D. Kling (CNCEF) : "Le trio gagnant “associations, courtiers, consommateurs” vise une démarche de progrès"
DÉCIDEURS. Quelles ont été les actualités importantes pour les experts financiers en 2021 ?
Didier Kling. En 2021, nos associations (CNCEF Assurance, CNCEF Crédit, CNCEF Entreprise, CNCEF Patrimoine, CNCEF Immobilier) ont bénéficié de leur propre territoire de communication pour accroître la notoriété et la visibilité des métiers auprès du client final et de l'interprofessionnalité. De plus, nous avons su surmonter les obstacles et les effets de la crise sanitaire. Cette période a été source d’apprentissage pour nos professionnels comme pour nous-mêmes. Nous avons ardemment travaillé au sujet de la régulation du courtage en assurance et en crédit. La CNCEF Assurance et la CNCEF Crédit sont prêtes depuis plusieurs mois à accueillir les courtiers et leurs mandataires et nous avons œuvré pour que ce beau défi renforce le courtage de proximité et la représentativité de nos membres. De même, la CNCEF Patrimoine est restée vigilante sur le modèle de rémunération des conseillers en investissements financiers, dans le cadre de la révision de la directive MIF II. De son côté, la CNCEF France M&A, regroupant les conseils en M&A, a veillé à la dynamique des fusions-acquisitions pour que les PME et ETI bénéficient de l’ingénierie nécessaire. Enfin, la CNCEF Immobilier est toujours en vigilance sur les évolutions fiscales et a demandé à la veille des élections présidentielles une stabilité législative afin que l’immobilier patrimonial profite de la reprise.
"Nos compatriotes déclarent avoir l’intention d’investir dans l'immobilier mais attendent l’issue de la présidentielle pour se décider"
Vous avez récemment publié une tribune appelant à un “new deal” pour l’immobilier patrimonial. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Tout à fait ! Nos compatriotes déclarent avoir l’intention d’investir dans l'immobilier mais attendent l’issue de la présidentielle pour se décider. Il faut ajouter que de nombreux dossiers de crédit immobilier sont désormais soumis à un apport personnel plus important qu’avant la crise sanitaire. L’épargne de précaution placée durant les confinements successifs et la nécessité de maintenir une politique monétaire la plus souple possible l’expliquent en partie.
Même si ces données sont momentanées, les conseils-experts en immobilier patrimonial en tiennent compte, car ce sont bien les consommateurs qui suscitent l’offre et la demande tout comme les politiques publiques incitent à investir. C’est pourquoi, nous avons appelé les politiques à un new deal en faveur de l'immobilier !
"Le logement en France est morcelé dans plusieurs ministères"
Pouvez-vous détailler ce point ?
Le logement en France est morcelé dans plusieurs ministères même s’il relève d’un ministère de tutelle, ce qui rend parfois l’efficacité des politiques publiques discutable. De même, le débat ouvert par la ministre, qui a remis en cause l’habitat individuel, pourtant largement plébiscité par les Français, a suscité beaucoup d’interrogations. D’autant qu’elle est revenue sur ses intentions ensuite, de quoi fragiliser le climat de confiance. L’heure est davantage à un rééquilibrage du marché pour redynamiser les quatre piliers : l’accession à la propriété, le parc social, le parc locatif et d’investissement et le foncier. Cet équilibre permettra à tous les acteurs (BTP, investisseurs, collectivités, consommateurs) de retrouver de la cohérence à l’heure où la rénovation, les obligations du Plan Climat, la densification des zones à bâtir s’imposent à tous. En comparaison, au sein des pays membres de l’Union européenne, la rentabilité du résidentiel est estimée à 5,1 % par an à l’horizon 2026. Il y a donc matière à repenser notre politique franco-française en veillant aux équilibres du marché. C’est-à-dire, prendre en compte le fait que le plafonnement des loyers va limiter en moyenne la hausse des valeurs locatives autour de 2,6 %. Il va également falloir construire des logements, des magasins, des bureaux en intégrant les normes environnementales et sociales.
