Depuis cinq ans, le marché français des cabinets d’avocats d’affaires compte un nouvel acteur pas comme les autres, Ogletree Deakins. Son positionnement est inédit : le droit social français au sein d'un cabinet de droit social à dimension mondiale.
Ogletree Deakins, l’enseigne française de droit social à dimension mondiale
C’est affiché dans l’entrée : "Des avocats aux côtés des entreprises." Cinq ans et des poussières après son arrivée à Paris, Ogletree Deakins tient sa promesse. Voilà l’équipe emmenée par Jean-Marc Albiol, associé fondateur, traitant des dossiers périlleux en droit social, comme celui concernant un groupe français majeur : "Mandatés par un acteur majeur du monde aéroportuaire qui rencontrait des difficultés du fait de la crise sanitaire, nous avons dû réfléchir à comment concilier RCC et PSE afin de lisser les avantages sociaux, se souvient Nicolas Peixoto, associé. Or, ce type de procédure RCC–PSE cantonné à la modification des contrats de travail n’avait jamais été tenté auparavant. Après une longue bataille judiciaire et les efforts combinés de toute l’équipe du cabinet, les juges nous ont donné raison." Bref, une stratégie contentieuse audacieuse, des risques maîtrisés, un accompagnement de proximité.
La meilleure carte de visite pour un employeur
"Conformes à notre valeur d’engagement, nous savons faire preuve d'audace pour nos clients. C’est la raison pour laquelle les dossiers sensibles peuvent être traités par plusieurs associés : cela permet de prendre des décisions parfois très complexes de manière entièrement concertée", nous rapporte Cécile Martin, associée qui dirige le bureau à Paris.
Karin Dulac, associée, défend un acteur de la céramique face à près d'une centaine de salariés demandant leur indemnisation au titre du préjudice d’anxiété pour exposition à des substances nocives. "Il s’agit de 92 actions individuelles et concomitantes dans un contexte de fermeture du site de production", précise l’avocate. Une affaire qui s’inscrit dans un contexte social difficile et qui nécessite des arguments juridiques ciselés.
Le secret d’un tel positionnement ? La constitution d’une équipe d’avocats tous consacrés au droit du travail et ayant développé des centres d’intérêts au-delà de cette matière : les données personnelles, la fonction publique, les restructurations, la conformité en matière sociale… "C’est notre manière de mettre le droit social au cœur du monde des affaires, explique Jean-Marc Albiol, mais c’est aussi ce qui nous semble le plus judicieux pour répondre aux demandes de plus en plus complexes des entreprises. Et Paul Clair, counsel, de rajouter : "Inclure le droit social dans un ensemble de matières du droit des affaires est aussi une façon d’exercer bien plus intéressante [que de se cantonner au code du travail]."
L’équipe fixe des conditions de travail attractives : perspectives de promotion interne, travail en groupe, culture du partage (notamment des dossiers), événements festifs ou encore formations… "Je mets toute mon énergie dans les recrutements, confie Jean-Marc Albiol. Avec la gratification qu’en donnant beaucoup, je reçois énormément."
"Plus je partage, plus on va partager avec moi"
Stéphane Bloch, qui est rentré chez Ogletree Deakins au printemps 2021, se souvient : "À peine installé dans mon précédent cabinet, je reçois par porteur un mot manuscrit de Jean-Marc me félicitant chaleureusement tout en me disant que si je le souhaitais j’aurais un jour ma place chez Ogletree." Amusé par la démarche, l’avocat spécialiste du secteur public gardera en tête l’audace de ce confrère et entrera chez Ogletree Deakins moins de trois ans plus tard. Cécile Martin de Proskauer, elle, a été contactée dès la création du cabinet en 2017 : il lui faudra un an de réflexion avant d’être convaincue de la performance d’un modèle de niche par rapport à une structure full service. Depuis janvier 2019, elle représente la firme et anime son développement interne. "Une aventure collective", confie-t-elle.
L’avocate insiste sur la culture du partage auquel chaque avocat chez Ogletree Deakins, partout dans le monde, adhère : "Aucun de nous ne travaille seul, les dossiers sont traités en équipe. Notre philosophie, finalement, serait la suivante : plus je partage, plus on va partager avec moi." Selon l’associée dirigeante, les bureaux américains de la firme afficheraient au moins 50 % de cross-selling, un idéal poursuivi par de nombreux cabinets d’avocats.
Rien de normé, tout à construire
La culture singulière de cette firme venue des États-Unis et vieille de près de cinquante ans, Jean-Marc Albiol la découvre lorsqu’il se rend à Miami. "Je rêvais d’un cabinet comme Ogletree Deakins avant même de le connaître", se souvient l’avocat. Le récit de l’aventure internationale de la firme entre en résonnance avec l’envie de construire du jeune avocat formé chez Hogan Lovells. "L’identité d’Ogletree Deakins est noble : véhiculer les règles de droit du travail au sein du tissu économique local. De telles valeurs parlent forcément à l’Européen que je suis." L’avocat constate alors que le cabinet s’est construit par touches, en s’implantant à proximité des usines, en tissant des liens étroits avec les juges, en nouant des relations avec les syndicats pour se positionner sur les grands procès. La logique est la même pour la France : suivre les clients, par exemple des industriels nécessitant un accompagnement local dans plusieurs pays d’Europe. La culture américaine faisant du droit un élément central de la vie des entreprises doit être dupliquée à l’échelle française. Il s’agit également de créer un cabinet français constitué d’une clientèle française. Aujourd’hui, le cabinet ambitionne d’être l’équivalent français de l’Ogletree bien installé outre-Atlantique. D’être, en somme, la référence française du droit social. Un cap vient déjà d’être franchi : celui des 21 avocats, tous consacrés à la même matière.
Pascale D'Amore