Alors que les perspectives macroéconomiques s’éclaircissent progressivement en zone euro, l’équipe de Rothschild & Cie Gestion, continue de croire au potentiel de rattrapage de certaines valeurs européennes.
Entre la baisse du pétrole, des taux, de l’euro, la hausse de l’investissement et l’arrêt du frein fiscal, de nombreux phénomènes sont à l’œuvre pour accompagner le rebond des Bourses en Europe. Car après le quasi-doublement des indices depuis le point bas de fin 2008, la question de la pérennité de la hausse peut se poser. Mais dans la perspective de la recherche de sociétés offrant un fort potentiel, la valorisation des valeurs cycliques reste relativement faible, car elles ont perdu l’essentiel des gains relatifs qu’elles avaient enregistrés en 2013, au regard des défensives. Par ailleurs, une comparaison entre le parcours des indices boursiers européens et américains fait encore apparaître un retard des marchés du Vieux Continent. En conséquence, quand le S&P 500 s’affiche 35?% au-dessus de son plus haut de 2007, l’EuroStoxx lui reste inférieur de 16?%.
Parmi les phénomènes bénéfiques de la conjoncture, la baisse des cours du pétrole est l’un des plus spectaculaires. Il s’avère en effet être un puissant soutien au pouvoir d’achat des ménages. Ces dernières années, les revenus des ménages européens progressaient moins vite que l’inflation. Or depuis 2014, c’est l’inverse. Et alors qu’ils épargnaient, la bonne nouvelle pour la zone euro est que les ménages se sont mis à consommer. De même, le recul des prix de l’énergie va s’illustrer par une amélioration sensible des comptes externes des pays de la zone euro. Et un coup de pouce supplémentaire sera donné par le recul concomitant de l’euro, une dévaluation externe (de l’ordre de 10?%), qui favorise les exportations, réduit la déflation importée et aura un impact positif sur les résultats des entreprises. Nous considérons cependant que cette forte baisse du cours de la devise européenne n’est pas amenée à se poursuivre.

La composante investissement

Dans le même temps, la chute des taux des niveaux historiquement bas (les taux à 5 ans des pays core européen sont négatifs) est une opportunité pour tous les agents économiques endettés d’alléger leur dette. Les États en particulier vont pouvoir mieux gérer les excès de dette accumulés dans les années 2000. C’est ainsi que le service de la dette en proportion du PIB va chuter d’un niveau de 2?% en 2014 à 0,5?% (à taux inchangés) pour la France, mais aussi de 4,5?% à 1,6?% pour l’Italie ou de 3?% à 1,1?% pour l’Espagne, par exemple. Par ailleurs, l’effet est mécanique sur la demande de crédit du secteur privé, qui redémarre. La distribution de crédit aux entreprises non financières et aux ménages est désormais en territoire positif. En conséquence aussi, la composante investissement de la croissance sera plus dynamique. La construction avait eu en France un impact négatif sur le PIB en 2014 (de - 0,4 %), mais les mises en chantier devraient repartir, comme c’est déjà le cas en Espagne. Le plan Juncker devrait représenter plus de 300?milliards d’euros sur la période 2015-2017 et en parallèle les profits des entreprises en pourcentage du PIB se redressent au Portugal, en Italie et ils sont même au plus haut en Espagne.
Plus généralement, l’austérité budgétaire est moins de mise dans l’ensemble des pays européens. Le sévère «?frein fiscal?» à l’œuvre ces dernières années est relâché. Après avoir pesé sur le PIB de la zone euro, son effet devrait en moyenne être neutre en 2015. Aussi, les perspectives de croissance sont revues à la hausse. L’OCDE, le FMI, comme la BCE, viennent ainsi à nouveau de relever leurs prévisions au titre de cette année.

La profitabilité des entreprises européennes va se redresser

Dans ce contexte, les marchés actions européens doivent être observés au regard du potentiel de rebond des marges des entreprises, très en retard vis-à-vis de celles des entreprises américaines, qui sont au plus haut et laissent ainsi peu de place à des surprises positives. Pourtant, les marchés européens ne semblent pas croire à la capacité des entreprises d’améliorer leurs résultats en exigeant des primes de risque élevées sur des résultats attendus en 2015 encore en baisse de 10?% sur ceux de 2007. Une situation qui est un facteur déterminant de nos décisions d’investissement. En effet, avec un PER de 16,2 et un rendement de 2,8?%, les actions européennes affichent encore une prime de risque attractive en absolue et en comparaison des actifs des autres zones géographiques (7?% en zone euro contre 5,1?% outre-Atlantique).
Au sein des actions de la zone euro, il existe une divergence significative entre les profils de titre. Particulièrement élevée, la valorisation des titres de croissance semble aujourd’hui peu attrayante, à la différence des valeurs de retournement. «?Nous continuons de privilégier la thématique de retournement, c’est-à-dire des titres décotés, d’entreprises ayant initié un cycle de restructuration, entre ajustement des coûts et de leurs activités, qui profitera à la croissance de leurs résultats?» expliquent les gérants.

Les points clés :

     • Environnement économique plus favorable
     • Environnement monétaire ultra-accommodant
     • Redémarrage du crédit et de l’investissement en zone euro
     • Des valorisations qui restent attractives en zone euro
     • Des opportunités à saisir sur les valeurs de retournement
     • Un niveau d’exposition actions maximum au sein du FCP R Club (80%)

Par Didier Bouvignies & Philippe Chaumel, Associés-gérants, Rothschild & Cie Gestion

À propos des auteurs
Didier Bouvignies et Philippe Chaumel sont tous deux associés-gérants de Rothschild & Cie Gestion et coresponsables de la gestion. Leur processus de gestion, solide et éprouvé, a permis au fonds R Club de progresser de 8?% en moyenne en rythme annualisé sur dix ans mais également depuis juin 2007, date des derniers plus hauts sur les Bourses européennes.

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