Les cofondateurs de Keepers, membre du club MFO, partagent leur vision d'un métier en cours de régulation.

Décideurs. Quelle est votre vision du family office ?

Anthony Watine. Définir le family office est difficile, chacun est libre d’en donner sa propre définition. Ma vision repose sur l’indépendance du conseil, avec un business model d’honoraires, sans aucune commission. La directive MiFID nous l’avait rappelé, en dissociant le produit du conseil. Il y a en effet une ambiguïté sur le terme « family office », certains CGP ou asset managers l’utilisant mais n’exerçant pas le même métier. Je milite pour que le métier, tel que nous l'exerçons, soit mieux reconnu et peut-être mieux normé, avec le souci d’apporter une meilleure visibilité au client final. Quelles sont les missions d’un family officer ?

Édouard Herbo. Elles sont multiples, le métier est très large. Cela va de l’accompagnement des familles sur les placements, cotés et non cotés, la structuration immobilière, jusqu’à la gouvernance familiale, la formation des enfants et la philanthropie. On retrouve des spécificités chez chacun des multi-family offices, pour certains plus financiers ou plus immobiliers ou encore d’autres axés sur la gouvernance et la philanthropie. Dans la majorité des cas, les MFO couvrent tous ces sujets.

Quelles sont les différences principales entre MFO, CGP et banquier privé ?

A. W. Notre rôle est la coordination. Les autres professions ont leurs expertises. Si les entrepreneurs avaient le temps, les compétences et l’envie d’orchestrer leur patrimoine, ils pourraient se passer de nous. Réunir les trois est très rare. Par notre positionnement indépendant aux côtés des familles, et non pas en face, nous avons l’engagement pour elles d’un alignement d’intérêts, qui n’est pas forcément le cas des autres métiers, qui ont par ailleurs toute leur place dans l’écosystème.

E. H. Nous avons créé une méthode, un parcours jalonné de seize modules, complétés d’outils d’aide à la décision et une approche numérique, afin d’accompagner autant les familles que les entrepreneurs en particulier.

Quelle est la singularité de Keepers ?

A. W. Dès l’origine, notre envie n’était pas d’enrichir les riches, mais de rendre la finance utile. Nous avons la volonté de concilier ce qu’on appelle « People, Planet and Profit » et d’aligner sans compromis ces trois paramètres, tout en parlant de performance intégrale. Nous avons validé avec l’équipe un passage en société à mission autour d’une raison d’être. En substance, celle-ci consiste à guider chaque famille vers la construction de son patrimoine à mission, afin de fédérer la famille, la réunir en interne, mais aussi avoir une mission externe au sens de l’utilité. Ces familles portent des valeurs, que nous partageons, et veulent mettre leur argent, leur patrimoine au service de la société et des enjeux climatiques, sans pour autant sacrifier le rendement. Nous sommes convaincus chez Keepers, depuis l’origine, que notre rôle est là. C’est ce qui nous incite à nous lever le matin, avec entrain et détermination.

Vous avez évoqué le numérique, pouvez-vous nous en dire plus ?

E. H. Très tôt nous avons voulu intégrer le numérique au service de l’aide à la décision, afin de renforcer notre conseil, et projeter les familles et les investisseurs dans différentes configurations et allocations d’actifs tout en mesurant les risques. Le numérique s’immisce à chaque étape de notre parcours. Nous avons par ailleurs un excellent outil de consolidation d’actifs pouvant générer des reportings très complets, que nous enrichissons de données financières et extra-financières. Nous investissons beaucoup sur le numérique, qui fait partie intégrante de notre approche, et quatre de nos collaborateurs travaillent sur ces sujets.

Propos recueillis par Marc Munier et Juliette Woods

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