Soignants et banquiers, même combat ? Une chose est sûre – et toute proportion gardée – : tous luttent avec leurs propres armes contre la crise, sanitaire pour les premiers, économique pour les seconds. Si le système de santé national est mis à rude épreuve mais tient le coup, qu’en est-il du secteur bancaire ?

La question tourne en boucle depuis quelques semaines : la crise actuelle est-elle comparable à celle de 2008 ? Si l’interrogation, qui vise particulièrement les banques, est légitime, une réponse négative semble devoir s’imposer. Et les arguments sont multiples. Le premier de tous est bien entendu la nature sanitaire de la crise alors que celle qui a déferlé il y a douze ans était d’origine financière et bancaire. La rapidité avec laquelle la crise se propage dans le monde est également inédite. Enfin, ses effets sur les économies nationales ont été bien plus brutaux puisque, du jour au lendemain, des pans entiers d’activité se sont retrouvés au point mort. Ainsi, la comparaison entre les deux épisodes tourne court.

Des banques sursollicitées …

D’un point de vue purement financier, le rôle que les banques sont amenées à jouer est diamétralement opposé entre ces deux crises. Si, en 2008, ce sont les établissements de crédit qui ont précipité l’économie mondiale dans la tourmente, en 2020, elles sont amenées à jouer le rôle de pompiers. En effet, tous les plans de soutien massif à l’économie annoncés par différents États resteraient lettre morte sans le concours actif des établissements de crédit pour leur donner corps. Le cas des PGE en est l’exemple patent : s’ils sont effectivement garantis par l’État, ce sont bien les banques qui les accordent. Conséquence logique, ces dernières croulent sous les sollicitations avec le risque, toujours plus grand, de voir se multiplier les cas de défaillances et donc de non-remboursement. En effet, les prévisions en la matière ne sont guère réjouissantes puisque Coface prévoit un bond de 25 % des faillites dans le monde cette année. Le nombre d’entreprises dans l’incapacité d’honorer le remboursement de leurs prêt dans le commerce, l’événementiel, le tourisme ou les transports, pour ne citer qu’eux, pourrait vite devenir colossal.  

… et exposées

Or, le spectre de défaillances multiples influe directement sur le coût du risque pour les institutions financières. Bien entendu, les mesures décrétées par la BCE assouplissant les contraintes de fonds propres ou de provisions de créances douteuses incombant aux banques permettra d’absorber en partie leurs pertes, tout comme les PGE. Les mesures prises après la crise de 2008 pour renforcer la solidité des établissements financiers – réduction du nombre de crédits douteux, stress tests poussés, besoins de fonds propres, etc. – vont devoir faire leurs preuves. Malgré cela, les indicateurs sont loin d’être au vert. Selon des informations relayées par Les Échos, Citigroup estime que le coût du risque des banques françaises pourrait plus que doubler en 2021 par rapport à leur scénario initial. De là à se demander si des sauvetages bancaires sont envisageables, il y a un pas que seuls certains osent franchir. « Certaines banques vont connaître des difficultés massivesLes banques dites 'systémiques' seront soit sauvées, soit achetées ou fusionnées », explique aux Échos Sébastien Lacroix, associé senior chez McKinsey. Le son de cloche est légèrement différent du côté du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau qui se veut rassurant : « Les grandes banques françaises sont aujourd’hui dans une situation solide. Si on regarde les deux grands éléments de santé d’une banque, la solvabilité et la liquidité, leur situation est beaucoup plus favorable qu’en 2008 ».

S.V.

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