L’annonce du rejet par le Parlement britannique de l’accord négocié par Theresa May a fait rebondir la livre sterling et rassuré les marchés financiers. Un paradoxe alors que le Brexit entre dans une nouvelle phase d’incertitudes ? Éléments de réponse.

Le rejet massif par le Parlement britannique de l’accord de sortie de l’Union européenne négocié par Theresa May a permis à la livre sterling de rebondir fortement. La devise britannique avait plongé au cours de la journée du 15 janvier, passant d’un peu plus de 1,29 contre le dollar à 1,26. Un recul qui reflétait non pas l’inquiétude des marchés sur l’issue du vote – le rejet était largement anticipé – mais les incertitudes post-défaite.

La livre, le baromètre des marchés

À l’annonce des résultats du vote, la livre est repassée à 1,285 face au dollar, signe d’un apaisement sur le front du marché des devises, le Forex. La devise britannique sert de baromètre des inquiétudes des investisseurs depuis le vote en faveur du Brexit en 2016 et, alors que le Royaume-Uni s’enfonce dans la crise du Brexit et que le principal parti d’opposition, le Labour, a déposé une motion de défiance envers Theresa May, cette reprise de la confiance peut étonner.

Le Forex a cependant ses propres règles. Il reflète très largement l’opinion et les doutes des milieux d’affaires anglo-saxons qui, dans leur majorité, se sont prononcés en faveur du maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne et craingnent par-dessus tout un Brexit « no deal », à savoir sans accord commercial et réglementaire. Les conséquences économiques d’une telle perspective ont été chiffrées, par la banque d’Angleterre, à une baisse de 8 % du PIB dans l’année suivant le « hard-Brexit », assortie d’un dévissage de la livre et d’une hausse du chômage ainsi que de l’inflation.

La plupart des pays européens, de la France à l’Irlande, ont annoncé se préparer à un Brexit « no deal » après le rejet de l’accord négocié par Theresa May. Ce scénario, volontiers décrit comme catastrophique par les partisans d’une sortie ordonnée de l’UE, est cependant pour l’instant écarté par les marchés financiers qui parient sur une probable reprise des négociations entre les Européens et Theresa May et/ou un report de la date de sortie du Royaume-Uni, prévue le 29 mars prochain. Certains se prennent même à rêver à l’organisation d’un second référendum voire un abandon pur et simple de la procédure de Brexit.

L’hypothèse d’un report de la date du Brexit au-delà du 29 mars prochain, plus probable qu’un second référendum, est régulièrement évoquée à Bruxelles, sans pour autant faire l’unanimité. Ce report est « juridiquement et techniquement possible », a déclaré la ministre française chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau, sur France Inter au lendemain de la décision du Parlement britannique. Et ce, même si « au moment où on en parle, ce n'est qu'une hypothèse, puisque madame May ne l'a jamais demandé, ni personne de son entourage ».

Indéboulonnable Theresa May

Quant à la mention de défiance lancée par l’opposition, la réaction de la livre sterling est sans appel : les marchés n’y croient pas. Le leader du Labour Jeremy Corbin n’a que peu de chances de convaincre les conservateurs et le Parti démocratique unioniste (DUP) d’Irlande du Nord de soutenir son attaque contre le gouvernement de Theresa May.

La – relative – tranquillité affichée par le Forex s’est répercutée mercredi 15 janvier sur les marchés boursiers. Les principaux indices européens et le FTSE britannique ont ouvert en hausse, manifestement plus sensibles à l’annonce par Pékin d’un plan de 84 milliards de dollars pour relancer de l’économie chinoise.

Cécile Chevré

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