Selon une récente enquête menée conjointement par Indeed et OpinionWay, les personnes atteintes d’un handicap, qu’il soit apparent ou non, font face à des inégalités lors du processus de recrutement.
Le handicap, un frein au recrutement ?
Bien que les entreprises soient dans l’obligation d’employer au moins 6 % de salariés en situation de handicap, celles-ci ne prennent pas en compte leurs besoins spécifiques. Qu’il soit visible ou non, le handicap fait aujourd’hui partie des sujets sociétaux importants dans le monde professionnel. Malgré les avancées et incitations faites aux organisations de travail, les personnes en situation de handicap demeurent discriminées. L’étude de Indeed et OpinionWay, publiée le 15 janvier dernier, met en lumière le dysfonctionnement de la Reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés (RQTH), processus pourtant mis en place afin de faciliter leur accès à l’emploi. Toutefois, 70 % des individus avec un handicap invisible préfèrent ne pas le mentionner afin de signer plus aisément leur contrat de travail. Selon l’étude, 73 % des salariés bénéficiant de la RQTH déplorent des difficultés à trouver un travail et 63 % soulignent le manque de possibilités d’évolution professionnelle, contre 55 % et 49 % des travailleurs n’en profitant pas. Comment expliquer ce phénomène ?
Dissimuler son “petit truc en plus”
Signaler son handicap peut réduire à néant les chances de se faire embaucher. Une situation difficile à croire, mais bel et bien réelle. Pâtissant d’un manque de sensibilisation, les recruteurs sont pétris de préjugés et surestiment les difficultés liées au recrutement des personnes vivant avec un handicap invisible. Elles sont pourtant 84 % à penser qu’elles font face à des difficultés accrues pour trouver un travail (et sont donc moins compétitives), quand 72 % estiment qu’il est plus compliqué pour elles de conserver leur emploi. Un sentiment un peu moins partagé du côté des déficients (62 % et 49 %). Dans l’étude, un employeur admet qu’“il n’est pas toujours opportun de signaler un trouble non visible (type psychiatrique) lors de l’embauche”, et confesse même que “cela reste une cause d’élimination”.
Un manque de sensibilisation
Alors que, depuis quelques années, les discours sur la diversité et l’inclusion aident le monde du travail à se repenser, les entreprises semblent encore ramer lorsqu’il s’agit d’intégrer des personnes en situation de handicap dans leurs équipes. Aujourd’hui, 64 % des recruteurs jugent leurs collaborateurs sensibilisés et attentifs à l’intégration des personnes handicapées. Or, la réalité est toute autre du point de vue des personnes atteintes d’un handicap, invisible ou non : la quasi-totalité d’entre eux (93 %) reconnaît que le handicap n’est pas un sujet dans lequel les entreprises sont suffisamment investies. Un état des lieux qui résulte du peu d’efficacité de l’action gouvernementale, selon 68 % des salariés handicapés et 59 % des recruteurs. Une chose est sûre : quelles que soient leurs causes, ces disparités confirment le manque de sensibilisation au sujet du monde professionnel, et plus généralement en France.
Lisa Combe