Toujours indépendante, la Bourse de Luxembourg place l’innovation au cœur de sa stratégie. Rencontre avec son président, Robert Scharfe.
Décideurs. Malgré un marché intérieur restreint, la Bourse de Luxembourg joue au premier rang dans les émissions obligataires internationales. En quoi le Luxembourg est-il plus attrayant ?

Robert Scharfe.
La Bourse de Luxembourg est un pilier de la place financière à Luxembourg et a très tôt reconnu le potentiel du marché euro-obligataire, et ce depuis la création de ce marché en1963. La Bourse a continuellement développé ses activités en se basant sur son expérience et l’expertise des services prestés pour les émetteurs à travers le monde. Aujourd’hui, elle offre des services performants et dispose d’une présence internationale importante avec plus des 3 000 émetteurs à travers le monde, originaires de plus de 100 juridictions différentes, qui lui font confiance.
Avec plus de 40 000 cotations en 55 devises différentes et un volume croissant, la Bourse de Luxembourg permet à ses clients émetteurs ainsi qu’aux investisseurs internationaux d’accéder à une offre très professionnelle, attrayante et diversifiée.

Décideurs. L’indépendance vis-à-vis d’Euronext est-elle encore viable ?

R. S.
La Bourse de Luxembourg est très satisfaite de ses relations actuelles avec Euronext. Grâce au partenariat entre nos deux institutions, nous sommes en mesure d’offrir à l’ensemble de ses membres et à ceux du réseau Euronext une plate-forme de trading performante et moderne, permettant ainsi un accès direct à de nombreux services. Les relations entre la Bourse de Luxembourg et Euronext sont marquées par un grand professionnalisme de part et d’autre et les deux partenaires profitent de l’excellente collaboration à tous les niveaux. En raison de la spécificité de notre activité, qui est moins axée sur les transactions, mais qui est surtout focalisée sur la cotation de valeurs mobilières internationales et dont profite l’ensemble de la place financière, une autonomie de décision s’impose pour la Bourse de Luxembourg.

Décideurs. Contrairement à beaucoup de monde, vous n’opposez jamais réglementation et innovation. En quoi la réglementation peut-elle être créatrice de valeur ?

R. S
. Je considère que nous sommes actifs dans un domaine où la réglementation est nécessaire, voire impérative. Particulièrement dans le domaine des Bourses et des marchés capitaux, il est crucial de créer une ambiance de confiance à travers une transparence renforcée et des informations complètes, au bénéfice de tous les acteurs. Pour y arriver, il faut établir une collaboration constructive et efficace entre les régulateurs, les acteurs des marchés et les investisseurs. La crise financière a montré les limites et les dangers du fonctionnement des marchés financiers trop libéralisés. Nous sommes convaincus qu’une réglementation saine, réfléchie et universelle constitue le fondement de marchés de capitaux performants, concurrentiels et surtout inspirant confiance aux utilisateurs. Par ailleurs, la charge réglementaire nous oblige à repenser nos business models et de les adapter aux nouvelles contraintes, mais aussi aux expectations changeantes des clients. Il s’ensuit logiquement un processus d’adaptation, voire même de renouveau des offres de services à la pointe des évolutions de marché.

Décideurs. En quoi la Bourse du Luxembourg est-elle plus innovante que ses consœurs ?

R. S.
Avec une part de marché d’environ 40 % des obligations internationales cotées en Europe et 20 % à l’échelle mondiale, ainsi que la position de leader européen dans la cotation d’obligations high yield avec une part de marché estimée à 60 %, la Bourse de Luxembourg s’établit comme leader en répondant aux demandes spécifiques des marchés.
D’ailleurs, la Bourse de Luxembourg s’est souvent illustrée pour son approche innovante par le passé. Ainsi, la cotation de la première euro-obligation en 1963 a donné naissance au marché euro-obligataire. Depuis, la Bourse de Luxembourg a su agir en first mover, ce qui lui a valu une reconnaissance générale par les émetteurs du monde entier. Ainsi, sur un marché en pleine croissance, la Bourse de Luxembourg est le premier lieu de cotation des obligations dénommées en RMB en dehors de l’Asie.

Décideurs. Fundsquare, filiale de la Bourse du Luxembourg se veut comme un soutien à l’activité des fonds d’investissement. Concrètement quels sont les services que vous leur apportez ?

R. S.
La création de Fundsquare a été un projet ambitieux pour la Bourse de Luxembourg en 2013. Comme la Bourse, Fundsquare se positionne comme une infrastructure de marché sur une place financière luxembourgeoise toujours en quête de se développer. Suite à une analyse approfondie avec de nombreux acteurs locaux et internationaux, nous avons souhaité adresser les problématiques telles que l’inefficience des flux d’informations et de reporting réglementaire des fonds d’investissement, les coûts élevés liés à la distribution transfrontalière ou encore le manque de standardisation dans l’exécution des transactions.
Avec son expérience et sa connectivité, Fundsquare est très bien placée pour offrir au marché une solution de routage d’ordres performante, facilitant fortement la distribution transfrontalière des fonds d’investissement, combinée à une offre de reporting réglementaire, ainsi qu’une proposition de distribution d’informations sur les fonds. Nous sommes en tout cas très satisfaits du développement de notre jeune pousse.

Propos recueillis par Hugo Weber (@hugo_weber)

Crédit Photo : Raoul Somers SARL

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