Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de François Hollande du 14 janvier 2014.
Troisième conférence de presse du quinquennat de François Hollande, la traditionnelle cérémonie des vœux aux journalistes a pris des allures de discours de la dernière chance. L’affaire des photos publiées par Closer montrant le président en compagnie de l’actrice Julie Gayet a suscité bon nombre d’interrogations, si bien que, couplé aux mauvais chiffres du chômage et à une cote de popularité au plus bas, François Hollande se devait d’abattre un joker : le pacte de responsabilité.



Une feuille de route simple 

« C’est la mise en mouvement de la société française ». Reprise de celle énoncée le 31 décembre dernier, la feuille de route 2014 de François Hollande souhaite « redonner de la force à la France ».



Le pacte de responsabilité

Annoncé lors de ses vœux aux Français, le pacte de responsabilité est le « grand compromis social » de François Hollande. « Sans doute le plus grand qu’il ait été proposé depuis des décennies à notre pays » et qui promet d’alléger les charges des entreprises et de « réduire leurs contraintes sur leurs activités », en contrepartie de « plus d'embauches » et de « dialogue social ».

Quatre chantiers sont envisagés :
1) La poursuite de l’allègement du coût du travail, c'est-à-dire « alléger les charges » : Crédit impôt compétitivité emploi, qui s’applique dès 2014 – 4 % d’allègement de la masse salariale – et 6 % en 2015. L’idée à terme (2017) est de supprimer les cotisations familiales pour les entreprises et pour les travailleurs indépendants. Comment ? Nul ne le sait pour l’heure, sauf qu’« il n'y aura pas transfert de charges des entreprises vers les ménages ».
2) Plus de visibilité aux entreprises : fixation d'un horizon (2017) avec une trajectoire de prélèvements obligatoires. Deux objectifs : diminuer le nombre de taxes et moderniser la fiscalité des entreprises. Et deux exigences : l’investissement et l’emploi. Concrètement ? « Un premier acte sera posé dès la loi de finances pour 2015. »
3) Simplification : réduire le nombre de normes (« choc de simplification » déjà évoqué) et faciliter la prise de décisions. Comment ? Par un « conseil de la simplification », confié à parlementaire et à un chef d’entreprise.
4) Contreparties : définies au niveau national et déclinées par branches professionnelles : objectifs chiffrés d’embauches, insertion des jeunes, travail des seniors, qualité de l’emploi, formation, négociations sur les rémunérations et modernisation du dialogue social. Comment ? Là encore, un « observatoire des contreparties » sera mis en place en associant le Parlement.

Selon le calendrier :
- 21 janvier 2014 : présentation à l’ensemble des acteurs économiques et de l’emploi et à l'automne à l'Assemblée nationale.
- Fin janvier : les partenaires sociaux seront reçus par le Premier ministre et les ministres concernés. Les « Assises de la fiscalité des entreprises » seront installées par Jean-Marc Ayrault.
- Fin février : premier rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale.
- Avril : le gouvernement lancera un deuxième train de mesures de simplification.



Des observatoires pour observer et des conseils pour consulter

Un observatoire des contreparties issu du pacte de responsabilité, ainsi qu’un conseil de simplification verront donc le jour.
Un conseil de l'attractivité afin « qu'il y ait plus d'entreprises et de talents qui viennent s'installer en France »
Un conseil stratégique de la dépense publique qui se réunira chaque mois pour évaluer les politiques publiques.
Autant de commissions consultatives que de rapports… Reste à savoir ce qu’en pratique ils apporteront.



« Je suis social-démocrate »

Social-démocrate ? Social-libéral ? Ou tout simplement socialiste ? Virage ? Tournant ? Qui ne dit mot consent…
« Comment voulez-vous m'appeler ? Socialiste ? Démocrate ? Je suis patriote », interroge François Hollande avant de confesser : « J'avais dit que je restais socialiste. J'ai été élu avec l'appui du PS, de la gauche (…) Suis-je un social-démocrate ? Oui ! ». Et, pour se défendre, il vante le « compromis social du pacte de responsabilité ».


Moins de régions ?


En terminer avec les « enchevêtrements, les doublons et les confusions ». Et surtout dans la chasse aux économies menée par le Conseil stratégique de la dépense publique, l’idée d’une réduction du nombre de régions est envisagée : « Les Régions se verront confier, dans une prochaine loi de décentralisation, de nouvelles responsabilités (…). Les collectivités seront également incitées et invitées à se rapprocher. Les Régions, d’abord, dont le nombre peut aussi évoluer. Il n’y a pas de raison à ce qu’il soit le même dans quelques années, par rapport à aujourd’hui. »



Humour et répétitions

« Alors on me dit : mais pourquoi vous ne relancez pas la demande ? Parce que s’il suffisait, je vous le dis, pour être de gauche de creuser les déficits, alors ceux qui m’ont précédé sont d’extrême-gauche ! » Toujours à propos de l’épithète de social-démocrate, il ajoutera encore : « J'ai toujours peur d'être mal compris. Ceux qui n'ont pas compris que j'étais social-démocrate peuvent encore poser une question. »
« Tournant ? Inflexion ? Quand on tourne on ralentit. Moi, j'accélère sur le même chemin. Mais avec cette nouvelle méthode. »

S’agissant de sa sécurité personnelle remise en question par l’opposition : « Je remercierai le chef de l'opposition pour les conseils qu'il me donne. »

« J'ai été maire d'une ville, président d'un Conseil général, j'ai même dû être député européen... » En effet, durant cinq mois il y a quinze ans.

« Ma méthode c'est la négociation. Cette méthode est la bonne. »
« Si j’ai fait des erreurs ? Sans doute. »

« C'est le destin de la France qui nous mobilise. La France dans dix ans. »

Après le « Moi président… », François Hollande n’a pu s’empêcher de réitérer les répétitions et anaphores : « Quand on a 25 ans… », « Ce que je veux que soit la France… », « La finance… ».



Sur « l’ affaire Gayet »

« Je comprends votre question. Comprenez ma réponse. » La question qui brûlait les lèvres de tout le monde a été posée par Alain Barluet, journaliste au Figaro et président de l'Association de la presse présidentielle : « Valérie Trierweiler est-elle toujours la première dame de France ? » Réponse circonstanciée à question circonstanciée – prévue, préparée et connue en amont par le service de communication présidentiel : « Les affaires privées se traitent en privé. Chacun dans sa vie personnelle peut traverser des épreuves. C'est notre cas, ce sont des moments douloureux. » On se rappelle des aveux de Nicolas Sarkozy sur le plateau de France 3, confiant des « difficultés » de son couple, « comme des millions de Français ».

Poursuivre Closer ? François Hollande se refuse à attaquer en justice alors qu’il bénéficie de l’immunité présidentielle.
Légiférer : « Je suis contre les lois de circonstance. »
Un statut pour la première dame : « Il n'y a pas de statut mais une pratique. Et un usage. Ce qui est pour moi essentiel, c'est la transparence : que les moyens consacrés au conjoint soient connus, publiés, limités. »

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