"La Loi Courtage, par le biais d’associations professionnelles agréées par l’ACPR, va renforcer le métier de courtage de proximité"
La Loi Courtage entrera en vigueur en avril 2022, quelles en sont les grandes lignes ?
Le 1er avril 2022, la Loi Courtage entrera en vigueur pour les courtiers en assurance et en crédit ainsi que pour leurs mandataires respectifs. Jusqu’ici, les courtiers exerçaient avec deux niveaux d’obligations, à savoir l’inscription à l’Orias et le contrôle de l’ACPR. La Loi Courtage, par le biais d’associations professionnelles agréées par l’ACPR, va renforcer le métier de courtage de proximité, exercé en grande majorité par des TPE/PME sur l’ensemble du territoire. Aux critiques parfois avancées en direction de la profession, le nouveau cadre législatif va assurer un équilibre entre l’encadrement de l’activité, sa montée en compétence (la numérisation et le cyber-assurance notamment) ainsi que la protection du consommateur.
"Cette réforme est une opportunité aussi bien pour les professionnels que pour les consommateurs"
Qu’est-ce que cette réforme implique ?
Cette réforme est une opportunité aussi bien pour les professionnels que pour les consommateurs. En effet, devant la complexité des textes réglementaires et face à la multitude d’acteurs et d’offres d’assurance et de crédit, les Français ont exprimé eux-mêmes le besoin d’une plus grande pédagogie financière. De même, les courtiers ont manifesté leur souhait d’un meilleur accompagnement, notamment pour faire face aux directives européennes et leur prochaine révision, et plus généralement, pour pouvoir bénéficier des services d’une association professionnelle de sorte à se concentrer sur leur cœur de métier : leurs clients. Professionnels et consommateurs se dirigent donc vers un même but, faire du courtage une source de croissance où le conseil a une vraie valeur ajoutée.
Concrètement, les acteurs du secteur devront obligatoirement adhérer à l’association professionnelle agréée de leur choix à compter du 1er avril pour les nouveaux entrants. Ils auront ainsi la possibilité de mieux appréhender la réglementation, mais aussi les nouveaux modes de distribution numérique qui vont façonner la profession dans les années à venir. L’association va exercer une vérification d’accès à la profession de même qu’un accompagnement. Elle va donc fournir plus de sérénité aux courtiers, dans le sens où elle veillera au respect des exigences organisationnelles et professionnelles qui lui sont imposées. Enfin, au-delà des obligations, il faut souligner l’alliance de l’assurance et du crédit dans un même texte de loi, permettant de reconnaître et prouver leur complémentarité. Cette lisibilité ne peut qu’entrainer “un saut qualitatif”. Le trio gagnant “associations, courtiers, consommateurs” vise une démarche de progrès au même titre qu’elle le fut lors de la régulation des conseillers en investissements financiers. Nous ne le dirons jamais assez, il faut préférer l’évolution à la démarche statique, surtout dans un monde en perpétuel mouvement.
"L’humain est au cœur de notre démarche"
Quelles sont vos ambitions pour la CNCEF ?
Première organisation professionnelle créée en 1957, notre groupe regroupe tous les professionnels libéraux qui accompagnent leurs clients dans les domaines de l’investissement et du patrimoine, de l’assurance, du crédit, de l’immobilier de placement et du développement de l’entreprise. Cinq grandes missions guident son action, à savoir : rassembler, accompagner, former, influencer, valoriser.
Demain, nous accompagnerons toujours nos professionnels en harmonie avec nos principes fondateurs, car l’humain est au cœur de notre démarche. Dans un monde où tout change, vite, la CNCEF et ses associations affiliées ont su évoluer sans oublier ces valeurs. En rassemblant donc toutes les classes d’actifs au sein d’un groupe reconnu, la CNCEF continuera de s’affirmer comme le premier cabinet de conseil en France.
Propos recueillis par Marine Fleury