Avec Rosaly, l’entrepreneuse Arbia Smiti se lance dans une aventure engagée et engageante. Focus sur une application qui se propose d’améliorer le bien-être financier des salariés en démocratisant l’acompte sur salaire.

Décideurs. Comment expliquer cette fibre entrepreneuriale qui vous anime ?

Arbia Smiti. Je suis issue d’une famille tunisienne d’origine très modeste. Mes parents étaient tous les deux fonctionnaires ce qui ne leur permettait pas de financer mes études. La seule option qui s’offrait à moi consistait à obtenir une bourse gouvernementale. En effet, un accord noué entre la France et la Tunisie organise une sorte d’immigration des cerveaux. J’ai ainsi suivi un cursus particulier pour passer les concours des écoles d’ingénieurs. Le gouvernement choisit pour nous, prend en charge nos frais, fait tout pour que nous restions. L’entrepreneuriat s’imposait donc comme la seule issue pour tenter d’échapper à ce parcours fléché. Après un double-diplôme, un passage par L’Oréal, j’ai monté ma première start-up en 2010, une market place pour jeunes créateurs que j’ai revendue fin 2017. Carnet de mode m’a inoculé le virus de l’entrepreneuriat ! Le premier exit réussi, j’ai donc souhaité très vite me remettre en selle. Peu m’importait le secteur ou le domaine d’activité. En revanche, j’étais très attachée à la mission, au pain point. Je voulais que ce nouveau projet s’inscrive dans quelque chose de plus large, dans la vraie vie. 

D’où l’acompte sur salaire ?

51% des Français estiment éprouver des fins de mois difficiles, ce n’est pas rien ! Cela peut même s’avérer dramatique pour les ménages les plus fragiles qui, à force de recourir au crédit, sombrent dans le cercle vicieux du surendettement. L’endettement des ménages constitue l’un des risques principaux qui pèsent sur l’économie du pays. Difficile donc de trouver plus belle mission pour concilier rôle de pionnière et impact sociétal fort.

"51% des Français estiment éprouver des fins de mois difficiles"

Que propose exactement Rosaly ?

L’application ne fait que faciliter l’accès des salariés à un droit encore trop peu connu. La loi prévoit, en effet, la possibilité de demander le 15 du mois un acompte correspondant à la moitié de la rémunération mensuelle. Si l’employeur ne peut refuser de le verser, dans de nombreuses entreprises les démarches pour l’obtenir restent compliquées. Rares sont les salariés à pouvoir s’adresser directement aux responsables paie. Ils remplissent alors un formulaire papier transmis au manager qui l’enverra à son tour à qui de droit… Pas très pratique en cas d’urgence ! Avec un dispositif complètement digital, nous apportons une réponse à ce problème. Les salariés reçoivent instantanément leur acompte et ce sans avoir le sentiment désagréable de quémander de l’argent.  

Mais en levant barrières psychologiques et contraintes administratives ne risque-t-on pas d’ouvrir trop largement les vannes ?

C’est pourquoi nous œuvrons à responsabiliser au maximum les salariés. L’application leur permet de suivre en temps réel leurs dépenses en indiquant non pas ce qu’ils ont sur leur compte mais ce qui leur reste pour vivre jusqu’à la fin du mois une fois déduis le loyer, les courses, etc. Nous leur offrons l’opportunité de bénéficier d’un accompagnement personnalisé d’éducation financière. Ce rôle de pédagogue nous le partageons avec les entreprises qui, au travers de leur souscription, contribuent à améliorer le bien-être financier de leurs salariés.

"65% des actifs français seraient stressés par leur situation financière"

Qu’ont-elles à y gagner ? 

D’après une étude réalisée en 2019*, 65% des actifs français seraient stressés par leur situation financière. On imagine aisément que la crise de la Covid-19 ne va rien arranger. Or, les conséquences du stress financier sur la productivité, la motivation, l’engagement ou même la santé des salariés ne sont plus à démontrer. Aussi, pour une entreprise, veiller au bien-être financier des collaborateurs permet de limiter les baisses de performance, l’absentéisme ou le turn over. Cela participe également de l’attractivité de sa marque employeur.  

Mais est-ce vraiment leur rôle de se préoccuper de ce genre de question ?

Je suis totalement convaincue que les entreprises doivent apporter leur pierre à l’édifice. Les gouvernements ne peuvent régler à eux seuls le problème du surendettement. Développer l’éducation financière des collaborateurs doit faire partie intégrante de la stratégie des entreprises et ce d’autant plus qu’elles disposent d’une plus grande liberté dans la mise en œuvre de solutions concrètes, rapides et efficaces. On en a encore eu la preuve avec cette pandémie. Et puis, je trouve trop facile de dire que les finances des ménages ne les concernent pas. Le travail occupe une place si importante dans nos vies que la responsabilité des entreprises ne saurait s’arrêter aux portes des usines, des bureaux et même des home offices ! 

Propos recueillis par Marianne Fougère

*Étude réalisée par YouGov pour Mercer du 10 au 14 janvier 2019 sur un échantillon de 1009 actifs français représentatifs de la population active française.

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