Le groupe surendetté a trouvé de nouveaux actionnaires, renégocié sa dette, mis en place une cure d’amaigrissement et présenté un nouveau plan stratégique axé sur le commerce de proximité. Objectif ? Revenir à l’équilibre financier dès 2026.
Casino, les jeux sont faits
Après des années difficiles, Casino est en ordre de marche pour repartir sur de bonnes bases. Le groupe restructuré a présenté mi-novembre son plan stratégique, baptisé "Renouveau 2028". Celui-ci devrait remettre le groupe sur la voie de la "croissance rentable et responsable". Pour ce faire, il mise sur le commerce de proximité, en l’occurrence les courses alimentaires et les services du quotidien ainsi que sur la restauration à emporter. Casino investira également 1,2 milliard d’euros sur les quatre prochaines années afin d’atteindre un volume d’affaires d’environ 15 milliards en 2028, soit une croissance moyenne annuelle de 3,7 %. Ce qui lui permettrait de revenir à l’équilibre financier dès 2026.
Argent frais
Ce "renouveau" est la dernière étape de très longs mois d’incertitudes et de négociations, qui se sont concrétisés par un plan de sauvegarde pour lequel le tribunal de commerce de Paris a donné son feu vert en février 2024.
En mars, le groupe est passé sous la coupe d’un consortium emmené par le Tchèque Daniel Kretinsky et le Français Marc-André Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds Attestor (qui prévoit de sortir de la holding en 2025). Les deux milliardaires, devenus majoritaires au capital, ont injecté les 900 millions d’euros dont Casino avait besoin et prévu en tout un investissement de 1,2 milliard d’euros d’argent frais pour le relancer. La dette du groupe – nourrie par les nombreuses acquisitions réalisées par Jean-Charles Naouri, ancien patron et premier actionnaire de Casino – a également été renégociée afin de la faire fondre de près de 5 milliards d’euros.
Mesures drastiques
Un dégraissage en règle a également été acté. En tout, le groupe a dû se séparer de la quasi-totalité de ses supermarchés et hypermarchés, cédés à Auchan, Carrefour et Intermarché. L’idée étant de se recentrer sur le commerce de proximité, à savoir les enseignes Monoprix, Naturalia, Franprix, Spar, Vival, Le Petit Casino et l’entreprise de commerce en ligne CDiscount.
Casino avait besoin de 900 millions d’euros
Comme le craignaient les syndicats, cette cure d’amincissement est allée de pair avec un plan social présenté en avril. En tout, 2 400 personnes devraient être licenciées, contre les 2 900 initialement prévues. À noter qu’en avril 2024 le groupe employait 28 200 collaborateurs, contre quelque 200 000 en 2022.
Duo versus trio
Outre les différents plans, Casino a été au centre d’une bataille médiatique autour de son futur actionnariat en 2023. Alors que le groupe cherchait de l’argent frais, deux offres lui ont été soumises. D’un côté le trio, Niel-Pigasse-Zaouari, regroupés sous leur véhicule d’investissement 3F, proposait les sommes nécessaires ainsi qu’"un projet industriel et commercial de long terme accompagné de moyens financiers renforcés". De son côté, le duo composé de Daniel Kretinsky (déjà actionnaire à 10 % de Casino) et Marc Ladreit de Lacharrière, ne lâchait pas prise. Mi-juillet, c’est le trio qui a jeté l’éponge.
Malgré les incertitudes auxquelles fait face le secteur de la distribution, cet appétit pour les actifs de Casino démontre une forme d’optimisme. En espérant que les mesures prises pour redresser le groupe porteront leurs fruits.
Olivia Vignaud