La branche corporate venture du groupe EDF est en passe de devenir un acteur majeur en matière de financement des entreprises innovantes. Engagée depuis 2017 auprès des start-up, EDF Pulse Ventures a investi près de 500 millions d’euros auprès de 33 pépites technologiques et ne compte pas s’arrêter là. Après Carbon8, Sweetch Energy ou encore Chemdoc Water Technologies, le VC du premier producteur d’énergie en Europe ambitionne de poursuivre ses investissements auprès des acteurs engagés en faveur de la transition écologique. Retour sur les principales opérations et les perspectives futures.
Louise Vilain (EDF) : "Nous accompagnons les jeunes pousses engagées vers une logique de bas carbone"
Décideurs. Quelle est votre raison d’être chez EDF Pulse Ventures ?
Louise Vilain. Nous sommes le corporate venture capital du groupe EDF, et un partenaire financier pour les start-up. Notre rôle est avant tout d’identifier de nouvelles activités et solutions innovantes et d’y investir dans une logique tournée vers la construction d’un avenir bas carbone. Le groupe EDF est engagé depuis de nombreuses années en faveur de l’adaptation au changement climatique ; en y associant un écosystème innovant, nous démultiplions cet effort afin de tendre vers l’objectif de neutralité carbone. Notre raison d’être est avant tout d’offrir un avenir énergétique neutre en CO₂ en conciliant des objectifs de préservation de la planète et du développement, et ceci, grâce à l’électricité et des solutions et services innovants. Nous avons souhaité créer ce corporate venture afin de permettre des synergies entre le groupe EDF et des start-up et ainsi, accélérer notre transition énergétique… De manière complémentaire, EDF Pulse Incubation – notre programme d’intrapreneuriat – nous permet de concevoir de nouveaux modèles d’affaires à partir de projets et idées développées par nos salariés.
« Nous accompagnons principalement des start-up qui opèrent dans le secteur des climate tech. » Ninon Lamarque.
Décideurs. Vous accompagnez de jeunes pousses, en Série A et B, avec des tickets d’entrée à partir de 3 millions d’euros … Quelles sont vos particularités au regard des autres VC’s ?
Ninon Lamarque. Notre singularité réside avant tout dans le fait de créer des synergies entre les start-up et le groupe EDF dans une logique de création de valeur mutuelle. À cet effet, nous sélectionnons uniquement des entreprises en Europe et Amérique du Nord en adéquation avec les objectifs et les valeurs du groupe. Pour cela, nous opérons une sélection fine en amont, puis nous effectuons des opérations d’investissement minoritaire via notre holding, EDF Pulse Holding. Nous accompagnons principalement des start-up qui opèrent dans le secteur des « climatetech ». À titre d’exemple, nous avons investi en 2022 dans Carbon8, spécialisée dans la valorisation de résidus industriels. Cette start-up anglaise permet de valoriser les déchets industriels de cimenteries, qui sont ensuite transformés grâce à un procédé de carbonatation en granulats, réutilisables dans le secteur de la construction. Cette solution permet notamment aux industriels de réduire leurs émissions de CO₂ tout en optimisant au mieux leurs déchets, afin d’atteindre leur objectif de zéro enfouissement. Les granulats issus du procédé ont vocation à être utilisés dans une logique d’économie circulaire en construction notamment pour des habitats durables. Par ailleurs, nous avons également accompagné la société Sweetch Energy, dont le cœur d’activité réside dans l'exploitation d'une ressource naturelle : l'énergie osmotique.
"Il est fondamental que les entreprises accompagnées soient en adéquation avec les objectifs du groupe EDF", Ninon Lamarque.
Décideurs. Quelles sont les prochaines grandes étapes ?
LV. Nous souhaitons continuer à investir dans de nouvelles solutions en lien avec nos thèmes d’investissement prioritaires, que sont le carbone et l’ensemble de sa chaîne de valeur à savoir les nouvelles énergies renouvelables, la biodiversité, la décarbonation et l’électrification des process industriels, le nucléaire, les énergies décentralisées, ou encore la gestion de la flexibilité et le développement des usages de l’électricité. En parallèle, nous avons une gestion dynamique de notre portefeuille, pour nous adapter aux besoins de chaque start-up.
"Nous souhaitons continuer à investir dans de nouvelles solutions en lien avec nos thèmes d’investissement prioritaires, que sont le carbone et l’ensemble de sa chaîne de valeur", Louise Vilain
NL. Nous venons également de lancer une démarche ESG au sein de notre corporate venture, en lien avec la raison d’être du groupe, pour accompagner les start-up de notre portefeuille sur ces sujets éminemment clés et les aider à rester compétitives, performantes et attractives. Nous sommes très fiers d’être parmi les premiers CVC à lancer cette démarche.
Propos recueillis par Céline Valensi
