Le président de l’Association française des conseils en gestion de patrimoine certifiés (CGPC) regrette que les contraintes administratives et réglementaires pensant sur les conseillers en gestion de patrimoine soient de plus en plus chronophages

Décideurs. La réglementation MIF 2 va largement modifier le cadre réglementaire des CGPI. Est-ce une bonne chose ?

Raymond Leban. Presque tout a été dit et écrit sur la réglementation MIF 2. Le consommateur épargnant trouvera-t-il son intérêt avec cette dernière ? Rien n’est moins sûr. À une époque où les incertitudes privées et professionnelles se multiplient (chômage, internationalisation du marché du travail, instabilité de la cellule familiale, unions binationales, crises financières à répétition), le client des CGP libéraux, comme de tout autre intervenant sur le marché de la planification financière personnelle, doit pouvoir trouver un conseil professionnel de qualité qui puisse s’inscrire dans la durée. Supprimer pour un grand nombre l’accès aisé à ce conseil peut installer une segmentation arbitraire de clientèle en défavorisant les épargnants aux revenus modestes. De plus, réduire le conseil patrimonial à la commercialisation des produits financiers ou assurantiel entraîne qu’il ne pourra répondre de façon complète aux besoins de l’épargnant.

 

Décideurs. MIF 2 propose la fin des rétrocessions (sauf sur les produits assurantiels), c’est donc un coup d’épée dans l’eau ?

R. L. Il est évident que la commercialisation des différents contrats d’assurance-vie constitue une part importante de l’activité des CGP libéraux. Il faut également préciser que la perception de commissions sur les fonds sélectionnés sera toujours possible pour les libéraux, alors que ce n’est pas le cas pour les sociétés de gestion.

 

Décideurs. De plus en plus de CGPI se regroupent dans des réseaux ou fusionnent. Est-ce une tendance lourde qui va perdurer ?

R. L. Les contraintes administratives et réglementaires, même si elles vont dans le bon sens, sont de plus en plus chronophages et rendent difficile, même en optimisant le temps, l’exercice du cœur de métier constitué de la prospection, du conseil et du suivi des clients. Les cabinets de taille modeste, acteurs essentiels du secteur patrimonial, ont donc intérêt à mutualiser les tâches administratives répétitives et fastidieuses et les relations avec la multiplicité des partenaires potentiels : les groupements peuvent être un moyen d’y parvenir, sous réserve de proposer à leurs adhérents un « rapport qualité prix » acceptable.

 

Décideurs. Qu’apporte exactement la certification CGPC au CGP ?

R. L. Être client d’un conseil certifié CGPC, qu’il soit en exercice libéral, salarié des sociétés de banque ou d’assurance, de société de gestion ou membre des professions du chiffre ou du droit, c’est l’assurance d’avoir affaire à un professionnel réellement qualifié. Le certifié CGPC aura dû prouver ses connaissances dans tous les domaines patrimoniaux (juridique, fiscal, économique,social) et faire valider ses compétences par des experts, au cours d’épreuves écrites et orales. Il est soumis à des obligations annuelles d’actualisation des connaissances, doit adopter un code de standards et de procédures et adhérer à un code d’éthique et de déontologie. Son appartenance au réseau international FPSB (Financial Planning Standards Board) lui donne l’assurance de pouvoir traiter de toutes les questions internationales avec des collègues répondant aux mêmes exigences. De plus, s’il le souhaite, il peut se prévaloir de la norme ISO 22222, norme internationale de conseil en gestion de patrimoine. Pour le conseil en gestion de patrimoine, la certification CGPC est un véritable outil de différenciation.

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