertueux démocratie et intégration.

 

Par ailleurs je considère que les institutions de l’Union ne font pas leur travail quand elles continuent de coopérer avec ceux des dirigeants politiques qui alimentent tristement l’opinion publique. Ainsi, la coopération avec le 1er Ministre britannique doit nous faire réfléchir. David Cameron risque d’entrer dans l’Histoire comme l’homme qui aura enclenché la désintégration de l’Union européenne et peut-être celle du Royaume-Uni. Et ceci non pas au nom de l’intérêt général de l’Europe, de son pays ou même de son parti. Mais au nom de son seul leadership ».

 

Propos recueillis par Caroline Castets

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