Pour un entrepreneur, qui a souvent connu plusieurs vies (salarié, repreneur d’entreprise, fondateur, dirigeant), il n’est pas toujours facile d’évaluer le montant de sa retraite. Il est de son intérêt d’anticiper et de préparer une stratégie d’optimisation patrimoniale sur mesure, notamment pour maintenir son niveau de vie. Explications.

Le dirigeant partant à la retraite va certes bénéficier d’une couverture retraite due au titre de ses cotisations sociales antérieures, mais celle-ci est limi­tée, et il est nécessaire d’anticiper cette situation afin de quitter le monde du travail sereinement.

Anticiper la cession de son entreprise

En tant que chef d’entreprise, la cession de parts sociales pour cause de départ à la retraite ouvre droit à un régime fiscal favorable en matière de plus-values, ou à l’exonération de l’impôt sur le revenu en cas de vente d’une entreprise individuelle.

C’est une opportunité considérable pour le dirigeant qui peut, au choix, opter pour un abattement de 500 000 euros ou un abattement proportionnel allant jusqu’à 85 % sur les plus-values réalisées. Les deux alternatives ne répondent pas aux mêmes contraintes – les conditions liées à l’abattement de 500 000 euros étant plus nombreuses et plus strictes – et sont plus ou moins avantageuses en fonction des situations de chaque entrepreneur. De plus, l’abattement proportionnel n’est désormais valable que pour les parts ac­quises avant 2018 et cédées avant 2023. De l’intérêt de se faire accompagner par un spécialiste de la gestion de patrimoine.

"Anticiper la retraite afin de quitter le monde du travail sereinement"

Comment fonctionne cet abattement ? Si la plus-value réalisée à l’issue de la vente est inférieure à 500 000 euros, l’entrepreneur partant à la retraite n’est pas imposé, à l’exception du paiement des prélèvements sociaux de 17,2 %. En revanche, en cas de plus-value supérieure à 500 000 euros, le surplus est imposable, et libre au dirigeant de choisir l’application du prélèvement forfaitaire unique de 12,8 % (flat tax) ou du barème progressif, auxquels il faut bien sûr ajouter les prélèvements sociaux de 17,2 %.

La cession de l’entreprise est également l’occasion de remplir d’autres ob­jectifs, tels qu’amorcer la transmission de son patrimoine à ses des­cendants dans de bonnes conditions juri­diques et fiscales, ou préparer d’éventuels projets de réinvestissements familiaux en optimisant l’impôt de plus-value.

Se constituer un patrimoine "classique"

Outre la cession de son entreprise dans des conditions optimales, le dirigeant partant à la retraite a tout intérêt à se constituer, au fil de l’eau, un patrimoine « classique » mais diversifié, composé de solutions aussi reconnues que le plan d’épargne retraite, l’immobilier ou l’assu­rance-vie.

En ce qui concerne les plans d’épargne, la loi Pacte de 2019 est venue consacrer le PER (Plan d’épargne retraite). Il s’agit d’un produit d’épargne qui permet de se constituer un complément de retraite grâce à un système de capitalisation. Il consti­tue un excellent outil de gain fiscal puisque pour un montant investi, une déduction d’impôt sera retirée du revenu im­posable au préalable du calcul de l’impôt. Antici­per la transmission, bâtir une épargne logement pour ses enfants, déduire les versements de son revenu, et la souplesse de gestion sont autant de rai­sons pour lesquelles le PER est considéré comme une arme patrimoniale efficace.

L’investissement immobilier locatif, à crédit de préférence afin de profiter de la déductibilité des taux d’intérêt de l’emprunt sur le revenu imposable, reste indémodable. Il présente différents avan­tages fiscaux selon le type de bien ou la structure d’investissement choisie : im­mobilier résidentiel loué nu ou meublé, immobilier tertiaire, acquisition en pleine propriété, en usufruit ou en nue-proprié­té, investissement en direct ou via des SCPI ou sociétés familiales interposées, choix du régime fiscal.

"Sur le long terme, les marchés actions sont les plus rentables"

À chaque type d’investissement ses so­lutions, répondant à des profils variés d’entrepreneurs. Faire le bon choix passe donc tout d’abord par la circonscription des objectifs et la compréhension de la si­tuation du dirigeant préparant sa retraite.

Enfin, l’assurance-vie demeure indébou­lonnable avec plus de 1 800 milliards d’encours sous gestion et profite encore d’un cadre fiscal avantageux pour l’épar­gnant. Malgré la baisse des rendements des fonds en euros, l’assurance-vie est une solution pertinente de sécurisation. L’Afer (Association Française d’Épargne et de Retraite) a dévoilé en janvier dernier son taux 2021, de 1,7 % net.

Saisir les opportunités des placements cotés

Compte tenu de la difficulté que peut re­présenter la mise en place d’un investisse­ment immobilier et du rendement modéré des plans d’épargne ou de l’assurance-vie, le dirigeant a tout intérêt à profiter des opportunités en Bourse, à commencer par les marchés actions. Sur le long terme, il s’agit du placement le plus rentable.

Le versement programmé sur différents supports d’investissement permet de se constituer une épargne au fil de l’eau sans soucis de gestion. Profitant d’une grande souplesse en termes de montant, pério­dicité et types de placement, c’est sur du long terme que les versements program­més prouvent leur efficacité.

Afin d’optimiser son capital, il est indis­pensable de préparer un plan de gestion d’actifs qui reposera sur une stratégie d’al­location, fondamentale pour la réussite d’un investissement à long terme. Elle dé­finit les risques que l’investisseur est prêt à prendre et le niveau de rendement espé­ré. Face aux aléas des marchés financiers, il est impératif de mettre en place une ges­tion personnalisée de ses placements afin de pouvoir profiter d’opportunités, mais surtout de concilier les objectifs de rende­ment sur du long terme et la nécessité de protection à court terme.

L’une des stratégies d’allocation sécuri­sante consiste à adapter progressivement la répartition des placements par rapport au temps restant avant le départ à la retraite. Ainsi, lorsque le départ à la retraite reste encore éloigné (entre 10 et 20 ans), il s’agit de placer le capital investi dans des pro­duits risqués et donc potentiellement plus rentables. Plus la date de départ à la retraite approche, plus le capital investi doit être placé sur des supports moins risqués. Les risques sont donc pris bien avant la date de départ à la retraite et les capitaux sont sécurisés à l’approche de celle-ci.

Il est possible de mettre en place une ges­tion pilotée de ses capitaux où la gestion de ses derniers seront opérés en partie ou en totalité par un conseiller en gestion de patrimoine par exemple. L’investisseur définit avec son conseiller son profil de risque. Celui-ci indiquera au conseiller le pourcentage de parts du capital à placer dans des investissements selon leurs indi­cateurs de risque.

Bruno de Seguins, Président d'ASTORIA

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