Avant de diriger Cosfibel, un spécialiste du packaging de luxe, la trentenaire a cofondé Treatwell et a œuvré dans le digital chez L’Oréal. Désormais à la recherche d’un nouveau défi, le monde entrepreneurial lui semble tout indiqué.
Marie Sermadiras (ex-Cosfibel), la pétroleuse
Marie Sermadiras a une passion pour le business. "Certains regardent Netflix sur leur temps libre, moi je regarde des entreprises", s’amuse l’ancienne dirigeante de Cosfibel, un spécialiste du packaging de luxe qu’elle a quitté fin 2024. La trentenaire est à la recherche d'une nouvelle entreprise à diriger. Elle s'intéresse principalement aux PME et ETI solides, celles qui affichent un chiffre d'affaires supérieur à 100 millions d'euros et qui présentent d'importants besoins d'accélération, de développement et de transformation. "C'est ce que je fais le mieux." Et si jamais elle ne trouve pas son prochain coup de cœur ? "Je le créerai."
Premiers succès
Marie Sermadiras est entrepreneuse depuis ses études. Elle a cofondé Treatwell avec Mallorie Sia lorsqu’elles n’étaient encore qu’étudiantes à HEC. Grâce à 80 000 euros de prêts étudiants, elles créent une plateforme de réservation de rendez-vous beauté. Les jeunes femmes y travaillent le jour, la nuit et le week-end, sillonnent Paris en Vespa à la recherche de nouveaux professionnels à référencer, rédigent leurs fiches de présentation, lèvent des fonds. La croissance est au rendez-vous et les associées cèdent Treatwell en 2015 à un groupe coté japonais pour plusieurs millions d’euros. Les deux comparses resteront près de trois années afin d’assurer la transition mais surtout structurer l’entreprise comme le souhaite l’acquéreur. En six mois, elles recrutent près de 60 personnes et dégagent trois ans de suite plus de 500 % de croissance annuelle.
Rencontres
Après cette belle aventure, Marie Sermadiras n’a pas d’idée préconçue sur ce qu’elle souhaite entreprendre pour la suite. Approchée par le DRH de L’Oréal, elle accepte d’échanger avec le Comex. Si l’idée de rejoindre un grand groupe ne l’avait jamais effleurée, ces rencontres lui donnent envie d’intégrer le géant des cosmétiques. Elle y est embauchée en tant que directrice digitale de la division Active Cosmetics qui gérait notamment les marques La Roche-Posay et Vichy.
Cosfibel ? "Probablement le choix le plus heureux de ma carrière"
Lors d’un voyage d’affaires avec une partie du Comex, elle est repérée par un monsieur de 70 ans. À la sortie de l’avion, l’homme dont l’entreprise est prestataire de L’Oréal lui demande qui elle est pour échanger avec ces grands pontes. Le courant passe et Marie Sermadiras convient d’un déjeuner qui se renouvellera tous les six mois pendant plus de deux ans.
Puis, Alain Chevassus lui propose en 2021 de prendre sa suite à la tête de son entreprise, Cosfibel. Marie Sermadiras se renseigne sur le profil de celui qui lui fait cette proposition en or. L’une de leurs connaissances communes lui confiera : "À chaque occasion, il a été à la hauteur, voire au-delà de mes attentes." Elle n’hésite plus "à faire probablement le choix le plus heureux de (sa) carrière".
Sur tous les fronts
Ses objectifs chez Cosfibel ? Augmenter le chiffre d’affaires et mettre l’entreprise sur les rails d’un rachat, qui pourrait être de son fait. Marie Sermadiras s’attache à développer le business chez chaque client, notamment dans la cosmétique, domaine qu’elle connait bien, diversifie les offres, s’attaque à de nouveaux marchés comme la joaillerie et la bijouterie. Elle améliore les marges commerciales, l’efficacité opérationnelle, fait davantage travailler les équipes ensemble, le tout en parfaite intelligence avec celui qui est devenu son mentor. De quoi doper en dix-huit mois le chiffre d’affaires, mais surtout s’attacher à l’univers de l’industrie et aux PME et ETI qui le composent.
En 2022, une belle offre est proposée aux dirigeants et 100 % des titres sont cédés. Marie Sermadiras reste deux ans de plus afin d’assurer la transition. S’est-elle sentie gênée par son statut de femme lorsqu’elle arpentait les usines ou négociait avec des industriels ? "Pas vraiment. Il faut dire que, plus on s’en moque, moins on remarque un éventuel problème. C'est une question d'attitude." En revanche, sa jeunesse a parfois été un sujet aux yeux de certains de ses interlocuteurs.
Durant ces années chez Cosfibel, Marie Sermadiras a également donné naissance à deux enfants. À côté, elle aide son mari, le champion paralympique de tennis Stéphane Houdet, à trouver des sponsors, investit dans des entreprises et voyage. Celle qui qualifie de "pétroleuses" les femmes ayant la niaque en est assurément une.
Olivia Vignaud