Aliko Dangote, Saga Africa
Né à Kano, ville musulmane dans le nord du pays, Aliko Dangote, 62 ans, est fils d’entrepreneurs. Son père qui a fait fortune dans le commerce d’arachide décède alors qu’il n’est qu’un enfant.
Entrepreneur né
Il est élevé par son grand-père qui lui apprend les règles du business et lui prête 3 000 dollars lorsqu’il fête ses vingt ans en 1977. La somme est investie dans l’achat de trois camions de ciment. La success story commence. Elle s’accélère en 1983, année où, à la suite d’un coup d’État, de nombreux hommes d’affaires sont emprisonnés. Le jeune Dangote profite de l’aubaine et investi : ciment, pétrole, logistique, agroalimentaire, il étend son empire dans tout le Nigéria avec le soutien des pouvoirs publics, ravis de montrer que le pays peut se développer sans aide internationale ou investissement extérieur. Lui-même joue la carte nationale, voire panafricaine. Il se targue notamment d’être le premier employeur privé du continent avec près de 30 000 collaborateurs. De même, il n’hésite pas à affirmer que sa fortune surpasse celle d’Oprah Winfrey, preuve selon lui que l’Afrique est une terre d’opportunité. Dernière en date, la banque. En 2016, il diversifie son empire en lançant SunTrust, première banque 100% en ligne sur le continent.
Sobriété
Pour autant, l’industriel n’est pas bling bling. Ce musulman pratiquant formé à l’université al-Azhar du Caire a un train de vie sobre : ses bureaux évitent toute forme de faste et c’est sous la pression de son comité de direction qu’il a acquis un jet privé pour gagner du temps et un yacht pour « épater ses clients ». Au quotidien, il gère son entreprise évitant dans la mesure du possible les avis des conseillers ou autres spécialistes des relations publiques. Ultra-centralisateur pour certains, il a un argument choc : pour le moment, son instinct ne l’a pas trompé.
Lucas Jakubowicz