Le premier musée consacré à l’économie, Citéco, à Paris, propose un parcours immersif avec des acteurs pour comprendre les enjeux vitaux du changement climatique et du développement durable dans les pays émergents.

Jusqu’au 26 novembre prochain, Citéco, le musée de la Banque de France, propose une expérience immersive à ses visiteurs. Loin des expositions didactiques sur l’économie, Nés quelque part est un parcours interactif, à la croisée du théâtre et du jeu de rôle qui invite chacun à se glisser dans la peau d’un des dix-huit personnages habitant une zone géographique en développement (Asie, Afrique, Amérique du Sud, Outre-mer, etc.). Pendant plus d’une heure, le visiteur incarne ainsi Tamatoa, un pêcheur polynésien de Fakarava engagé contre la disparition de la biodiversité marine ; Manolo, un adolescent vivant dans un barrio de Medellin en proie à l’ultraviolence, ou Nana, une jeune femme souffrant de malnutrition au Niger. Le but assumé est d’appréhender de manière sensible les grands enjeux du changement climatique et du développement durable, et de mettre en scènes l’effet papillon qu’ils peuvent avoir sur les destinées individuelles au niveau local.

Trajectoires économiques durables

Créé au moment de la Cop 21 en 2015, « Nés quelque part cultive une approche factuelle pour toucher les plus jeunes publics », explique Mathilde Schneider, directrice de la communication de l’AFD (Agence française du développement). L’établissement public est à l’origine de cette initiative artistique, produite avec la compagnie de théâtre Ars Anima. « Toutes les histoires proposées sont inspirées de vrais projets de l’AFD. Nous avons pour mission d’accompagner les pays émergents dans la mise en œuvre de trajectoires économiques durables respectueuses de l’homme et de la planète », insiste-t-elle pour souligner l’urgence de la démarche.

"La logique du rattrapage économique, selon laquelle les pays émergents doivent adopter le modèle économique des pays développés, n’est plus pertinente"


Nés quelque part s’est construit sur l’idée assez militante de coopération économique, d’égal à égal, et sur une nouvelle vision du Sud, loin de la commisération des pays développés et des concepts de tiers et de quart-monde. « Le Nord et le Sud n’entretiennent plus aujourd’hui les mêmes relations qu’il y a vingt ans. Les cartes de la mondialisation ont été rebattues, le Nord a en face de lui des acteurs qui comptent. La logique du rattrapage économique, selon laquelle les pays émergents doivent adopter le modèle économique des pays développés, n’est plus pertinente. En effet, ce dernier n’est plus soutenable pour la planète. »

Le parcours de Citéco met en avant des solutions mises en place localement par l’AFD et dont les effets positifs ont été constatés. Mais la vraie question est vers quel horizon commun ces initiatives nous mènent ? « Quand on compare les pays selon leur IDH (Indice de Développement Humain) et leur empreinte carbone, deux grands groupes se détachent. D’un part, les pays du Sud dont l’IDH est à la traîne, mais qui sont quasi inoffensifs en termes d’empreinte carbone, argumente Mathilde Schneider. D’autre part, les pays du Nord, dont l’IDH est au vert mais dont l’empreinte carbone est intenable à l’échelle planétaire. Nous devons converger ensemble vers une zone de développement mitoyenne, respectueuse à la fois de l’homme et de notre environnement. » L’écologie économique prendra-t-elle le dessus ?

Nicolas Bauche

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