La compagnie aérienne VallJet, spécialisée dans l’aviation privée, se déploie en France et devrait bientôt se lancer en Europe. En un an, son chiffre d’affaires est passé de 30 à 46 millions d’euros.

Trois industriels, insatisfaits des services et conditions de vol proposés par les sociétés privées d’aviation, décident en 2008 de créer leur propre compagnie d’aviation privée. C’est la naissance de VallJet. Une entreprise que son président fondateur, Jean Valli, voulait voir grandir en France, persuadé que l’Hexagone peut faire aussi bien que les autres pays en la matière. La société installée au Bourget est désormais la deuxième compagnie aérienne du pays, derrière Air France. En 2019, elle affiche un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. Un an plus tard, celui-ci atteint les 46 millions.

Bientôt 28 avions

Son développement ne s’est pas fait en jour. Après des débuts difficiles, VallJet opère pendant une dizaine d’années avec cinq appareils. "Nous étions une petite entreprise familiale. Nos actionnaires volaient avec nous et nous avions deux ou trois clients en plus, se souvient Jean Valli. Nous étions presque un petit club de copains." En 2018, les choses s’accélèrent. Le bouche-à-oreille met sur le chemin de l’entreprise des personnes désireuses de s’offrir un avion pour la première fois. VallJet, qui exploite ses propres appareils mais aussi ceux de particuliers (24 en tout actuellement, 28 bientôt), les accompagne dans leur achat et utilise leur avion contre rémunération.

Début 2020, alors que VallJet s’apprête à agrandir sa flotte, la crise éclate. La compagnie aérienne parvient à éviter un trop grand trou d’air en multipliant les opérations de rapatriement. Elle en effectue un certain nombre en provenance d’Afrique où des citoyens se sont laissé surprendre par la fermeture des lignes internationales. Parallèlement, VallJet contribue à l’effort de solidarité en transportant des réservistes sanitaires ou encore en effectuant des vols médicaux.

Expansion en régions

Malgré un chiffre d’affaires en hausse, Jean Valli ne cache pas les incertitudes qui planent autour de son secteur, qu’elles soient liées à des considérations d’ordre sanitaire mais aussi plus généralement réglementaire. En attendant, le président poursuit son expansion. L’an dernier, l’entreprise s’est déployée à Lyon, La Roche-sur-Yon, Marseille, Cannes et Lille. C’est dans cette ville du Nord que VallJet investit également dans un nouveau centre de maintenance, elle qui s’en est déjà offert un au Bourget en 2018 afin de devenir autonome. Actuellement, une quarantaine d’experts y travaillent, un chiffre appelé à doubler avec la prochaine ouverture lilloise.

"On doit convaincre les entrepreneurs que l’aviation privée petit jet n’est pas un produit de luxe"

VallJet entend également poursuivre son développement en Europe en commençant par la Russie ou encore l’Italie, pays qui présente des similitudes avec la France où l’aviation privée jouit d’une image un peu jet-set. Or, rappelle Jean Valli, le secteur s’adresse à plusieurs typologies de clients. Chez VallJet, les vols dits "low-cost" sont effectués par de petits avions qui peuvent accueillir entre cinq et huit passagers. "On doit convaincre les entrepreneurs que l’aviation privée petit jet n’est pas un produit de luxe", explique Jean Valli, qui cherche à démocratiser le segment et a, pour ce faire, développé un système de cartes club, auxquelles sont rattachées un certain nombre d’heures de vols à un prix compétitif.

L’entreprise vise également deux autres types de voyageurs. Plus luxueux, les "mid size" et "heavy" jets s’adressent, quant à eux, à une clientèle plus aisée. Enfin, les charters capables de transporter jusqu’à cinquante personnes sont, par exemple, utilisés par des équipes sportives lorsqu’elles partent en compétition. Avec la crise sanitaire, ces segments connaissent des dynamiques différentes. Jusque-là le cap est maintenu.

Olivia Vignaud

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