Entretien avec Gérard Collomb, sénateur-maire (PS) de Lyon et président de la communauté urbaine du Grand Lyon.
Décideurs. Que pensez-vous du projet de loi « clarifiant l'organisation territoriale de la République » qui a été présenté en Conseil des ministres le 14 mai dernier ?
Gérard Collomb.
Cela fait un moment déjà, que j’appelle à des réformes de structure qui seules peuvent nous permettre de réduire nos déficits sans remettre en cause la qualité de nos services publics. Pour moi, cette loi va donc dans le bon sens. Nous verrons si elle peut être encore améliorée au Parlement.

Décideurs. Le 1er janvier 2015, le Grand Lyon deviendra métropole européenne en reprenant sur son territoire les prérogatives du conseil général. À qui doit, selon vous, revenir le pouvoir économique : aux métropoles ou aux régions ?
G. C.
Dans la loi sur la métropole de Lyon, il est prévu que le schéma régional de développement économique se fasse en cohérence avec la stratégie économique métropolitaine. C'est je crois une première avancée. Ensuite, il faudrait laisser aux métropoles le lien avec les entreprises et l’animation des écosystèmes d’innovation, des compétences nécessaires à l’heure de l’émergence du fait métropolitain au niveau mondial. En revanche, les régions ont toute légitimité pour être davantage dans la stratégie globale et gérer à ce titre les aides aux entreprises. Je suis donc pour une co-élaboration des politiques économiques. À partir du moment où ce principe est posé, je crois qu’il appartiendra aux élus de s’entendre pour l’intérêt général.

Décideurs. Quels avantages le Grand Lyon va-t-il tirer de son nouveau statut de métropole européenne ?
G. C.
Cela va nous permettre d’abord d’améliorer nos services et de gagner en efficacité. Nous avons des marges d’économies et cela devrait permettre de dégager des marges de manœuvre pour la nouvelle collectivité. C’est évidemment essentiel dans le contexte actuel ! Ensuite, pour les citoyens comme les entreprises, c’est la promesse de davantage de sensibilité et de lisibilité. Avant, pour demander une aide ou un renseignement, il fallait frapper à plusieurs portes. Demain, il y aura un guichet unique. Enfin, nous allons repousser les frontières de l’action publique. Faire le lien entre développement économique, urbanisme, logement d’une part et solidarité, politiques de l’enfance, de l’habitat et du vieillissement d’autre part. En une formule, nous allons mieux articuler « l’urbain et l’humain ».

Décideurs. Comment réagissez-vous aux baisses de dotations de l'État aux collectivités ?
G. C.
On ne peut pas dire qu’il faut faire des efforts et ne pas accepter d’y prendre part. Cependant, je crois que cette baisse de dotations doit s’attacher à préserver l’investissement. Les collectivités locales réalisent en effet 70 % de l’investissement local. Et au Grand Lyon, pour un euro d’argent public investi, ce sont six à sept euros d’investissements privés qui suivent. On mesure donc combien une baisse trop forte serait problématique pour la croissance. C’est pourquoi, en tant que président de l’ACUF, j’ai demandé au Premier ministre de tenir compte de cette dimension dans le calcul des baisses de dotation.

Décideurs. Que pensez-vous du calendrier de la réforme territoriale ?
G. C.
Je pense que le calendrier est tenable. Qu’on peut sans doute aller même plus vite encore par exemple pour la suppression des départements en milieu urbain. Regardez à Lyon : annonce de la fusion entre communauté urbaine et conseil général fin 2012, discussions sur la loi en 2013, mise en œuvre au 1er janvier 2015.

Décideurs. Quels axes faut-il, selon vous, poursuivre pour moderniser et rationaliser l'action publique territoriale au XXIe siècle ?
G. C.
Je crois qu’il faut supprimer les doublons entre collectivités et État déconcentré.
Je pense aussi qu’il faut engager une vraie décentralisation du système de santé comme l’ont fait des pays comme la Suède. Cela permettrait de faire des économies sans toucher à la qualité des soins.

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