L. Goutard-Chamoux (AFA) : priorité probité
Laurence Goutard-Chamoux soufflera les bougies de sa deuxième année à l’AFA en septembre. Bien du chemin aura été parcouru depuis l’Institut d’études politiques de Grenoble, section "service public", son DEA d’administration publique à l’université de Grenoble et, enfin, les concours administratifs pour entrer dans l’administration.
Elle commence sa carrière en tant qu’attachée de préfecture au sein du ministère de l’Intérieur. Elle y exerce durant quinze ans des fonctions variées tant en préfecture qu’en administration centrale. Grâce aux concours internes, elle intègre les juridictions financières et travaille sept ans comme conseillère des chambres régionales des comptes, notamment en Île-de-France, où elle occupe le poste de procureure financière et s’investit dans la lutte contre les atteintes à la probité.
En 2017, l’occasion de rejoindre l’Inspection générale de l’administration (IGA) se présente. C’est un retour aux sources : Laurence Goutard-Chamoux intègre de nouveau le ministère de l’Intérieur et désormais son inspection ministérielle. Elle s’engage également dans l’association Femmes de l’intérieur, en faveur de l'égalité femmes-hommes dans l’administration.
L’inspectrice de l’administration se porte candidate à l’Agence française anticorruption (AFA) où elle est détachée comme sous-directrice du conseil, de l’analyse stratégique et des affaires internationales. Cette agence ne lui est pas étrangère. Elle a travaillé sur sa préfiguration pendant quelques mois au sein du service central de prévention de la corruption. Le monde public est petit, mais son domaine d’activité est large.
Des chantiers vastes
Laurence Goutard-Chamoux réalise avec son équipe des formations, anime et élabore, avec le concours de groupes de travail, des guides dont le dernier porte sur la maîtrise du risque d’atteinte à la probité en matière de cadeaux et d’invitations applicables aux agents publics. La sous-directrice de l’AFA mène également des projets sur le long terme tel que celui de la cartographie des risques de corruption. Ces missions s’inscrivent dans la durée. Laurence Goutard-Chamoux est aussi une adepte de la course à pied. Cette marathonienne y trouve des similitudes avec les dispositifs de conformité : dans les deux cas, "il faut s’y préparer, dérouler et tenir la distance".
Si les entreprises ont bien intégré le dispositif de conformité de la loi Sapin 2, Laurence Goutard-Chamoux note un "moindre niveau de maturité" chez les acteurs publics sur ces questions. Aujourd’hui, tous les acteurs disposent d’outils de compliance anticorruption, mais "ce qui manque c’est l’engagement de l’instance dirigeante", déplore la sous-directrice de l’AFA.
"Ce qui manque c’est l’engagement de l’instance dirigeante"
Pour changer cette tendance, elle s’emploie à ce qu’"un dispositif de conformité ne soit pas vécu comme un énième dispositif contraignant, mais comme un outil de protection et de cohésion". Ses efforts portent principalement sur la sensibilisation aux risques de corruption auxquels l’entreprise et l’administration sont confrontées et leurs conséquences (réputationnelles, juridiques, économiques, perte de confiance dans les institutions, etc.). Sensible aux préoccupations des nouvelles générations, elle s’attaque aussi au risque de perte de sens : "Aujourd’hui, les jeunes veulent du sens et ce sens, c’est la probité, c’est l’intégrité, c’est travailler dans une structure saine."
Clara Lafforgue