Alliances, leadehip, programme à gauche. Fin de l'ouverture, récupération de l'électorat, rassemblement à droite... Au lendemain des régionales, partis et candidats sont da les starting-blocks pour 2012. Et déjà des peonnalités politiques se détachent du peloton.

Alliances, leadership, programme à gauche. Fin de l'ouverture, récupération de l'électorat, rassemblement à droite... Au lendemain des régionales, partis et candidats sont dans les starting-blocks pour 2012. Et déjà des personnalités politiques se détachent du peloton.


Emmené par une Martine Aubry légitimée, le Parti socialiste sort grand vainqueur des élections régionales. De nouveau en position de force au sein de la gauche, il reprend confiance en sa capacité de rassemblement, dans un contexte où la majorité traverse une période troublée. Pourtant, le travail à accomplir rue de Solférino reste considérable si le premier parti d’opposition veut se muer en parti de gouvernement. Il est à la croisée des chemins. Martine Aubry doit composer avec les multiples tendances et courants qui composent son parti, et faire ressortir une ligne claire, visible, et crédible d’un point de vue programmatique.

Trop à gauche, le parti perdra en crédibilité, trop au centre, des voix dissonantes se feront entendre et dilueront la ligne officielle dans un vacarme médiatique. Classiquement, le PS doit donner le sentiment qu’il parle d’une seule voix et de manière responsable sur des sujets clefs comme celui du financement des retraites. C’est la première condition qui lui permettra de se présenter comme un parti en état de marche, à même de gouverner le pays.

Le PS devra ensuite régler l’épineuse question du leadership. Avec une armada de candidats à la candidature qui ne cessent de se « placer » en vue de l’élection suprême, le parti perd en lisibilité. Ces dernières années, il est plus souvent apparu comme un club de rhétorique que comme une force de propositions pour le pays. La question de l’alliance ne viendra qu’après. De prime abord, le PS doit laver son linge sale en famille, puis décider, sur la base d’un compromis constructif, la coupe, puis la couleur du costume de l’alliance à d’autres forces politiques.
Un rapprochement avec un Modem moribond semble désormais exclu. En revanche, Europe écologie semble très bien placée. Un pacte électoral en vue d’un contrat de gouvernement permettrait à ses ténors de décrocher certains postes clefs et de mener à bien quelques réformes phares. Pour le PS, le jeu des alliances est inéluctable. Le résultat des régionales le place dans une situation confortable, avec Europe écologie en tête, communistes et partis de gauche ensuite.
Aussi, il est en mesure, sous réserve de bâtir un programme clair, cohérent et lisible, de proposer une stratégie de campagne à ses partenaires potentiels. D’un côté, cela permettrait au PS de tester les points de rupture des liens qui l’unissent à sa gauche. De l’autre, il s’assurerait un soutien précieux et pragmatique sur l’échiquier politique.

Le chemin à parcourir est long tant les rivalités internes sont fortes, et les courants de pensées parfois aux antipodes les uns des autres. Mais, avec une première secrétaire qui gagne en légitimité, un ticket gagnant semble se mettre en place avec Dominique Strauss-Kahn, l’homme du FMI. Il briguerait la présidence auréolé d’un statut d’homme d’état, tandis qu’elle occuperait Matignon et gérerait les affaires internes d’un PS de retour aux commandes du pays.

Néanmoins, la route est sinueuse. De ses vœux, Pierre Moscovici invoque autant qu’il espère que « l’état d’esprit de cette compétition ne sera pas celui de 2007, mais celui qui a prévalu chez les démocrates aux États-Unis pour désigner Barack Obama », avant de conclure que « si Nicolas Sarkozy ne peut plus gagner les élections de 2012, nous pouvons encore les perdre ».

