"Faire parler la donnée en s’appuyant sur les systèmes d’information de la DSI", c’est en ces termes que Jean-Loup Loyer qualifie son rôle de CDO. Habitué à manipuler de la donnée opérationnelle, il en assure la qualité et la gouvernance pour le groupe minier et métallurgique Eramet.

Décideurs. Les autres départements ou fonctions de l’entreprise sont-ils suffisamment sensibilisés à la bonne gestion et à l’exploitation de la donnée dans leurs projets ?

Jean-Loup Loyer. Les collaborateurs expriment des besoins forts, mais ils ne voient pas forcément l’aspect organisationnel de la donnée et ce que cela implique. Souvent, ils imaginent que la donnée dont ils ont besoin existe quelque part et qu’elle est aisément exploitable. En pratique, c’est presque toujours faux : la plupart du temps, la donnée n’existe pas et, quand elle existe, elle est généralement de qualité insuffisante. Cela est dû à un manque de rigueur dans la manière de collecter la donnée et contribue à créer des attentes disproportionnées ainsi qu’une frustration par rapport aux projets que l’on peut vraiment réaliser.

 

Présentez-nous un cas d’usage de valorisation de la donnée dans votre entreprise.

Eramet est opérateur d’une voie ferrée au Gabon pour le transport du minerai de manganèse depuis notre mine de Moanda jusqu’au port de Libreville. Cette voie a été construite dans les années 1980 et n’a pas été conçue pour les volumes que nous transportons aujourd’hui.

Nous sommes en milieu équatorial avec beaucoup de pluie et un sol mouvant, ce qui provoque des problèmes de stabilité de la voie. Nous avons donc breveté un outil de maintenance prédictive. Il s’agit d’une plateforme renforcée par l’IA qui permet de récupérer des données sur la qualité de la voie et d’anticiper les problèmes.

 

Comment qualifieriez-vous l’engagement des collaborateurs en matière de données ?

La difficulté est de bien leur faire comprendre comment fonctionne la donnée. Si les collaborateurs veulent avoir autant d’efficacité dans leurs outils professionnels que dans leur quotidien, cela dépend d’eux et de leur manière de collecter la donnée. Pour ce faire, ils doivent réussir à définir leurs besoins. Ce qui suppose également qu’ils soient réceptifs aux changements induits. On n’y pense pas forcément mais quand on réalise un projet data, il faut non seulement adapter les processus mais aussi les organisations. Les collaborateurs doivent devenir acteurs de la qualité des données et des projets.

 

Quelles prochaines étapes anticipez-vous ?

J’ignore ce qu’il va advenir du rôle du CDO, qu’il s’agisse de son périmètre ou du département auquel il sera rattaché. À mon sens, il doit toujours être proche de la fonction de l’entreprise qui incarne le business. Dans le retail, ce pourrait être le responsable marketing ou la direction financière pour la banque. Il est probable que le CDO devienne le véritable chef d’orchestre de la stratégie data au sein des entreprises, comme on le voit déjà dans des organisations plus matures.

 

Chiffre clé

Pour 1€ investi dans un projet digital, une moyenne de 1 à 2€ de gains récurrents 

Propos recueillis par Sasha Alliel

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2023