Jérôme Bocuse a pris la suite de Paul Bocuse, au décès de celui-ci en 2018. Chef cuisinier comme son père, il est également un homme d’affaires accompli qui a fait ses armes aux États-Unis.

Plus jeune, Jérôme n’était pas destiné à reprendre l’empire de son père. À l’adolescence, le fils de Paul Bocuse se passionnait pour le ski. "La cuisine ne
m’intéressait pas vraiment
, se souvient-il. Mon père était très occupé. Nous n’avions pas beaucoup de vie familiale, ce qui ne donne pas très envie à un enfant d’embrasser ce métier." Alors qu’un accident de ski douche ses rêves de vivre de son sport favori, Jérôme Bocuse décide de partir aux États-Unis pour intégrer une école de cuisine, puis effectuer un master en management, sur les conseils de son patriarche. "Je voulais avoir une expérience américaine. Finalement, vingt-cinq ans plus tard, j’y suis encore." Et d’analyser cette décision : "Paul Bocuse prenait de la place. Ce n’est pas une critique, mais j’aurais difficilement pu travailler à côté de lui. Je devais faire mes preuves ailleurs."

Rayonnement français

Jérôme Bocuse rejoint le restaurant de son père au sein de Disneyland en Floride. Son but ? "Faire découvrir la gastronomie française à une clientèle de parc d’attractions qui connaît peu notre pays." Escargots, croque-monsieur ou encore soupes à l’oignon sont proposés dans le pavillon français. Depuis 2001, le fils a multiplié le chiffre d’affaires du restaurant par cinq. Ce qu’il apporte à cet établissement et à ceux du groupe qu’il a repris au décès de son père en 2018 ? Une vision américaine des affaires, un goût marqué pour l’entrepreneuriat et l’envie d’aider son entourage à grandir.

Des collaborateurs épanouis

Difficile de lui faire parler chiffres d’ailleurs. Notre interlocuteur préfère raconter les réussites de ses collaborateurs au sein de son groupe originaire de la région lyonnaise. Comme celle d’un jeune Haïtien motivé embauché ponctuellement pour la plonge et qu’il a finalement gardé dans l’entreprise où il a appris la pâtisserie. Il est depuis devenu sous-chef. "Donner une chance aux gens qui ont envie d’y arriver, c’est cela, le rêve américain." Bien que ce type de parcours soit moins simple en France, Jérôme Bocuse insiste sur sa détermination à prendre soin des 2 000 personnes qui travaillent pour lui. "Si nos collaborateurs sont épanouis, cela se ressent dans le service à notre clientèle." La satisfaction des clients reste l’alpha et l’oméga de la réussite. "Nous ne les volons pas. Nous leur vendons de bons produits et leur offrons un service de qualité au juste prix, que ce soit dans nos restaurants ou dans nos brasseries."

Pour la suite, Jérôme Bocuse entend continuer la promotion de la gastronomie française partout dans le monde, comme l’a fait son père en précurseur. Le groupe travaille en lien avec le ministère de la Culture sur l’ouverture d’un restaurant à Abu Dhabi et d’un établissement à Vichy qui réhabilitera un bâtiment centenaire. "Nous n’ouvrons pas des restaurants pour faire plus de chiffre. Ce que nous faisons doit avoir du sens." Avec plus de trente lieux en France, une quinzaine à l’étranger, des événements et la publication d’ouvrages, la galaxie Bocuse continue en tout cas de rayonner.

Olivia Vignaud

Crédit photo : Christophe Pouget

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