Mulliez. Derrière ce nom se cache une galaxie d’enseignes célèbres et aussi un clan à la tête d’un empire et d’une fortune colossale. Lumière sur cette famille iconique et les personnages clés de son ascension.

Si l’Association familiale Mulliez fait aujourd’hui partie des plus grandes fortunes mondiales, c’est grâce au travail de Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan. Après des études à Mayfield en Angleterre et à l’Institut technique de Roubaix, il part aux États-Unis pour suivre des séminaires sur un modèle qui révolutionne le marché de l’époque : le supermarché. À son retour en France, il développe son propre magasin en se fondant sur le modèle de la grande enseigne de distribution française de l’époque, Carrefour.

Débuts difficiles
Il ouvre à Roubaix en 1961 son premier magasin, nommé « Ochan » qui deviendra plus tard Auchan. Les débuts sont difficiles, et les revenus inexistants. C’est auprès d’un autre concurrent que Gérard Mulliez trouve la recette du succès. Encouragé par Édouard Leclerc, il pratique une stratégie de baisse de prix agressive. Le succès est total, et l’enseigne devient rapidement très populaire auprès des Roubaisiens puis des Français.

Avec Auchan, les portes du succès s’ouvrent pour Gérard Mulliez. Ce fervent catholique qui place la religion au coeur de sa vision des affaires n’a foi ni dans les banques ni dans les marchés financiers pour soutenir l’expansion de son activité. C’est tout naturellement qu’il se tourne alors vers sa famille et forme « l'Association familiale Mulliez ».

Au fil des ans, la société va se développer et investir dans plusieurs déclinaisons du modèle Auchan réparties dans différents secteurs, notamment le sport, avec Decathlon, ou la culture, avec Cultura. Toujours soucieux de garder un contrôle familial sur les entreprises détenues, il établit des règles strictes d’intégration à l’association. Pour devenir membre, il faut être issu de la famille (directement ou par alliance), être âgé de plus de vingt et un ans et soumettre une demande d’inscription au conseil de gérance.

Internationalisation

En 2006, alors âgé de 75 ans, Gérard Mulliez annonce sa démission. La lutte pour lui succéder s’articule autour de deux protagonistes. D’un côté Arnaud Mulliez, son fils, et de l’autre Vianney Mulliez, un cousin éloigné. Ce dernier est finalement nommé à la tête du groupe par le conseil d’administration. Ancien directeur d’Immochan, la branche immobilière de l’entreprise et de la division France d’Auchan, il entre en fonction en juin 2007.

Durant son mandat, Auchan poursuit sa politique d’internationalisation avec notamment le rachat de Real, une enseigne de supermarché allemande particulièrement présente en Europe de l’Est. 2017 marque un tournant pour l’entreprise qui s’implante en Chine et ouvre son premier magasin à Shanghai. Auchan devient ainsi l’actionnaire majoritaire de Sun Art, la première chaîne de grande distribution chinoise avec un chiffre d’affaires de 10,5 milliards d’euros en 2014. Dans la foulée, le groupe signe un accord avec Alibaba, le géant du e-commerce chinois qui entre au capital de Sun Art dans le but de digitaliser l’enseigne.

Depuis 2017, le groupe Auchan est dirigé par Régis Degelcke. C’est la première fois depuis quarante-cinq ans et la création du groupe que ce n’est pas un Mulliez qui le préside. Cet ancien de Leroy Merlin (autre filiale de l’association familiale) où il a fait toute sa carrière, a pour objectif de relancer un groupe aujourd'hui en difficulté et qui souffre de la concurrence impitoyable des distributeurs internet, Amazon en tête.

Tournant

Malgré un ralentissement en Europe, Auchan jouit d’un immense succès grâce ses filiales chinoises et aux 450 supermarchés implantés sur ce territoire. Le groupe se classe douzième enseigne de distribution mondiale et emploie plus de 300 000 personnes dans le monde dont 12 500 dans la région Hauts-de-France où il reste le premier employeur privé.

De son côté, la branche immobilière d’Auchan a remporté des appels d’offre qui se chiffrent en milliards d’euros. Ceetrus (ex-Immochan) va entreprendre la rénovation de la gare du Nord commandée par la mairie pour les JO de 2024. L’autre projet de grande envergure auquel le groupe participe est « EuropaCity » qui est censé améliorer les infrastructures des différentes banlieues parisiennes pour faciliter la mobilité des Franciliens et ainsi encourager le développement de commerces et de centres culturels. Les travaux prévus suscitent des controverses, notamment en raison du coût écologique jugé trop élevé.

La famille Mulliez est actuellement à un tournant. Malgré de multiples succès internationaux, le conglomérat d’entreprises connaît un déclin sur le marché national, qui concerne en particulier le groupe Auchan. Ces difficultés interrogent sur la stratégie de l’association qui est critiquée pour son manque de transparence et sur laquelle pèsent des soupçons de fraude fiscale. Les Mulliez restent néanmoins un exemple de réussite unique et l’avenir semble toujours prometteur.

  • C’est aux États-Unis que Gérard Mulliez découvre les supermarchés et qu’il décide d’importer le concept
  • Bien que concurrents, Gérard Mulliez et Edouard Leclerc entretiennent une relation amicale
  • Sa fortune et celle de sa famille est estimée en 2018 à 38 milliards d’euros
  • L’Association familiale Mulliez compte 700 membres en 2018

Jérémie Amselem

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