« Nous sommes toujours en surexposition large sur les actions et relativement sereins quant à l’environnement obligataire »
Décideurs. Quel bilan faites-vous de l’année 2013 ?

Christophe Gloser.
L’année 2013 restera dans les esprits comme celle de la normalisation. Pour bien comprendre ce qu’il s’est passé, il faut revenir à la fin de 2012, lorsque certains cassandres avaient annoncé une véritable apocalypse ! Le fiscal cliff allait condamner les administrations américaines à la fermeture, les économies des pays émergents étaient vouées à s’effondrer et l’Europe était promise à l’implosion. Finalement, aucune de ces prophéties ne s’est réalisée. Mieux, les États-Unis ont conclu l’année 2013 en croissance, et ce pour la quatrième année consécutive, les pays émergents présentent une croissance toujours robuste, la zone euro retrouve la confiance des investisseurs tandis que le Japon semble sorti de la spirale inflationniste dans laquelle il était enlisé. Le pays du soleil levant fut d’ailleurs la surprise de l’année. Peu d’investisseurs ne l’attendaient, en effet, à pareille fête. La politique économique ambitieuse de Shinzo Abe, soutenue par la banque centrale du Japon, a séduit les investisseurs. Il convient toutefois de relativiser quelque peu ce succès. Si le Nikkei s’est adjugé près de 57 % de sa valeur, il le doit en partie au dumping monétaire réalisé par la Bank of Japan pour déprécier le yen. Si la performance des marchés japonais était rapportée en euros, celle-ci serait plutôt de l’ordre de 18 % à 20 %.

Décideurs. L’annonce par la FED de la réduction de son programme mensuel d’achat d’actifs obligataires marque-t-elle la fin des politiques monétaires accommodantes ?

C. G
. La réduction de dix milliards d’euros par la FED de son programme mensuel d’achat d’actifs obligataires a été un événement factuel parfaitement attendu. Cette décision n’a d’ailleurs surpris personne dans la mesure où elle faisait suite à une intense campagne de communication de l’institution américaine depuis près d’un an. Les marchés y étaient donc préparés et l’avaient d’ailleurs bien intégrée. Et s’il y a eu effectivement quelques tensions sur les taux, nous sommes toutefois très loin du crash obligataire annoncé. En réalité, nous revenons simplement à des taux normaux et soutenables, qui me paraissent suffisants pour accompagner la croissance.
La FED sera tout de même l’élément à suivre en 2014. La banque centrale américaine devrait, en effet, continuer à piloter la sortie de sa politique monétaire ultra-accommodante en réduisant son programme d'assouplissement quantitatif. En revanche, aucune remontée des taux ne devrait être annoncée à court terme.

Décideurs. Croyez-vous à « la grande rotation » annoncée des sommes investies sur des produits de taux vers le marché des actions ?

C. G.
La « grande rotation » annoncée vers les actifs risqués n’aura sans doute pas lieu à très court terme avec l’amplitude espérée. La faute notamment à deux handicaps majeurs.
D’une part, sur le plan réglementaire, il est désormais très difficile pour les investisseurs institutionnels (assureurs, caisses de retraite, fonds de pension) de détenir des actifs en actions. Ces derniers sont donc contraints d’investir massivement sur le marché de la dette. À ce titre, une rotation semble tout de même se dessiner mais pas sous la forme annoncée. Celle-ci a lieu, en effet, au profit des obligations high yield dont les performances ont attiré l’œil des institutionnels.
Et d’autre part, les investisseurs particuliers se sont détournés depuis quelques années maintenant des actifs risqués et ne semblent pas disposés à y revenir de suite. Nous craignons à ce titre que les particuliers ratent une nouvelle fois le bon wagon et se positionnent trop tard sur le marché des actions qui demeure pourtant, à l’heure actuelle, très attractif.

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