"Pas de data, pas d’IA !" C’est par cette formule que Jacques Goudet, CDO de Naval Group, acteur industriel français de la défense, résume l’importance d’une donnée fiable. Après un parcours au sein de directions opérationnelles, il définit aujourd’hui ses objectifs stratégiques autour d’un triptyque de son cru : People, Process and Technology.

Décideurs. À partir de quel moment une société doit-elle se munir d’un CDO ?
Jacques Goudet. Dès qu’un plan de transformation digitale se dessine, on parle de données. Dès lors qu’une entreprise se saisit de l’enjeu et s’en sert dans sa prise de décisions ou souhaite observer des tendances ou encore, faire de la prédiction, elle a besoin d’un CDO. C’est ce dernier qui définit la stratégie data en lien avec les objectifs business. Il a la charge de mettre en place la gouvernance, d’acculturer les équipes et de déployer les briques technologiques pour traiter les cas d’usage à forte valeur.

Quels sont les effectifs de votre département ou ceux saisis sur le volet data de Naval Group ?
Nous sommes une vingtaine en centrale, avec l’ambition de passer à une trentaine d’ici quatre ans. Nous sommes actuellement en phase de recrutement avec un focus sur des profils data scientist, data engineer, ingénieur concepteurs big data ou DevSecOps pour construire notre data plateforme à l’horizon 2026. En complément de cette équipe, 170 personnes dans l’organisation ont une étiquette "donnée" dans leur fiche de poste. L’idée était d’avoir une organisation à mi-chemin entre un modèle fédéré et centralisé. Cela offre plus d’autonomie aux métiers et leur permet de mieux s’approprier leurs données.

Justement, qu’en est-il de l’engagement des collaborateurs ?
Dès lors qu’on leur confie les bons outils, on est témoin d’un engagement formidable. On s’est rendu compte que depuis deux ans que nous avons déployé notre outil d’Analytics, ce dernier a fait l’objet d’une belle appropriation par les métiers. Sur les sujets d’IA générative, nous avons créé la Guilde de l’IA qui connaît un fort engouement. Notre chatbot interne connaît une belle courbe d’adoption et en l’espace de deux mois, nous avons eu plus d’une centaine de cas d’usage, internes et externes, autour de l’IA générative. Nous avons également mis en place un rituel hebdomadaire de prise en charge des demandes qui émergent des opérationnels et la gestion des nouveaux besoins.

"L’idée était d’avoir une organisation à mi-chemin entre un modèle fédéré et centralisé. Cela offre plus d’autonomie aux métiers et leur permet de mieux s’approprier leurs données"

Quelles inspirations tirez-vous de votre quotidien en tant que CDO ?
Depuis dix ans, la donnée est une vraie passion ! Pour protéger nos données sensibles, nous utilisons des data centers internes. Les flux externes, à l’instar de ChatGPT, sont bloqués. Ainsi, en janvier 2024, notre PDG nous a mis au défi sur l’IA générative et nous avons créé N-GPT un chatbot interne pour Naval Group. Aujourd’hui, il traite 1 000 requêtes par jour de 150 utilisateurs et couvre plusieurs cas d’usage, dont l’exploitation de notre Business Management System. Un véritable enjeu relevé avec succès.

Un chiffre clé qui illustre votre bonne valorisation de la donnée :

268 c’est le nombre d’applications Qlik (logiciel d’Analytics) réalisées en 2 ans pour piloter les activités métiers.

Propos recueillis par Sasha Alliel

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