Denis VidalincRespoable financement d’acquisition, CIC.

Denis Vidalinc
Responsable financement d’acquisition, CIC.

Décideurs. Vous avez pris la direction de l’équipe financement d’acquisition du CIC en décembre dernier. Comment êtes-vous organisés, et quel est votre positionnement ?

Denis Vidalinc.
Notre outil de travail, c’est la dette. Nous prêtons aux fonds, aux corporates, et réalisons quelques opérations à dimension patrimoniale.
À ce jour, nous avons environ 120 transactions en portefeuille, avec une forte exposition small / mid (opérations allant de 10 à 300 M€), qui est répartie de la sorte : 50 % de LBO, 30 % de corporates, le solde revenant aux opérations patrimoniales.

L’équipe est composée d’une vingtaine de professionnels à Paris, dont 14 dédiés à l’origination et au lancement des opérations et 6 au suivi. L’organisation est aussi coordonnée avec des équipes régionales qui regroupent 20 professionnels qui prennent en charge en direct des transactions allant jusqu’à 50 M€.

Décideurs. 50 % de vos lignes sont exposées aux opérations LBO. Comment avez-vous géré la crise ?
D. V. Cette crise a été très brutale. Elle a pris tout le monde de court, fonds et banques compris.
Jusqu’à l’an dernier, les équipes de prêteurs et d’emprunteurs étaient habitués à négocier de nouvelles affaires, pas à les restructurer. Chacun a dû se remettre en question.

Dans les situations difficiles, nous avons été souvent demandeurs de due diligences (IBR - indépendant business review). Cette pratique, au départ très anglo-saxonne, s’est imposée en France et s’est révélée souvent très utile. Bien structurée, elle permet a minima que prêteurs, emprunteurs et actionnaires s’accordent sur le diagnostic. Étape indispensable avant d’envisager des solutions.
Au total, sur nos 120 lignes, il y a eu 25 % de bris de covenants, et 10 à 15 % de situation nécessitant des reports d’échéances et de restructurations plus lourdes. Mais comme toutes nos opérations étaient syndiquées, l’exposition globale du portefeuille est restée très limitée.

Décideurs. Quels sont les changements à attendre de cette crise ?
D. V. Les différentes restructurations ont fait ressortir des insuffisances qui devraient être prochainement corrigées.
Il y a par exemple des réflexions sur les schémas de sûreté et les règles d’unanimité.

Sur ce dernier point, il y a une forte demande des opérateurs pour trouver des modes de fonctionnement permettant d’éviter des situations de blocage, qui parfois, se transforment en chantage.

Enfin, bon nombre d’investisseurs étrangers qui s’étaient intéressés à la dette ont fait leur première expérience du fonctionnement des restructurations en France. Il sera intéressant de voir les enseignements qu’ils en tirent.

Décideurs. Chacun s’accorde à dire que le pire est passé, mais à quand le retour de la dette d’acquisition ?
D. V.
Il n’y a pas à proprement parler de reprise, mais plutôt une stabilisation. Certes les entreprises qui ont résisté ont fait la plus grosse partie du travail, mais les incertitudes restent fortes.
 
Aujourd’hui, le CIC fait de la dette d’acquisition avec des leviers moindres et en restant dans sa zone de risque naturelle de prêteur senior. Nous restons attachés aux fondamentaux du LBO : barrières à l’entrée, cash flows élevés et récurrents...

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