La jeune génération veut-elle être propriétaire ? Pour plusieurs spécialistes de l’immobilier, une nouvelle tendance est en train de naître.
Tout est là : les prix et les taux sont bas, l’offre progresse à mesure que les vendeurs acceptent de remettre leurs biens sur le marché, à des prix revus à la baisse, mais rien n’y fait, le volume de transactions ne décolle pas. Quelles leçons en tirer ? Pour plusieurs spécialistes de l’immobilier, il faut y voir les premiers signes d’une baisse « plus structurelle que conjoncturelle » avec la naissance d’un nouveau rapport à la propriété. Marc Fiorentino, observateur avisé de l’économie, pose ouvertement la question dans sa newsletter quotidienne Monfinancier.com. « Est-ce une nouvelle donne ? Une nouvelle donne provoquée par quoi ? Comme l'économie, par la démographie et la nouvelle économie, assure-t-il. Aujourd'hui, en France, plus de 65 % des biens résidentiels sont détenus par des plus de 65 ans. Les jeunes ont de plus en plus de difficultés à accéder à la propriété mais, et c'est ça qui est nouveau, ils ont un rapport à la propriété qui a évolué. À l'heure de l'économie de partage et d'Airbnb, posséder un bien immobilier n'a plus la même signification. On le voit d'ailleurs sur le marché des résidences secondaires. Sur l'immobilier aussi, un des bastions de l'économie traditionnelle, on est peut-être en train de vivre une vraie révolution. »

Alain Dinin parie déjà sur l’usage
Marc Fiorentino n’est pas le premier, en France, à pointer du doigt ce changement. Alain Dinin, patron de Nexity, suit depuis quelque temps déjà de très près cette tendance. « Chez Nexity, nous sommes en train de nous demander si la notion de propriété ne va pas être supplantée, dans les années à venir, par la notion d’usage, nous confie-t-il. La nouvelle génération est moins désireuse de devenir propriétaire, plus incertaine sur l’avenir et a un rapport différent à la mobilité. Compte tenu de la question de la durée des prêts et du coût, devenir propriétaire, pour une grande partie de la population, sera de plus en plus compliqué. Travailler sur la notion d’usage nous semble intéressant. » C’est l’une des raisons pour lesquelles l’entrepreneur a acquis 76 % du capital de Perl, société spécialisée dans l’investissement en nue-propriété. Laurent Mogno, son directeur général (lire son interview), partage la même conviction qu’Alain Dinin. Partant de cette idée, Perl travaille déjà, avec Nexity, sur de nouvelles innovations destinées « aussi bien aux investisseurs particuliers ou institutionnels qu’aux primo-accédants ». Les fondations immobilières pour accompagner de nouveaux choix de mode de vie sont posées.

Sophie Da Costa

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