Chantal Baudron, la semeuse

"Un bon business angel est celui chez qui la part de l’ange l’emporte sur la part de business", assure celle qui se décrit comme entrepreneuse, business angel et… jardinière. Une vie bien remplie pour cette femme aussi élégante que charismatique ? C’est peu de le dire. Au début des années 1980 après des études de psychologie, Chantal Baudron rejoint l’univers du recrutement, d’abord comme salariée, puis à la tête de son propre cabinet. Du recrutement au financement, il n’y a qu’un pas. "Un certain nombre d’entrepreneurs me disent qu’ils veulent m’avoir à leur tour de table en raison de mon métier de conseil en recrutement. Cela reste l’un des problèmes les plus préoccupants des start-up, la difficulté à bien recruter", confiait aux Échos Entrepreneurs en 2017 celle qui est classée première du classement des business angels françaises réalisé par Angelsquare.

"Soft skills"

Ce qui fait la force de Chantal Baudron? Sans doute son éthique. Certainement son audace. "J’ai créé en 1980 Chantal Baudron SAS en respectant les engagements pris envers mon employeur, partir sans aucun client, aucun consultant, aucun dossier ! Cela s’appelle partir de zéro… mais la suite m’a permis de vérifier que l’honnêteté est une valeur essentielle", peut-on lire sur le site de son cabinet de recrutement. Dès le début, cette stratège favorise une croissance douce, préférant consolider ses méthodes et fidéliser ses clients plutôt que chercher à augmenter à tout prix son chiffre d’affaires. Et cela marche. Chantal Baudron SAS gagne ses lettres de noblesse, se fait un nom dans l’univers du recrutement et accompagne des entreprises de premier plan dans divers secteurs: luxe, retail, mode, beauté, art de vivre, santé, digital, industrie. Pas question de se limiter à des profils homogènes issus de grandes écoles. Alors que la notion de "soft skills" n’a pas encore le vent en poupe, Chantal Baudron SAS propose des profils variés et mise sur les aptitudes humaines.

Entre 20 000 et 50 000 euros

 "Je suis venue à l’activité de business angel il y a une quinzaine d’années après avoir gagné de l’argent", raconte-t-elle sans détour pour Décideurs Magazine en 2023. Avant de poursuivre avec la franchise qui la caractérise: "Jusque-là, je le gérais en placements financiers mais, à force de côtoyer des entrepreneurs, je me suis rendu compte qu’il serait mieux utilisé si je leur donnais un petit coup de pouce." Son ticket moyen? Entre 20000 et 50000 euros. Chantal Baudron investit comme on joue au casino. En multipliant les petits tickets et en espérant « qu’il y aura un numéro gagnant ». Ce qu’elle privilégie? Sa compréhension du produit, d’abord. Les phases d’amorçage, ensuite. "Lorsque la start-up vient de lever des fonds et qu’elle n’a pas encore réalisé de chiffre d’affaires", précise cette humaniste qui se fie avant tout à son intuition. "Il m’arrive souvent de reconnaître dans ces jeunes le courage, la détermination et la patience dont je faisais preuve à leur âge. (...) C’est donc sur le critère d’évaluation que je base la plupart de mes investissements, une fois que je suis convaincue par le modèle de l’entreprise."

Elle investit comme on joue au casino. En multipliant les petits tickets et en espérant "qu’il y aura un numéro gagnant"

Une floraison abondante et parfumée

"Ce qui est gratifiant, c’est de les aider à pousser plus vite", n’hésite pas à témoigner celle qui ne manque pas une occasion de faire le parallèle avec le jardinage, sa grande passion. Une rose porte d’ailleurs son nom depuis quelques années. "Le rosier Chantal Baudron offre une floraison abondante et parfumée", peut-on lire sur les sites qui le commercialisent. Rien de plus. Rien de moins.

Capucine Coquand