La crise sanitaire a touché de plein fouet l’économie mondiale et plus particulièrement les TPE-PME. La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CPME) qui défend depuis toujours leurs intérêts, est plus que jamais à pied d’œuvre. François Asselin, son président revient sur les différentes mesures mises en place pour faire face à cette période mais aussi sur les perspectives de reprise et leurs enjeux.

Décideurs. Quelles sont les actions de la CPME depuis le début de la crise sanitaire ?

François Asselin. Nous sommes depuis toujours aux côtés des entreprises patrimoniales, TPE comme PME, et encore plus depuis le début de la crise. À nos yeux, la personne morale, l’entreprise, ne doit jamais être séparée de la personne physique, le chef d’entreprise. L’équilibre de l’un peut perturber celui de l’autre. Ainsi, lorsqu’est arrivée en mars 2020 la pandémie que nous connaissons encore aujourd’hui, nous avons mis en place un triptyque qui a depuis fait ses preuves : protéger les salariés, l’entreprise et le chef d’entreprise.

Pour les salariés, les dispositifs de chômage partiel ont été abondamment et efficacement mis en place. Quant aux entreprises, nous avons très activement participé, aux côtés du gouvernement, à déployer le PGE qui a depuis été complété par d’autres mesures de soutien. Enfin, il a fallu accompagner les chefs d’entreprises eux-mêmes, car un grand nombre d’entre eux étaient indépendants. Ainsi, le fonds de solidarité créé s’élargit au fil des mois afin d’empêcher toute catastrophe sur le plan humain en plus de celle économique que nous endurons.

Comment vont les TPE-PME plus d’un an après le début de la pandémie ?

Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater que les salariés ont été plutôt bien protégés, ce qui est primordial à l’heure de la reprise. Les entreprises ont toutes puisé abondamment dans les mesures de soutien. La moitié d’entre elles ont même choisi de décaler d’une année le remboursement du PGE. Pour ce qui est des chefs d’entreprise, pas moins de onze propositions ont été soumises au gouvernement concernant ceux des indépendants qui devront malheureusement déposer le bilan. En effet, il faut impérativement prémunir l’endettement personnel du chef d’entreprise, car il ne faut pas oublier que nous aurons besoin d’eux pour relancer l’activité.

Peut-on croire à une reprise économique rapide ?

Nous avons toutes les raisons d’être optimistes. Même si, avec le dernier confinement, les entreprises ont reçu un troisième coup de gourdin, si la campagne de vaccination devient dynamique et que les objectifs annoncés par le gouvernement sont tenus, la reprise suivra. Dès que la vie devient plus agréable, l’économie s’en ressent aussitôt. Aujourd’hui, la dimension psychologique est très importante dans la reprise pleine et durable de l’activité économique.

Ajoutons qu’en Asie comme aux États-Unis, la reprise est très dynamique, cela contribue à tirer l’économie mondiale vers le haut. Il n’y a donc aucune raison pour que cela ne fonctionne pas aussi en Europe même si notre plan de relance est un peu timide au regard de ce qui se passe autour de nous.

"Il n'y a aucune raison de ne pas voir redevenir viables les entreprises qui l'étaient avant la pandémie"

Comment expliquez-vous cela ?

Une partie de ce plan de relance est actuellement absorbé par les mesures d’accompagnement social. Les fonds engagés dans ces mesures de soutien sont évidemment nécessaires mais c’est autant d’argent en moins pour la relance.

Il serait judicieux de revoir les contours du plan de relance, voire de l’enveloppe globale. Nous attendons que l’Europe se montre efficace et rapide. Malheureusement, en matière pandémique, elle a été relativement lente, il ne faudrait pas tomber dans les mêmes travers au niveau économique.

Comment les entreprises vont-elles être soutenues dans cette dynamique de reprise ?

Les entreprises vont avoir des besoins spécifiques de financement pour faire face au remboursement de leur dette mais aussi pour relancer leur développement. Elles devront s’outiller pour accompagner une transition industrielle, numérique, énergétique ou encore leurs besoins en fonds de roulement. Les prêts participatifs, sur lesquels nous avons travaillé avec le gouvernement, sont une réponse pour ces entreprises en situation de redémarrage dynamique et durable. Véritable levier, cet apport en capitaux propres peut leur permettre de financer les transitions qui s’offrent à elles.

Les fonds d’investissement ont-ils été des soutiens pour les entreprises de leur portefeuille ?

Lorsqu’un fonds investit dans une entreprise, il estime pouvoir réaliser un retour sur investissement. Il n'y a aucune raison de ne pas voir redevenir viables les entreprises qui l'étaient avant la pandémie. Se désengager de ses investissements durant cette période, sachant que les outils financiers ont été mis en place, n’est pas pertinent. Contrairement à la crise de 2008, nous n’avons pas constaté ce comportement. C’est même l’inverse, car les opportunités sont actuellement énormes pour les fonds. En outre, les entreprises que nous représentons et qui ont des fonds d’investissement à leur capital sont restées des valeurs sûres même si l’exercice 2020 et le début de 2021 sont plus délicats.

Les chefs d’entreprise, habituellement méfiants à ouvrir leur capital, vont-ils miser sur les fonds d’investissement pour financer leur relance ?

La leçon que nous tirons de cette période, c’est que grâce à la publicité faite autour des prêts participatifs, beaucoup de chefs d’entreprises se sont aperçus qu’ils pouvaient développer leur activité autrement que par le crédit classique. L’ouverture de son capital en minoritaire ou majoritaire peut être un levier tout à fait pertinent pour faire croître sa société. Pouvoir rester serein sur ses assises financières lorsque l’on sait que l’on n’est plus seul à porter capitalistiquement parlant le poids de l’entreprise, peut être un véritable atout aujourd’hui.

Propos recueillis par Béatrice Constans

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