Cécile Frutos (Groupe SGP) : « La confiance rapporte davantage que le contrôle »
Décideurs. SGP est une entreprise libérée, comment vous est venue cette idée ?
Cécile Frutos. Lorsque j’ai été recrutée, j’ai senti de la part de notre dirigeant une certaine sensibilité aux nouvelles formes de management, mais pas encore de savoir- faire concret dans la manière de les aborder. Ensemble, nous avons regardé un reportage sur le bonheur au travail et nous nous sommes sentis concernés. Les méthodologies et les objectifs présentés dans ce reportage ont fait écho chez nous, nous voulions recréer ces mêmes conditions de bien-être. Nous avons donc pris la décision de nous faire accompagner par un consultant pour savoir « comment changer ».
Qu’est-ce que « entreprise libérée » signifie sur le plan de l’organisation ?
Le partage du pouvoir et des responsabilités… Notre dirigeant ne décide plus seul et l’ensemble des collaborateurs se positionne comme un appui managérial. Pour les questions de formation et d’évolution de carrière, nous nous réunissons avec nos agents afin de prendre le maximum de décisions ensemble. L’objectif étant de mettre en adéquation les réalités « terrain » versus « siège », qui sont souvent bien différentes. Cette capacité à dialoguer permet de coconstruire les compromis nécessaires au bon fonctionnement de l’ensemble de l’entreprise. La confiance rapporte davantage que le contrôle. Le projet de libération de l’entreprise a d’ailleurs immédiatement été très bien accueilli.
Peut-on mesurer les résultats d’une telle organisation ? Quels sont-ils ?
Nous réussissons à faire grandir notre portefeuille clients et nos effectifs tout en absorbant notre croissance avec flexibilité et une montée en puissance de la qualité des prestations. Certains sites à sécuriser sur lesquels nous intervenons fonctionnent aujourd’hui en autonomie, pilotés en toute confiance par les agents avec qui nous avons construit peu à peu les outils et l’organisation permettant de s’autogérer. Nous avons été sollicités pour la surveillance du marché de Noël de Strasbourg et je suis assez fière de pouvoir dire que notre dirigeant a répondu à son client qu’il allait demander à ses équipes si elles étaient prêtes à relever le défi.
Cela a-t-il eu un impact sur votre marque employeur ?
Oui, ce modèle d’organisation reste encore très innovant. Les entreprises libérées à ce stade de déploiement sont peu communes, surtout dans nos régions (Nord et Grand Est). Nous communiquons donc sur cette particularité et cela nous permet également d’attirer des talents.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confronté ?
L’entreprise libérée n’est pas un concept « clé en main ». C’est une incroyable aventure humaine, un bouleversement en profondeur qui réserve son lot de surprises et une remise en question quotidienne. Il faut en tout cas être patient et parfois accepter de reculer pour mieux avancer sur le long chemin du changement. Nous devons également bien sûr accompagner nos clients qui peuvent être surpris par notre mode de fonctionnement. Notre initiative a d’ailleurs été tout récemment saluée par notre client Sofidel, qui nous a remis un Trophée dans la catégorie fournisseurs responsables.
Propos recueillis par Roxane Croisier