Cette ancienne de Veepee a lancé en 2022 Underdog, un spécialiste du gros électroménager reconditionné. Claire Bretton œuvre également pour élargir l’écosystème autour des projets à impact. Pour ce faire, elle a notamment cofondé Climate House, un agrégateur d’initiatives pour la transition écologique.

Décideurs. Comment est née votre envie de vous lancer dans l’économie à impact ?

Claire Bretton. J’ai commencé ma carrière par quatre ans dans le conseil en stratégie dans un cabinet assez entrepreneurial, Advancy, avant de monter Daco, une entreprise dans l’intelligence artificielle. J’ai ensuite passé quatre ans chez Veepee à qui j’avais vendu ma start-up. En 2020, comme beaucoup de gens, j’ai eu une crise de sens avec le Covid. Avec mon mari, nous avons monté "Sauvons nos commerces", une association qui permettait, pendant les fermetures, aux petits commerçants de vendre des bons d’achat à utiliser après les confinements. Ce qui était à la fois un soutien moral et financier. À ce moment-là, j’ai découvert que l’impact me donnait une énergie assez incroyable. Jacques-Antoine Granjon, le fondateur de Veepee, voulait lancer une activité de seconde main pour les vêtements. Je m’en suis occupée avant de cofonder Underdog.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans le gros électroménager ?

L’économie circulaire a connu plusieurs vagues. Il était déjà assez classique d’acheter des voitures d’occasion. Depuis cinq ans, il est aisé de trouver des produits reconditionnés facilement transportables comme les smartphones ou les vêtements. Les produits plus lourds comme les meubles ou les vélos électriques sont, eux, plus accessibles depuis plus récemment. Chaque année en France, 10 millions de produits de gros électroménager sont jetés. Seulement 3 % sont reconditionnés. Nous voulons faire du reconditionné la nouvelle norme de consommation.

Beaucoup de produits sont-ils reconditionnables ?

Nous réparons 70 % des machines que nous recevons. Pour remplacer chaque pièce défectueuse, il faut développer des outils industriels, des process et savoir vendre les produits aux Français.

"Le reconditionné est 30 % moins cher que le neuf"

Comment avez-vous abordé la partie industrielle de ce business ?

J’ai fondé Underdog avec Laura Chavigny et Léa de Fierkowsky, deux anciennes de Veepee. Même s’il y a une différence entre un t-shirt et un four, nous avons appris les meilleurs pratiques de la seconde main chez un géant de la logistique. Il a été néanmoins difficile de trouver des techniciens et des opérateurs car il y a une pénurie de main-d’œuvre. Nous avons lancé notre propre programme de formation et de reconversion. Grâce à cela, Underdog a un vrai impact social, qui se ressent dans la stabilité de nos équipes. Le fait de travailler dans une entreprise à impact motive les gens, ce qui rend plus facile sa direction.

Qu’est-ce qui pousse les consommateurs à acheter du reconditionné ?

Certaines personnes viennent pour l’impact, d’autres pour le prix. En moyenne, le reconditionné coute 30 % moins cher que le neuf. Comme il offre la même qualité, nous le garantissons deux ans. Nous ne sommes pas sur de l’occasion puisque nous réparons les machines et changeons les pièces nécessaires. Underdog propose des produits dans toutes les catégories et à tous les prix. Ils peuvent être livrés et montés partout en France. Il n’y a plus aucune barrière pour acheter du reconditionné.  

Les femmes ont plus de mal à lever des fonds que les hommes. L’avez-vous ressenti ?

Non. Nous avons commencé par un tour de seed sur pitch avant d’avoir l’entrepôt. Nous avons réuni 3,8 millions d’euros. J’avais fait mes preuves puisque j’avais déjà eu une entreprise et fait un exit. Nous avons été soutenues par des fonds pour qui l’égalité homme-femme est importante, comme Daphni, Sistafund, Tivoli ou Leia Capital.

Vous avez cofondé Climate House, un agrégateur d’initiatives pour la transition écologique. Pourquoi ?

Tout est parti d’une rencontre avec Lucie Basch (Too Good To Go, ndlr), Jack Habra (Context) et Clément Alteresco (Morning). Nous avions la volonté d’accélérer la transition en rassemblant les acteurs de celles-ci. En tout, 80 entrepreneurs sont investis dans le projet. Nous avons ouvert un lieu de cinq étages dans le Sentier à Paris en 2024, qui propose 200 postes de travail et plus de 150 événements par an. Le collectif donne de l’énergie et permet de faire bouger les choses. La notion d’écosystème est clé dans ce genre de business. C’est pourquoi je suis aussi business angels, avec une dizaine de participations dans des start-up, principalement à impact. Je suis également ambassadrice du Mouvement Impact France dans les Pays-de-la-Loire puisque Underdog est basé à Nantes.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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