La pandémie a indéniablement placé la fonction RH sur le devant de la scène. Depuis, les phénomènes de guerre des talents et de grande démission continuent de la mobiliser et de la positionner au centre des grands débats qui agitent l’entreprise.
L’image du DRH s’est-elle réellement améliorée ?
Sylvain Montcouquiol, Directeur Général des fonctions centrales d’Unibail Rodamco Wesfield, et ancien DRH, résumait ainsi, au sortir de la crise, l’impact que cette dernière avait eu sur la fonction "Nous avons gagné en rapidité d’exécution. Les questions du sens et de la responsabilisation des collaborateurs sont devenues centrales…La fonction RH est sortie renforcée de cette crise et prouve une nouvelle fois son rôle crucial dans la performance de l’entreprise". Mais si les dirigeants semblent tous alignés sur la vision de Sylvain Montcouquiol, qu’en est-il des salariés eux-mêmes ? C’est la question à laquelle cherche à répondre une étude menée par le cabinet de conseil Ekilibre, le groupe de formation Sup des RH, et OpinionWay qui a réalisé l’exercice de croiser les regards de 402 dirigeants et d’un millier de collaborateurs issus d’entreprises privées de cinquante salariés et plus. Premier constat positif, une majorité des acteurs interrogés salue la qualité de leurs relations avec leur DRH, mais aussi, l’efficacité et le soutien qu’il apporte aux équipes. "En 24 mois, nous sommes passés du DRH au pilori, au DRH célébré !" analyse Christophe Le Bars, directeur général adjoint de Sup des RH. Ces résultats saluent leur implication durant le Covid ; la fonction était sur le front." Jean-Christophe Villette, cofondateur du cabinet Ekilibre, confirme, "La DRH est une fonction au cœur de la stratégie d’entreprise. L’accroissement de sa reconnaissance est dû à la crise sanitaire qui s’est accompagnée d’une crise de sens de la relation de chaque personne à sa vie et à son travail." On observe toutefois des avis nuancés.
"En 24 mois nous sommes passés du DRH au pilori au DRH célébré"
Proximité
L’étude fait ressortir une différence de perception entre les salariés et les dirigeants. Si ces derniers considèrent largement, à hauteur d’un impressionnant 74%, que la fonction RH les accompagne efficacement dans le pilotage de l’entreprise, seuls 51% des collaborateurs interrogés estiment recevoir de sa part un soutien suffisant. Jean-Christophe Villette souligne d’ailleurs qu’aujourd’hui, seul un collaborateur sur deux a confiance dans la fonction RH. Pour le fondateur d’Ekilibre, « Cette observation pose la question de la mobilisation de l’ensemble des lignes d’encadrement pour accompagner la fonction RH à faire en sorte que les collaborateurs puissent se sentir soutenus. » À ses yeux, la clé réside dans la proximité. « J’encourage les organisations à mettre en place des relais RH de proximité, qui doivent travailler main dans la main avec les managers de terrain ».
Challenges
Parallèlement, les besoins des collaborateurs ont considérablement évolué ces dernières années. « La gestion du temps et l’hybridation du travail sont devenus un sujet prioritaire, car l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle est désormais primordial pour les salariés » explique Christophe Le Bars. Le DRH est attendu tant sur la qualité de vie au travail que sur les engagements RSE, ou encore sur l’accompagnement des carrières et les perspectives d’évolution. Le véritable défi, c’est « mieux fidéliser » indique Christophe Le Bars. En réponse à ces enjeux de taille, la formation continue du service RH s’impose. Christophe Le Bars met en exergue la complexité de l’exercice, la fonction étant son propre prescripteur. Cependant le besoin est bien là, tant sur les softskills indispensables pour répondre aux besoins de proximité des salariés que sur la transformation et l’innovation nécessaires à la compétitivité Le DRH doit ainsi « maîtriser la transversalité, l’agilité et doit-être un consultant interne. »
Un défi d’envergure partagé par tous les penseurs et acteurs de la fonction. Prenant la parole sur l’une des conférences de l’édition 2022 de l’événement Unleash, Roberto Di Bernardini, DRH Danone Monde, « Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour travailler dans les ressources humaines. »
Clara Elmira