Députés, alerte au burn-out !
Les élus du Palais-Bourbon sont nombreux à souffrir du syndrome d’épuisement professionnel. Un sujet tabou qui a pourtant des conséquences sur leur santé et sur notre démocratie.
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Cadres, jeunesse, macronistes historiques… Depuis quelques mois, le président de la République perd peu à peu son socle électoral. Seuls les plus âgés semblent lui rester fidèles. Une situation irrémédiable ?
Pour occuper l’espace médiatique et éviter les bourdes, les responsables politiques se contentent de plus en plus de réciter des phrases toutes prêtes. Au risque de donner une image d’insincérité et de lasser les citoyens. Mauvaise nouvelle, cela risque de continuer.
Depuis plus de trente ans, l’Agence de mutualisation des universités et des établissements (Amue) propose à ses 173 adhérents - universités, écoles supérieures publiques et organismes de recherche - une large palette de services visant à faciliter leur quotidien, que ce soit sur le terrain de la gestion pédagogique, de la recherche, des ressources humaines, des sujets financiers ou de la stratégie immobilière. Simon Larger, son directeur général nommé en mars, entend continuer à faire de l’agence un acteur qui s’engage en faveur d’un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche toujours plus qualitatif. Entretien.
Décideurs. Quelle est la raison d’être de l’Amue ?
Simon Larger. L’agence existe dans sa forme actuelle en raison du caractère autonome de ses adhérents. En effet, les universités ainsi que les autres établissements publics de l’enseignement supérieur ont toujours été autonomes dans leur organisation. Mais cette autonomie ne doit pas tourner à l’isolement. C’est justement pour y remédier que l’agence a été créée en 1992. À l’origine, elle ne proposait aux universités qu’un logiciel de gestion pédagogique, puis elle a développé toute une palette logicielle visant à outiller les ressources humaines et la gestion financière. Progressivement, l’Amue a su se renouveler, innover afin de répondre aux besoins de ses 173 adhérents. Nous construisons notre offre à leurs côtés afin de répondre à leurs besoins. Grâce à notre expérience, nous sommes aujourd’hui capables d’éditer et d’urbaniser une offre logicielle ayant vocation à faciliter, fluidifier la gestion quotidienne des établissements.
Pourquoi avez-vous été choisi pour diriger cette organisation singulière ?
Je suis personnellement lié à l’Amue que j’ai rejointe au tout début de ma carrière après avoir exercé quelques années comme enseignant de droit public et de droit constitutionnel. J’y ai passé neuf ans avant d’occuper différents postes, toujours en lien avec l’enseignement supérieur, au sein d’universités, au ministère de l’Enseignement supérieur ou encore dans le cadre de la région Île-de-France. Nous étions trente-six à briguer le poste de directeur de l’agence. Ma connaissance de l’organisation, mon parcours, mon lien avec des personnalités de l’écosystème et mon envie d’agir ont sans doute fait la différence.
Quelle est votre ambition pour l’Amue ?
Nous travaillons sur plusieurs projets de modernisation des outils de l’Amue, notamment PEGASE, notre futur outil commun de gestion et de pilotage des formations et Sifac, un logiciel de gestion financière de souche SAP, qui bascule dans un nouveau socle technique. Cela occupe déjà une grande partie de notre temps. De façon générale, je souhaite transformer beaucoup de choses. Mais je tiens à avancer avec tranquillité, à prendre le temps de consulter nos adhérents et nos partenaires. Nous mettons un point d’honneur à construire des services connectés à la réalité de nos adhérents, à bâtir des outils utiles, performants, qualitatifs et, bien sûr, livrés dans les délais impartis. En ce sens, nous avons un rôle en matière d’efficience, au sens du lien qualité-coût du service public. Nous proposons des services performants aux établissements d’enseignement supérieur et, de façon indirecte, au contribuable, car il s’agit d’éviter que chaque établissement réinvente la poudre dans son coin. Nous œuvrons, en quelque sorte, en faveur de l’amélioration du service public de l’enseignement supérieur.
