Issu d’une double formation d’ingénieur et finance, Anthony Carvalho est, à 34 ans, DAF du groupe Limagrain, leader semencier français et quatrième à l’international. Évoluant au sein d’une entreprise jouant un rôle moteur dans la transition agricole, il est parfaitement au fait des multiples transformations de son poste.

Décideurs. Vous êtes passé de directeur d’investissement à DAF de Limagrain. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Anthony Carvalho. Après mon diplôme à l’institut Mines Telecom je me suis spécialisé dans la finance en suivant un master à l’Essec. Puis j’ai rejoint Deloitte et son expertise d’audit avant de rallier la société d’investissement Philippe Investment Managers afin de gérer des portefeuilles de small et mid-caps. Ensuite, une opportunité s’est présentée auprès du groupe Roullier où l’objectif était alors de structurer la démarche d’investissement à titre patrimonial en créant un véritable family office.

Au fil du temps, j’ai senti que je ne souhaitais plus être que de passage dans l’histoire d’une société mais, au contraire, être moteur de son développement. Ainsi, à la suite d’un changement de direction, j’ai été nommé directeur financier du groupe. Les histoires d’entreprise étant avant tout des histoires d’hommes et de femmes, j’ai décidé de rejoindre le groupe Limagrain en septembre 2022, avec le souhait de contribuer à un véritable projet d’entreprise, ambitieux et porteur de sens. Limagrain est une coopérative agricole qui réunit 1 300 agriculteurs adhérents de Limagne. Notre objectif vise à valoriser les productions agricoles, condition indispensable à la transition agricole. Nous sommes aussi le 2e boulanger-pâtissier industriel français avec nos marques Jacquet et Brossard et la farine de nos pains Jacquet provient directement des blés de nos adhérents. Nous comptons aujourd’hui, 9 700 employés répartis dans 57 pays, pour 2,5 milliards de chiffre d’affaires.

Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière ?

Gérer la crise géopolitique en Ukraine a bien sûr été un réel enjeu, tant sur le plan humain que financier dans la mesure où nous étions un des secteurs les plus concernés. Lors de périodes complexes comme celle-ci, l’enjeu est d’avoir des process internes solides, pour permettre d’avoir connaissance rapidement du cash disponible et de garder une grande proximité avec le business local, sur tous les aspects opérationnels.

Comment imaginez-vous le DAF de demain ?

Aujourd’hui, le directeur administratif et financier se doit d’avoir une vue à 360 degrés du business dans lequel il opère et une parfaite connaissance de sa retranscription en éléments financiers. Pour cela, nous sommes poussés à tendre vers la fonction de Chief Performance Officer car la performance financière n’est que la résultante de l’efficience des opérations de l’entreprise et de sa gouvernance. Il est aussi important d’avoir une appétence pour les outils digitaux et les nouvelles technologies afin de maximiser leurs effets dans l’amélioration de nos process. En ce sens, j’ai créé au sein de la direction financière de Limagrain une équipe en charge des enjeux de transformation dans laquelle nous allons définir la feuille de route du groupe à moyen et long terme.

La réglementation nous oblige également à penser à l’optimisation de notre organisation financière. La directive européenne CSRD, pousse à une convergence beaucoup plus forte entre les éléments financiers et extra-financiers, et donc à une lecture économique de la stratégie extra-financière des entreprises. Toutefois, pour mener toutes les mutations auxquelles les équipes sont confrontées, le facteur clé reste l’humain et sa capacité à appréhender le changement. Les mutations technologiques de l’entreprise ne tiennent leur promesse que s’il y a un réel accompagnement des collaborateurs dans leur adoption. Le changement ne se fait pas sans les collaborateurs mais avec eux. En outre, le DAF se doit de porter des valeurs d’exemplarité et de leadership pour mener à bien ses projets dans des conditions optimales.

Parcours : 

  • 2010 : décroche un Master à Dauphine (Master 229 / Audit & Financial Advisory) et celui de l’Institut Mines Télécom Sudparis (en systèmes d’information)
  • 2011 : entre chez Deloitte en tant qu’auditeur
  • 2012 : décroche en parallèle un troisième Master en Finance à l’Essec
  • 2013 : devient associé chez Philippe Investment Managers/Fourpoints IM
  • 2016 : rejoint le groupe Roullier comme directeur d’investissement
  • 2017 : prend la tête de la direction des investissements du groupe Roullier
  • 2020 : décroche un DU en droit des entreprises en difficulté à La Sorbonne
  • 2021 : devient directeur administratif et financier du groupe Roullier
  • 2022 : rejoint le groupe Limagrain en tant que directeur administratif et financier
Propos recueillis par Tom Laufenburger

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