Pour lutter contre le chômage des jeunes qui ne descend pas sous la barre des 20% depuis 2009, le gouvernement mise sur l’offre d’apprentissage. C’est l’un des paris de la « Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel » du 5 septembre 2018.

Pourtant bien ancré dans les mentalités de nombreux pays européens voisins, comme l’Allemagne par exemple, l’apprentissage souffre en France d’un déficit de notoriété. L’obstacle culturel reste entier, le système étant perçu et vécu comme un synonyme d’échec scolaire. Le gouvernement prend donc le risque de se heurter à ces barrières encore profondément ancrées dans l’Hexagone.  « C’est une formidable voie de réussite […] l’objectif est de déverrouiller tout ce qui empêche aujourd’hui les jeunes de se réaliser dans leur avenir professionnel » déclare la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Il s’agit avant tout de modifier la perception de cette orientation, souvent dédaignée et perçue comme une « voie de garage ».

Des motivations supplémentaires pour les apprentis

Jusque-là, l’âge limite pour devenir apprenti était de 26 ans. Les jeunes pourront désormais démarrer leur apprentissage jusqu’à 30 ans et commencer par ailleurs à n’importe quel moment de l’année. La durée du parcours dépendra de leurs acquis. Le gouvernement a également annoncé une revalorisation de la rémunération des apprentis qui s’élève à 30 euros par mois. Autre mesure « phare » de cette réforme : chaque apprenti pourra bénéficier d’une aide de 500 euros pour le financement de son permis de conduire. « En zone rurale, la où il n’y a pas de transports en commun, pouvoir conduire un véhicule fait partie de conduire sa vie » déclare la ministre du Travail. L’accès à l’information représente également une nouveauté pour les apprentis. Les niveaux de salaires en sortie de formation, les taux d’insertion professionnelle et de réussite au diplôme de chaque CFA seront rendus publics et à la disposition de tous.

Un financement revisité

Augmenter le nombre d’apprentis est le leitmotiv du gouvernement qui a pour mot d’ordre la simplification des processus. Une libéralisation du système a donc été préféré au système majoritairement administré par l’État et par les régions : « Les branches et les entreprises sont placées au cœur du système » réagissait le Medef après l’annonce de la réforme par le Premier ministre Édouard Philippe. Ils seront dès à présent financés « par contrat » en fonction du nombre d’individus formés. L’entreprise aura la possibilité de créer des CFA et être acteur de la gouvernance et du financement de l’apprentissage.

Alors que les entreprises devaient faire le tri entre quatre aides différentes, une seule sera désormais disponible pour les structures de moins de 250 salariés. La ministre du Travail est catégorique sur le sujet épineux de la limite du nombre de contrats : « Partout en France où il y aura un jeune et une entreprise qui signent un contrat, le financement du CFA sera garanti ». Cela devrait permettre à l’Assemblée permanente des chambres des métiers et de l’artisanat de créer 60 000 places de plus en apprentissage, à l’industrie d’augmenter le nombre de contrats de 40 % et aux Compagnons du devoir de doubler de taille.

Régions : les grandes perdantes ?

Si la réforme semble plutôt bien accueillie par les entreprises, les acteurs publics régionaux tirent la sonnette d’alarme. Le pouvoir de régulation jusqu’alors confié aux régions est en voie de disparition. « Emmanuel Macron a livré l’apprentissage à l’économie de marché » déclarait Hervé Morin, président de la région Normandie et président de l’association des Régions de France sur RFI. Les régions géraient plus de 1,5 milliard d’euros au titre de la taxe d’apprentissage, portefeuille revu à la baisse à environ 250 millions d’euros. La conséquence directe pourrait être la fermeture d’un nombre important de CFA dans les mois et les années à venir. Francis Vercamer, député UDI de la septième circonscription du Nord, se dit « désolé que pour faire rentrer les branches » […], le gouvernement ait pris la décision de faire « sortir les régions ». L’exécutif se défend en assurant que les régions garderont une enveloppe financière pour assurer la présence de CFA dans les zones rurales et les zones sensibles.

L’objectif de l’exécutif reste donc de convaincre et de faire de l’apprentissage un moteur de la formation professionnelle en France. Le chantier est vaste et les enjeux considérables pour cette réforme dont le but premier est la diminution du taux de chômage chez les jeunes.

Tom Fouan

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