Le patron de la chaîne de supermarché s'en prend vertement à la première fortune de France. De quoi instaurer un conflit entre "l'homme du terroir" et le "milliardaire apatride". Indigné, la première fortune de France a immédiatement riposté.

Les projets fiscaux du gouvernement suscitent de violentes disputes au sein de la classe politique mais aussi dans les milieux économiques. Bernard Arnault, patron de LVMH et première fortune du pays est le premier à avoir sonné la charge. Lors de la présentation des résultats du groupe le 28 janvier, il a fustigé le projet de surtaxe d’impôt sur les sociétés réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffres d’affaires.

Bernard Arnault menace…

Selon lui, il s’agit d’une "douche froide" qui pourrait mener à des délocalisations. Son groupe y réfléchit-il ? Il semblerait que oui si l’on se fie à ses déclarations : "Aux USA, les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d’États et le gouvernement encourage ça… Nous sommes fortement sollicités par les autorités américaines à continuer nos implantations d’ateliers. Dans l’environnement actuel, c’est quelque chose que LVMH regarde sérieusement". Une sortie que comprend Patrick Martin président du Medef qui a déclaré sur RTL que "ceux qui veulent partir partent et ils ont raison".

"On est des gens de terroir, on sait d'où on vient et ce qu'on doit à notre pays"

… Michel-Edouard Leclerc riposte

Ces menaces d’exil ont le don d’agacer Michel-Edouard Leclerc qui a joué au chevalier blanc le 31 janvier sur LCI. Dénonçant un "chantage", il a pris ses distances avec son collègue : "Vous ne m'entendrez jamais dire ça. Je parle à titre personnel mais je pense que tous les chefs d'entreprise des Leclerc, Intermarché, U, Intersport sont sur la même longueur d’onde. On est des gens de terroir, on sait d'où on vient et ce qu'on doit à notre pays, il n'y a aucun d'entre nous qui ferions ça". Cette opposition entre le patron ancré dans les territoires et le dirigeant apatride intéressé avant tout par le profit a eu le don d’agacer Bernard Arnault qui, quelques heures plus tard a publié un communiqué de presse salé.

"Quant à Monsieur Leclerc, puisqu’il semble vouloir défendre les PME françaises, je lui conseille de vendre dans ses supermarchés davantage de produits français, et d’arrêter de pressurer les fournisseurs français, au risque de les mettre en difficulté, en cherchant à obtenir d’eux des prix toujours plus bas.

LVMH s’explique

Le ton est loin du langage policé des grands patrons puisqu’il attaque personnellement le patron breton : "Quant à Monsieur Leclerc, puisqu’il semble vouloir défendre les PME françaises, je lui conseille de vendre dans ses supermarchés davantage de produits français, et d’arrêter de pressurer les fournisseurs français, au risque de les mettre en difficulté, en cherchant à obtenir d’eux des prix toujours plus bas. Qu’il montre de cette façon son patriotisme, plutôt qu’en critiquant un groupe qui fait rayonner la France dans le monde avec ses artisans et ses fournisseurs, en les aidant à se développer dans notre pays." 

Sur la question de la délocalisation, il a tenu à faire baisser la tension :  "Je n’ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe LVMH. Cette affirmation est fausse. Le groupe LVMH est fier d’employer directement et indirectement près de 200 000 personnes en France, et d’être année après année le premier recruteur privé de France. C’est précisément parce que j’aime la France et que je souhaite que notre pays continue à rester compétitif que j’ai tenu à alerter sur des mesures qui me paraissent en tous points contre-productives. Ce que j’ai dit, c’est que les mesures fiscales envisagées sont une incitation à la délocalisation, puisqu’elles taxent le Made in France, mais pas les entreprises françaises délocalisées". 

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