En 2024, seules 47% des structures du SBF120 et une entreprise du CAC 40 sur deux ont atteint l’objectif fixé par la loi Rixain pour 2026. C’est le constat de l’étude du Boston Consulting Group (BCG) et SISTA, qui examine la représentation des femmes au sein des comex du CAC 40 et du SBF120, publiée le 10 décembre.
Loi “Rixain” : seulement 50 % des entreprises prêtes pour 2026
En 2024, il n’y a toujours que trois directrices générales au sein du CAC 40, tandis que 88 % des levées de fonds opérées par des start-up sont captées par des équipes 100 % masculines (troisième édition du baromètre SISTA x BCG sur les conditions d'accès au financement des femmes dirigeantes de start-up, mars 2022). Un constat peu réjouissant à un an de la première échéance de la loi “Rixain” promulguée en 2021. Elle impose aux entreprises de plus de 1 000 salariés de compter 30 % de femmes dans leurs instances dirigeantes d’ici à 2026 (et 40 % d’ici à 2030).
Une féminisation des comex à la traîne
L’étude de BCG et SISTA n’appelle pas à beaucoup plus d’optimisme et fait état de la lenteur à laquelle les femmes accèdent aux plus hauts niveaux de direction. Ainsi, en 2024, les femmes représentent 28 % des membres des comex du CAC 40 et 26,7 % du SBF120. Une progression toutefois plus rapide au sein du CAC 40 (+5 points depuis 2021) qu’au sein du SBF 120 (+2 points).
Une progression qui doit être nuancée par l’élargissement des comex observé au sein de certaines entreprises : depuis 2021, une entreprise du CAC 40 sur deux a augmenté la taille de son comex (+1,8 membre en moyenne, pour un total de treize membres) et 39 % des entreprises du SBF 120 (+2,7 membres en moyenne, pour un total de douze membres).
Ainsi, selon Sanae Aouni, directrice associée au BCG : “En ajoutant de nouveaux membres, ces entreprises peuvent atteindre des objectifs de parité sans nécessairement promouvoir les femmes à des postes clés.”
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De fortes disparités selon les secteurs
La proportion de femmes dans les comex varie selon le secteur concerné : elles représentent 23 % dans le secteur de l’énergie, 21 % dans les secteurs industriels et des technologies, et 15 % dans l’industrie automobile. D’autres secteurs dénombrent toutefois plus de femmes au plus haut niveau hiérarchique : elles sont 39 % à être membres d’un comex dans l’immobilier et 31 % dans la mode et le luxe.
Un double plafond de verre
L’étude fait état d’une diminution progressive de la représentation des femmes au fur et à mesure de l’avancement dans le parcours de carrière, jusqu’aux postes de direction : dans les secteurs non industriels (beauté, luxe, médias et divertissement), où les femmes représentent pourtant près de la moitié des effectifs (49 %), elles sont seulement 33 % à occuper des postes de direction.
Autre élément préoccupant, les femmes sont sous-représentées dans des postes dits “tremplins” (20 %), tels que la direction régionale, la direction des opérations ou la direction financière. Pourtant, la moitié des directeurs généraux du SBF 120 ont occupé auparavant un poste de directeur de division ou de région. À l’inverse, elles sont surreprésentées au sein des fonctions de directrices marketing (69 %), de DRH (62 %) ou de directrice RSE (78 %). Face à la lenteur avec laquelle les choses évoluent, il devient urgent de réinventer le modèle de leadership.
Caroline de Senneville