Quel Paris promet Nathalie Kosciusko-Morizet ? Éléments de réponse avec la candidate UMP à quelques jours du premier tour des élections municipales.
Décideurs. Ce n’est pas là votre première campagne, pourtant la pression sur votre candidature – la capitale pourrait basculer à droite après douze ans à gauche et ce, alors que l’ensemble des leviers politiques nationaux est socialiste – n’a-t-elle pas été particulièrement éprouvante ?
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Je fais de la politique avec passion et avec plaisir. Les épreuves en font partie. Face à nous c'est effectivement un système politico-administratif socialiste qui est à l'œuvre. Mais ceux pour qui tout cela est le plus éprouvant depuis treize ans dans leur vie quotidienne, ce sont les Parisiens.

Décideurs. La mention de l’UMP apparaît peu ou prou dans votre candidature. L’étiquette du parti est-elle un frein dans ce scrutin ? Pensez-vous que les Parisiens s’affranchissent de l’appartenance politique et élisent davantage sur un intuitu personae ?
N. K.-M.
L'UMP, grâce à la fédération de Paris, a organisé la primaire ouverte et en ligne qui a permis à de nombreux Parisiens de participer à ma désignation. J'ai souhaité ensuite proposer dans l'ensemble des arrondissements des listes qui rassemblent des candidats de l'UMP, de l'UDI, du Modem, venant de la gauche et aussi de nombreuses personnalités sans étiquettes politiques. Dans ce contexte, je pense que les Parisiens s'intéressent effectivement surtout à la personnalité des candidats, la mienne, celle des dix-neuf autres têtes de liste et de nos 517 colistiers. Nos listes ressemblent à Paris. Celles de l’équipe sortante ressemblent beaucoup au parti socialiste.

Décideurs. D’après le bilan que vous dressez de la mandature de Bertrand Delanoë, quelles sont les trois premières mesures que vous prendriez pour pallier ces défauts ou failles ?
N. K.-M.
S’il ne fallait choisir que trois domaines dans lesquels l’équipe sortante n’a pas été à la hauteur des Parisiens je dirai le logement, la sécurité et les horaires.
Aujourd'hui, pour vivre à Paris il faut être très aisé ou très aidé. Je veux déverrouiller l’accès au logement afin de redonner la possibilité aux classes moyennes d’habiter Paris. Ainsi, je compte privilégier les logements nouveaux pour les classes moyennes au lieu de dépenser des sommes exorbitantes pour racheter des logements existants et les transformer en logements sociaux. Paris est la ville de France qui compte la plus faible proportion de propriétaires, je souhaite au contraire faciliter l’accès à la propriété en proposant aux Parisiens 20 % des nouveaux logements à un prix inférieur de 25 % à celui du marché.
Quant à la sécurité, il faut combattre le sentiment d’abandon des Parisiens face à la montée des violences. Pour cela je souhaite créer une police de quartier à partir des personnels de sécurité qui existent aujourd'hui dans la ville de Paris et qui sont jusqu’à présent utilisés pour dresser des contraventions sur le stationnement. Doubler le nombre de caméras de vidéoprotection – qui a un effet dissuasif prouvé – est aussi primordial. Paris est très en retard dans ce domaine : notre capitale compte deux fois moins de caméras par habitant que Strasbourg ou Lyon.
Nous avons des journées où il faut jongler avec plusieurs impératifs horaires. Un salarié parisien sur trois a des horaires de travail décalés en soirée ou le week-end. Être Maire de Paris, c’est s’adapter aux rythmes de vie des Parisiens. C’est la raison pour laquelle je veux lancer la révolution des horaires en permettant, par exemple, l’ouverture du métro en semaine jusqu'à deux heures du matin et le week-end toute la nuit, ouvrir les magasins le dimanche, ou encore étendre les horaires d’ouverture des crèches.

Décideurs. Le logement – surtout chez les moins de 35 ans –, la maîtrise de la fiscalité locale et la sécurité sont les trois sujets en tête des priorités des électeurs parisiens. En quelques mots, que leur proposez-vous sur ces points ?
N. K.-M.
Comme je vous ai répondu précédemment, les principales failles de l’équipe sortant, auxquelles je veux pallier – logement, sécurité – sont pourtant comme vous le dites les priorités des Parisiens.
Concernant la fiscalité, la gestion de la Ville depuis 2001 n’est faite que d’opacité et de gabegie, d’endettement et de matraquage fiscal. Depuis 2001 les impôts ont augmenté de 40 %. Les propriétaires parisiens sont les plus imposés de toutes les grandes villes : un ménage ayant acquis un appartement de 70 mètres carrés au prix moyen du marché, par exemple, y paiera 3 826 euros d’impôts, contre 3 336 à Marseille, 3 186 à Bordeaux et 2 712 à Lyon en tenant compte des droits de mutation – notoirement plus élevés à Paris du fait du prix des transactions – lissés sur quinze ans, de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères ainsi que de la taxe de balayage, qui n’existe pratiquement qu’à Paris. Cette dernière taxe a d’ailleurs augmenté jusqu’à parfois +300 % à cause de l’alignement de la grille des tarifs.
La dette de la Ville, elle, s’est envolée de 1 milliard en 2001 à 4 milliards prévus fin 2014. Une réaction logique aurait été de prendre des mesures contre afin de ne pas léser les Parisiens. Au contraire, on a observé une hausse des dépenses de fonctionnement de la Ville de 40 % depuis 2001 et une équipe municipale qui compte autant d’adjoints que dans le gouvernement de Monsieur Hollande.
Si je suis élue, je souhaite dès le début de mon mandat mettre en place une gestion transparente et efficiente. Mon objectif sera de diminuer les impôts des Parisiens à hauteur de 100 millions d'euros par an dès 2015, en agissant sur la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (- 80 millions), la taxe de balayage (- 10 millions), et la cotisation foncière des entreprises. Je souhaite aussi économiser 1 milliard d'euros sur l’ensemble de la mandature en luttant contre l'absentéisme des agents, en réduisant le train de vie de la Mairie et en luttant contre la mauvaise gestion.

Décideurs. Élue maire de Paris, quelle serait votre première mesure d’urgence ?
N. K.-M.
Paris ne mérite pas une mais au moins trois mesures d’urgence. Tout d’abord l’ouverture le dimanche. Paris doit battre aux rythmes de ses habitants. Je ne veux pas le généraliser, mais l'étendre, en créant de nouvelles zones d'ouverture afin que les salariés souhaitant travailler le puissent. Rendez-vous compte, les commerces réalisent au moins 20 % de leur chiffre d’affaires hebdomadaire grâce à l’ouverture le dimanche. Une telle mesure permettrait de créer au moins 10 000 emplois supplémentaires et de retenir les touristes qui partent à Londres le dimanche faire leur shopping.
Les événements récents ont illustré l’importance de combattre durablement la pollution à Paris. C’est un sujet qui me tient à cœur et depuis longtemps. La principale mesure que je compte mettre en place dès le début de mon mandat, si les Parisiens me font confiance, est l’instauration d’une zone d’action prioritaire pour l’air (Zapa). Cette mesure interdira l'accès à Paris aux poids lourds et cars de tourisme les plus polluants. Les Parisiens sont en droit de se demander pourquoi l’équipe sortante ne l’a jamais appliquée alors que cet outil est pourtant à disposition du maire.
Comme je vous l’ai dit précédemment, la sécurité est la première des libertés. Je veux que les Parisiens se sentent protégés dans toutes les rues de Paris grâce au lancement du plan de vidéoprotection et à la création d’une police de quartier.

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