 


Un sentiment de flottement dans la majorité

L’UMP est dans une situation paradoxale. Jamais un parti de droite n’a été aussi hégémonique au niveau national. Il regroupe une kyrielle de satellites que Nicolas Sarkozy, par son style flamboyant et ses victoires électorales, avait su séduire. Avec un parti en ordre de marche, un chef qui a fait consensus, l’UMP apparaît comme une véritable machine de guerre au service de son commandant.
Nicolas Sarkozy a réussi à emmener la majorité sortante à la victoire en 2007. Cette force de persuasion inhérente à sa personnalité lui a permis de recruter au-delà de son parti, tant la marque « Sarkozy » était devenue synonyme de victoire pour qui s’y ralliait. Mais avec le résultat en demi-teinte des régionales, les langues d’habitude si policées se sont déliées dans les rangs de l’UMP pour critiquer le style de gouvernance du président de la République.
Aujourd’hui, il y a comme un sentiment de flottement dans la majorité. Pour se rassurer, elle fait le choix de la stratégie du retour aux fondamentaux. Afin de garder la maîtrise du calendrier politique, le président opte pour un tout autre positionnement qui doit lui permettre de reconquérir l’électorat perdu. Haro donc sur l’ouverture, la stratégie du président a changé. Avec la fin annoncée des nominations de personnalités étiquetées socialistes, Nicolas Sarkozy et ses fidèles lieutenants, Brice Hortefeux en tête, joueront sur le registre de la tension. La bronca médiatique lancée par les défenseurs d’une procédure d’urgence pour légiférer sur l’interdiction de la burqa en témoigne.

 Dans ce contexte de crise limitant les marges de manœuvre, la majorité présidentielle se fissure par endroit et localement. Ainsi, trois élus du Conseil de Paris ont dernièrement choisi de quitter l’UMP pour le Nouveau Centre. Et la force de la majorité est de plus en plus vue par les partis alliés ou satellites comme hégémonique, voire autoritaire. Avec un Nicolas Sarkozy au plus bas dans les sondages, son autorité s’érode. Pour autant, il garde à son avantage la maîtrise du temps et de l’agenda politique. La réforme des retraites, si elle est réussie, constitue une formidable opportunité pour le président et sa majorité d’asseoir leur crédibilité tout en divisant un PS qui n’a pas encore présenté de ligne claire sur le sujet. Le succès de cette réforme remobiliserait l’électorat de la droite parlementaire qui  s’était massivement abstenu lors des régionales. À défaut, la situation deviendrait complexe pour la majorité qui verrait la possibilité d’un délitement de sa capacité de rassemblement des forces de droite. D’autant que le vote « anti-Sarkozy » est sans doute devenu la première force d’opposition. Le style du président clive les citoyens. Son mode de   gouvernance est devenu un handicap qui émerge comme un véritable challenge pour le  sortant qu’il est. En embuscade, l’ancienne garde chiraquienne patiente. Alain Juppé et Dominique de Villepin se présentent, l’un comme recours possible en cas de non-candidature de Nicolas Sarkozy, l’autre comme une alternative. Mais, sauf à ce que Nicolas Sarkozy créé la surprise en ne se représentant pas, il apparaît peu vraisemblable que l’UMP remette en cause le leadership de celui qui a amené ses troupes à la victoire en 2007


Une campagne sanglante s’annonce

Il ne faut pas s’y tromper, la lutte, aussi bien au sein des partis qu’entre les différentes forces de droite et de gauche, risque d’être des plus âpres. Alors que le PS tente de sortir de l’introspection, l’UMP tangue. Question de maîtrise du débat politique, il y a de fortes chances que Nicolas Sarkozy oriente sa campagne autour de ses thèmes de prédilection, comme la sécurité, ou l’immigration. Et aux deux forces dominantes de composer avec les trublions ou nouveaux venus de la politique française. Le Front national avec à sa tête Marine Le Pen, a sans doute une carte à jouer si elle parvient à lisser l’image de son parti que la crise économique et sociale tendrait à renforcer.
Les leaders d’Europe écologie de leurs côtés, s’ils ne se divisent pas d’ici là, pourront compter sur une valeur verte qui se diffuse dans la société, et principalement auprès des cadres et professions intellectuelles supérieures. C’est une campagne sanglante qui s’annonce, où tous les coups seront permis. Reste à savoir qui saura le mieux les donner… ou les encaisser.

Mai 2010

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