La directrice de la stratégie d’Alstom couvre également les sujets environnementaux, de communication ou encore d’innovation au sein du groupe. Cette ancienne de McKinsey est une passionnée de technologie qui ne pourrait se passer du collectif pour avancer.
Nathalie Bouvier-Tersiguel (Alstom), la stratège
Petite, Nathalie Bouvier-Tersiguel voulait devenir mieux que chercheuse. Elle visait le métier de "trouveuse". "Les mathématiques et la physique m’ont toujours passionnée dans ce qu’ils permettaient d’améliorer et simplifier notre vie, explique la directrice de la stratégie d’Alstom. J’aime comprendre comment les choses fonctionnent." Après avoir hésité avec des études de médecine, la jeune femme originaire de Nantes se lance dans une prépa scientifique et intègre Polytechnique. Dans sa promotion, 17 % de femmes, ce qui était un record en 2006. "Avant d’entrer dans la vie professionnelle, je ne m’étais pas dit que mon genre pouvait poser une difficulté. Mon environnement familial m’avait préservée de cela."
Le goût de l’humain
Au fur et à mesure de ses études, Nathalie Bouvier-Tersiguel s’intéresse de plus en plus au monde de l’entreprise. "Je trouvais passionnant de voir comment elles se construisaient et opéraient des choix technologiques." Elle décide de rejoindre McKinsey pour deux-trois ans afin de se faire une idée, grâce à différentes missions dans plusieurs secteurs, du domaine dans lequel elle aimerait poursuivre sa carrière. Elle y restera finalement douze ans et deviendra associée, spécialisée dans l’industrie.
"Mon passage à l’X et sa formation militaire m’ont sensibilisée au patriotisme"
Approchée par un cabinet de chasse de têtes, Nathalie Bouvier-Tersiguel intègre Alstom en 2022. D’abord pour des raisons humaines, les dirigeants lui ayant donné envie de travailler ensemble. Ensuite parce que le monde de l’industrie et un groupe comme Alstom "avec des activités liées à la technique et à la technologie permettent de suivre l’avancement de ce qui se fait dans le monde". L’entreprise est également au cœur des enjeux sociaux et environnementaux puisqu’elle relie les gens et les territoires entre eux tout en minimisant leur empreinte carbone. Le statut de leader d’Alstom (le chinois CRRC mis à part) ainsi que son ancrage français se sont avérés des arguments de choix également. "Mon passage à l’X et sa formation militaire m’ont sensibilisée au patriotisme", rapporte la dirigeante.
Construire une vision
Responsable de plusieurs départements : market analysis (qui opère l’analyse des marchés et concurrents), substainability (durabilité environnementale), innovation et communication et en partie des M&A avec le directeur financier, la dirigeante se plait à faire travailler les gens entre eux et à valoriser leur expertise. Le collectif reste pour elle central pour la bonne marche du groupe. "L’innovation se met au service de la stratégie. Il existe de nombreuses synergies entre les équipes", par exemple. Son rôle en tant que directrice de la stratégie ? "Faire que les dirigeants construisent ensemble la vision sur laquelle s’appuiera le groupe pour le futur en apportant des faits, en challengeant et en échangeant ensemble."
Engagée pour la parité
Nathalie Bouvier-Tersiguel reconnait la chance de travailler dans un groupe qui dégage 7 % de croissance ainsi, désormais, que dans une entreprise, ce qui lui permet d’inscrire son action sur le long terme. Pour la suite, elle aimerait continuer à grimper les échelons et découvrir d’autres départements du groupe, ce à quoi son poste actuel la destine.
Si au sein d’Alstom, la parité est un sujet pris à bras le corps, Nathalie Bouvier-Tersiguel a constaté rapidement que "dans le monde de l’entreprise, on voit bien que plus on regarde vers le haut des organigrammes moins il y a de femmes qu’au bas de celui-ci." C’est pourquoi la directrice de la stratégie mentore au sein d’une association et s’implique sur ces sujets dans son groupe. À 38 ans, cette mère de deux enfants, férue de danse, appelle à éviter les biais qui nous poussent à nous entourer de gens qui nous ressemblent et à ce que les jeunes filles puissent librement choisir les filières qu’elles rejoignent. En attendant, elle montre (bien) l’exemple.
Olivia Vignaud