Présents au sein de conseil d’administration de sociétés du pays de Vladimir Poutine, d’anciens responsables européens ont décidé de quitter leurs postes. Même François Fillon se joint au mouvement.

Les conseils d’administration des grands groupes ont pour habitude de nommer d’anciens politiques ou des personnalités publiques. Que ce soit pour profiter de leur influence dans leurs pays d’origine ou pour bénéficier d’apports culturels. Si la pratique est généralement harmonieuse, en temps de guerre la musique n’est pas la même. Le conflit qui mine aujourd’hui l’Ukraine pousse les administrateurs venus d’Europe à prendre position.

François Fillon démissionne finalement

Le 24 février, dans les heures qui ont suivi l’attaque contre l’Ukraine, l’ancien premier ministre François Fillon a indiqué qu’il comptait garder ses mandats dans les conseils d’administration de deux groupes : l’entreprise pétrochimique Sibur et le conglomérat d’hydrocarbures Zarubeshneft qu’il avait rejoint en juin 2021. Devant le début de polémique, l’ancien candidat à la présidentielle de 2017 a indiqué qu’il quittait ses fonctions. Dans une tribune publiée dans le JDD, il annonce "Aujourd’hui, la guerre est de retour au cœur de l’Europe, écrit-il. C’est un échec collectif mais dans la hiérarchie des responsabilités, Vladimir Poutine est le seul coupable d’avoir enclenché un conflit qui aurait pu, qui aurait dû être évité. En politique étrangère, il faut faire avec les réalités. En fonction des intérêts de la France et de ceux de la sécurité du pays. Dans ces conditions, je ne saurais poursuivre ma participation aux conseils des entreprises russes Zarubeshneft et Sibur. Je le fais avec tristesse car j’y ai rencontré des hommes et des femmes de grandes valeurs, ouverts sur le monde, animés par la réussite de leur entreprise, désireux de la porter aux meilleurs standards internationaux, y compris sur les sujets d’environnement et de responsabilité sociale."

Gerhard Schröder reste en fonction…

Gerhard Schröder n’est pas sur cette ligne. l’ancien chancelier socialiste allemande est président du conseil d’administration du groupe pétrolier Rosneft et membre du board du géant de pétrochimie Sibur. Et compte bien le rester.

"La guerre et les souffrances qu'elle entraîne pour les habitants de l'Ukraine doivent prendre fin au plus vite. C'est la responsabilité du gouvernement russe, écrit Gerhard Schröder sur LinkedIn. On a beaucoup parlé ces dernières années des erreurs et des manquements dans les relations entre l'Occident et la Russie. Et il y a eu de nombreuses erreurs - des deux côtés." Une analyse de la situation qui met plus que mal à l’aise certains de ses compatriotes qui reprochent à leur ancien dirigeant ses liens avec Vladimir Poutine.

... Mais les départs sont nombreux

D’autres anciens dirigeants ont choisi de ne pas laisser de doute quant à leur position vis-à-vis de la Russie. L’ex premier-ministre et sénateur, Matteo Renzi, a démissionné avec effet immédiat de la société d’autopartage Delimobil dans le sillage de l’intervention militaire du pays de Vladimir Poutine. Toujours du côté des Italiens, Ernesto Ferlenghi, dirigeant d’Eni en Russie, quitte son siège d’administrateur au sein du gestionnaire de réseau Federal Grid, selon les informations du Financial Times.

Et ils ne sont pas le seuls puisqu’Esko Aho, ancien premier ministre finlandais ne siègera plus au sein de la plus grande banque russe Sberbank où il officiait depuis six ans. "C’est ma décision personnelle, ma conclusion personnelle", précise-t-il. Pour sa part, l’ancien chancelier autrichien et dirigeant de la compagnie ferroviaire autrichienne Christian Kern, se retire du board de la compagnie ferroviaire publique russe RZD. "Depuis hier soir, RZD fait partie de la logistique de la guerre, a-t-il déclaré au journal autrichien Der Standard. Je le regrette profondément." Si elle fait rage sur le terrain, cette guerre sera aussi économique et politique. Les anciens dirigeants l’ont bien compris et choisissent dès à présent leur camp, quitte, pour certains, à déplaire voire à être taxés de trahison.

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