Malgré son retard dans la lutte à celui qui pollue le plus, que semblent se livrer les différents continents, l’Afrique est en première ligne des effets du dérèglement climatique. Alors que l'occident se montre de plus en plus exigeant du point de vue de l'écologie, les ressources attribuées peinent à habiller cette ambition.

Après une COP26 contestable et contestée, peu convaincante à tout le moins, les regards et attentes sont braqués sur Charm el-Cheikh, théâtre égyptien de la COP27. "Pour un continent qui contribue à hauteur d’environ 3 % aux émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique ne peut pas être livrée à elle-même pour en gérer les effets de plus en plus néfastes." Ainsi s’exprimait le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi à la tête de l’Union africaine, en marge de la COP26. En d’autres termes, si les dégâts du réchauffement climatique affectent particulièrement le continent africain, les émissions de gaz à effet de serre sont, majoritairement, l’œuvre des pays industrialisés. 

Détresse climatique

Au sud de Madagascar, la carence en pluie suscite famine et détresse, une configuration décrite comme "une situation de détresse alimentaire pour plus de 1,3 million de personnes, l’absence de pluie depuis plusieurs années a rendu impossible toute activité de subsistance" par le président malgache, Andry Rajoelina. Menacés par la montée des eaux, autre bénéfice du réchauffement climatique, les pays côtiers ou insulaires actionnent, eux-aussi, le signal d’alarme. "Je viens d’un pays, Sao-Tomé-et-Principe, où l’une des îles, à savoir Principe, fait partie de la réserve mondiale de la biosphère. Cependant même cette réserve est menacée, 4 % de la superficie des terres ont été englouties par l’élévation du niveau de la mer en raison du réchauffement climatique", alerte Carlos Vila Nova, président de Sao Tomé-et-Principe, auprès de RFI. Un malheur qui guette également la Guinée-Bissau, malgré une forme de résistance face aux problématiques de famine.

L’Union fait la force

Porte-voix du continent et porte-étendard du soutien de l’Union africaine au programme de 25 milliards de dollars sur cinq ans dont la moitié a été mobilisée par la Banque africaine de développement, Félix Tshisekedi a exhorté à accélérer la transition énergétique, résolution lancée en  2015 au cours de la COP21. Un montant loin de l’estimation du besoin du continent (33  milliards de dollars par an selon Patrick Verkoojien, président du Global Center on Adaptation (GCA), organisme dépendant de la Banque africaine du développement) et à mille lieux de ce qu’il touche actuellement en matière d’aide climatique (6 milliards de dollars). Un montant par-dessus tout négligé par les puissances mondiales malgré leurs engagements de la COP21.

Objectif COP27

C’est armée de cette négligence, endurcie de l’étiquette de bouc-émissaire du changement climatique, et unie par une conviction commune, que s’est présentée la délégation africaine à la COP26 avec un objectif : mettre en place un financement spécifique des pertes et préjudices liés aux dégâts irréversibles générés par le réchauffement climatique. Une proposition rejetée en bloc par l’Union européenne comme les États-Unis. Autre volonté : la maîtrise totale du plan de transition, exprimé par le président congolais comme "un plan qui appartient à l’Afrique et qui est dirigé par l’Afrique". En guise de dernière recommandation, il déclare : "Nous ne pouvons plus attendre", suggérant que le projet soit financé d’ici à la fin de la prochaine COP. Le rendez-vous est pris. 

Alban Castres

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