"Nous proposons des services performants aux établissements d'enseignement supérieur, et de façon indirecte au contribuable puisqu'il s'agit d'éviter que chaque établissement réinvente la poudre dans son coin"
L’Amue accompagne également les établissements supérieurs dans la gestion de leur parc immobilier. Un thème d’actualité. En effet, la loi LRU de 2007 prévoit un vaste projet de dévolution permettant à certaines universités de devenir propriétaires de leurs locaux. Un sujet que vous connaissez puisque vous étiez chef du département « stratégie patrimoniale » au sein du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche entre 2014 et 2018… Peut-on, selon vous, parler d’une révolution pour les universités ?
On pourrait percevoir la dévolution uniquement comme un acte notarié, comme une opération purement juridique. Dans la réalité, c’est bien plus que cela. Auparavant, les universités avaient des droits et des obligations sur les propriétés de l’État qu’elles occupaient. En ce sens, la loi LRU ne vient pas révolutionner leur quotidien. Mais elle transforme leur manière d’habiter ce territoire et modifie leur relation avec les autres acteurs économiques. Les universités qui ont d’ores et déjà profité de la dévolution sont devenues pleinement propriétaires et peuvent mettre en place des stratégies, ouvrir des commerces afin de répondre aux attentes des étudiants. La pleine propriété représente un véritable levier économique et politique sur le territoire…Elles peuvent même aller jusqu’à l’aliénation du bien. Le fait qu’elles soient propriétaires leur permet de s’impliquer davantage dans la gestion de leur parc, comme une appropriation des enjeux. Ce projet tend par ailleurs à leur donner une plus grande autonomie sur le plan budgétaire et financier. Un point particulièrement complexe. Cela devrait, enfin, faciliter la remise à neuf des campus.
L’Amue a-t-elle été associée à ce projet ?
Bien sûr. Et ce, dès le début. L’agence a mené des réflexions quant à l’intérêt du projet mais aussi quant à ses limites. Elle a également dressé un premier bilan à la suite de la première vague qui a eu lieu entre 2008 et 2009. L’Amue est intervenue dans le cadre de la deuxième vague avec les universités de Bordeaux, Tours et Caen. Elle a notamment mis en place un accord cadre dans lequel elle a proposé à ses adhérents une liste de notaires et de géomètres-experts soigneusement sélectionnés. Il faut comprendre que les universités, même lorsqu’elles sont pleinement propriétaires de leur parc immobilier, doivent respecter certaines réglementations applicables notamment à la domanialité publique, à l’intervention des forces de l’ordre, à la réception du public. Elles sont soumises à tout un corpus de règles communes en la matière. L’usage de ces bâtiments doit également être adapté aux missions des universités. Pour le reste, elles gèrent leur complexe immobilier comme elles l’entendent : décisions stratégiques, politique immobilière, baux commerciaux… J’aimerais que, avec l’Amue, nous allions encore plus loin sur le terrain de l’immobilier et que nous puissions offrir à nos adhérents des services pour les aider à gérer, développer et assurer les grandes transitions de leur parc immobilier.
"En France, les établissements qui ont bénéficié de la dévolution peuvent désormais pleinement s'approprier les locaux qu'ils occupent"
Quel regard portez-vous sur ces dévolutions ?
C’est une bonne chose, me semble-t-il. Il s’agit d’ailleurs d’un modèle standard dans le monde entier. À Pise par exemple, l’université est propriétaire de la moitié de la ville, ce qui en fait naturellement un acteur stratégique au niveau local. En France, les établissements qui ont bénéficié de la dévolution peuvent désormais pleinement s’approprier les locaux qu’ils occupent. Cela tend à nous rapprocher du modèle international. Les universités ont la possibilité de valoriser leur parc immobilier sans demander une quelconque permission à l’État. Les campus ont un réel potentiel économique. La dévolution est l’occasion pour les universités de gagner encore un peu plus en autonomie financière.
Propos recueillis par Capucine Coquand
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