Entre vaccination et réouverture de l’économie, le contexte plus favorable de la situation sanitaire est l’occasion de jeter un regard lucide sur le passé. David Charlet, président de l’Anacofi, délivre les principaux enseignements de l’enquête menée par l’association professionnelle sur les conséquences de la Covid-19 auprès des CGP.

DÉCIDEURS. Quelles sont les premières leçons données par votre seconde enquête sur le Covid ?

David Charlet. Cette enquête a permis de montrer que, comparativement à d’autres crises, nos métiers ont fait preuve d’une réelle solidité : au début de la pandémie, la moitié de nos membres estimaient que les choses se passeraient bien et, avec le recul, les résultats soulignent effectivement que, pour 60 % d’entre eux, le niveau de leur chiffre d’affaires était équivalent, voire meilleur qu’en 2019 (qui était une bonne année en termes d’activité). Assurément la crise a eu ses conséquences : un peu plus d’annonces d’intention d’arrêt qu’en temps normal mais pratiquement deux fois moins de destruction ou d’abandon du métier qu’on en a eu en 2008. Le regroupement est une option pour à peine 5 % de nos membres : on ne va donc pas passer d’un monde d’indépendants qui n’étaient majoritairement pas en réseau vers un univers tout réseau. Par ailleurs, quelle que soit la manière dont les CGP ont traversé la crise, l’immense majorité estime que l’activité en 2021 sera meilleure qu’en 2020. On note néanmoins une forme de lassitude chez certains, puisqu’environ 8 % déclarent vouloir éventuellement vendre.

Quelles sont les répercussions des périodes de confinement sur l’écosystème entourant les CGP ?

En ce qui concerne les formations, notre étude souligne que l’immense majorité préfère désormais le numérique au physique : concrètement, pour qu’une formation qui se diffuse sur tout le territoire soit remplie, il faudra quasiment faire deux fois moins de dates. A contrario pour l’événementiel, le critère discriminant est plutôt le contenu. Si ce dernier est intéressant, les deux tiers de nos membres affirment qu’ils sont prêts à y assister et ce, quelle que soit la forme.

La crise a-t-elle changé la perception extérieure des CGP ?

Pendant cette crise, les CGP étaient à la manoeuvre : toujours présents pour leurs clients et aucun d’entre eux n’a fermé. La crise a sans aucun doute un effet positif en termes d’image pour les CGP. Ils ont également profité de ce temps pour accélérer leur transformation numérique et intégrer la logique et les codes des rendez-vous à distance. Néanmoins, contrairement à la vague qu’on aurait pu attendre, peu d’entre eux ont mis en place des nouveaux systèmes d’approche clients (via le numérique ou les réseaux) et 75 % des membres disent même qu’ils n’ont rien changé dans leur approche client. Or il faut profiter de ce "bonus image" créé pendant la crise pour améliorer la captation des clients sur les deux prochaines années, dans trois ans tout le monde aura oublié que les CGP ont été géniaux durant la crise.

Quels sont les projets en cours au sein de l’Anacofi ?

Nous allons intégrer les deux associations qui accompagnaient les courtiers, l’Anacofi Assurance et l’Anacofi IOBSP, à l’intérieur d’une grande structure : l’Anacofi Courtage, une association à adhésion obligatoire compatible avec la réforme du courtage imposée par la loi récemment. Le projet, lancé au niveau juridique, sera une réalité courant 2021 et devrait répondre à plusieurs objectifs : disposer d’une entité plus grosse, capable de répondre à ce que demande l’ACPR, et redonner de la simplicité administrative à certaines de nos structures Anacofi internes, en lui donnant plus de puissance et en faisant jouer les synergies et, par ailleurs, en cessant de démultiplier les élus. Enfin, l’un des points de la réforme en cours c’est le numérique où nous procédons à la mise en place d’un nouvel outil CRM et Extranet, normalement visible pour nos membres le 29 juin. 

Propos recueillis par Sandy Andrianabiby

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