En décembre, l’AMF délivrait son premier visa pour une levée de fonds en cryptomonnaie. Celle-ci servira à financer le développement de French-ICO, une plateforme dédiée à ces financements alternatifs. Son fondateur nous raconte son projet.

Décideurs. Votre première levée de fonds en cryptomonnaie (ICO), à travers French-ICO, que vous venez de lancer, servira à vous financer vous-même. Vous souhaitiez donner l’exemple ?

Christophe Gauthier, président de French-ICO.com. Tout à fait. Notre objectif est de montrer qu’avec notre technologie il est possible de lever des fonds autrement. Depuis qu’elles existent, les ICO ont permis de recueillir 25 milliards de dollars dans le monde mais seulement 130 millions en France. Nous souhaitons démocratiser cette solution. Notre valeur ajoutée ? Proposer une solution clé en main pour réaliser une opération, disposer d’un réseau de crypto-investisseurs ou encore présenter une plateforme régulièrement auditée et cyber-sécurisée.

Vous êtes les premiers, et pour l’instant les seuls, à avoir décroché un visa de l’AMF pour votre ICO. Quel a été votre cheminement ?

Nous avons commencé à discuter avec le régulateur avant la loi Pacte. Lorsque celle-ci a été votée et que l’instruction de l’AMF sur la réglementation liée aux offres publiques de jetons est parue en juin, nous étions prêts à formuler notre demande. C’est un véritable challenge pour une start-up. Nous avons beaucoup appris, notamment sur le chapitre incontournable de la lutte anti-blanchiment. Ce visa, obtenu au bout de six mois, valide non pas la qualité du projet mais ce que nous communiquons à nos investisseurs. C’est un gage de confiance.

Quelles sont les modalités de l’opération ?

La levée se découpe en trois phases, d’un mois chacune du 1er mars au 1er juin. Les souscripteurs de la première période recevront 50 % de jetons gratuits en plus du nominal et ceux de la seconde, 20 %. Cette méthode permet de récompenser les premiers acheteurs, dits early adopters. Notre projet de financement prévoit un soft cap – soit un montant minimum – de 100 000 euros et un hard cap de 1 million d’euros. Si le premier n’est pas atteint, l’ICO échoue et les investisseurs récupèrent leur mise.

Quelles sont vos ambitions ?

Nous avons défini des paliers en fonction des montants levés. Si nous levons moins de 500 000 euros, nous allons surtout nous concentrer sur l’optimisation de notre outil, la communication et le marketing, en passant par des prestataires extérieurs. Au-delà de ce seuil, nous pourrons internaliser des ressources. Une part importante serait en outre allouée à une veille juridique afin de suivre les évolutions possibles dans notre domaine, etc.

Comment les investisseurs sont-ils rémunérés ?

La valeur des jetons, fixée à 20 cents pour 2020, augmentera chaque année de 5 %, auxquels s’ajoute un variable lié au chiffre d’affaires. Si celui-ci augmente, la valeur d’usage du jeton augmentera. Deux types de souscripteurs sont intéressés par ces levées : ceux à la recherche de rendement et les investisseurs dits d’usage. Nous proposons en effet à des porteurs de projets d’ICO d'échanger des produits ou des services de la société à des tarifs préférentiels ou exclusifs.

Justement, quels types de porteurs de projets visez-vous ?

Tout type de sociétés. Cette technologie se prête toutefois assez bien aux métiers de la production et aux festivaliers. Un jeton d’ICO est comparable à un bon d’achat. Il est possible d’imaginer que les propriétaires de jetons ayant servi à financer un film, puissent les échanger contre des éléments de costumes ou de décor. Les investisseurs intéressés par le rendement revendraient quant à eux leurs jetons à des fans désireux d’acquérir des objets.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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