Amélie Lerosier, stratège sans frontières
"Il est rare que je me prête à cet exercice, d’habitude, je suis de l’autre côté, je conseille et aide mes clients à se préparer." Amélie Lerosier est consultante en communication, marketing et business development pour des cabinets d’avocats. Le milieu où tout a commencé : lorsqu’elle intègre un cabinet londonien pour un stage, après un cursus de droit international des affaires, la jeune femme découvre qu’il y a des équipes marketing en cabinet. On est en 2001, "ce n’était pas très fréquent à l’époque". Ça l’inspirera pour la suite : trois ans plus tard, elle décroche un poste de communication & marketing manager chez Lefèvre Pelletier & Associés. Elle y reste jusqu’en 2007, année où elle rejoint Gwénaëlle Henri pour développer Eliot & Markus, une agence de communication qui se consacre au marché juridique. Pendant douze ans, elle aide les cabinets d’avocats à peaufiner leur stratégie, créer un site, déployer des outils de communication. Et finit par se lancer en solo. Il y a trois ans, Amélie Lerosier inaugure allblue, son propre cabinet de conseil.
Chef d'orchestre
Amélie Lerosier connaît le secteur par cœur, ses clients, les clients de ses clients. Et sait s’adapter : "Je peux être appelée par un cabinet qui a déjà une équipe marketing et a simplement besoin de renfort ou que l'on intervienne sur un sujet spécifique, ou par une boutique qui souhaite que l’on couvre tout." Le tout est de comprendre la demande : "Tous les cabinets ne cherchent pas à être visibles partout. Certains cabinets veulent de la discrétion. La clé, c’est de les connaître de l’intérieur." Pour proposer une stratégie sur mesure, réalisable et pérenne, Amélie Lerosier doit réussir "à se glisser dans leur peau, à s’imprégner de leur ADN ". Certains peinent à se projeter. "Le cabinet doit savoir ce qu’il veut faire, les services qu’il veut proposer, à qui il veut les proposer." Sans ce premier travail de mapping, impossible de construire une stratégie, qu’elle soit marketing ou communication, ni de la mettre en œuvre. Amélie Lerosier peut aider ses clients à affiner leurs idées. La consultante, finalement, se mue en "chef d’orchestre". Elle intervient pour "faire en sorte que [ses] clients soient à l’écoute des leurs" : un travail "chirurgical", qui demande de s’arrêter sur chaque détail.
"J'aime quand il y a un challenge précis à atteindre, qui nécessite de trouver ce qui ne s’est pas déjà fait, de convaincre le cabinet, et de réaliser"
Le quotidien d’Amélie Lerosier est nourri par de "belles complicités professionnelles". Avec Florence Henriet, celle qui a créé la fonction de business developer dans les cabinets d’avocats en France, comme avec Martin Bussy, le consultant en transformation numérique pour les professionnels du droit. "Nous sommes complémentaires". Complémentaire, Amélie Lerosier l’est aussi, avec Tim Strijbosch et Jorn Vermeulen. À l’International Bar Association de Rome, en 2018, la consultante rencontre les deux associés de W-Consultants, une agence de conseil néerlandaise elle aussi orientée vers les cabinets d’avocats. Ensemble, ils ont l’idée de devenir partenaires. BlueWall est née : une marque commune, qui permet à chacun de garder une indépendance, déployée en France, aux Pays-Bas et en Belgique. "Les clients bénéficient d’une pluralité de profils, certains très expérimentés, d’autres middle ou juniors. Il y a des juristes et des parcours effectués en école de commerce." Une palette qui permet à BlueWall d’accompagner ses clients sur leur positionnement, leur notoriété et le développement de leur activité, avec une dimension paneuropéenne et des relais à Hong Kong.
Veille permanente
Le triptyque gagnant ? "Relationnel, adaptabilité/écoute, réalisation/persévérance"… On y ajoute une touche de curiosité, et c’est parfait." Amélie Lerosier doit toujours être en veille. Sur le fond juridique, d’abord - "la matière évolue rapidement". Sur les bonnes pratiques marketing, aussi : la consultante s’inspire des cabinets de conseil, des Big Four, de la tech, du retail. "C’est utile pour travailler sur la marque employeur, notamment". Un sujet crucial, à l’heure où les cabinets d’avocats lui font part de problèmes de recrutement. "L’interne est le premier vecteur de communication vers l’externe." Le cabinet doit être aligné entre l’image qu’il souhaite projeter et ce qu’il propose réellement.
Amélie Lerosier aime les cabinets "qui se donnent les moyens de leurs ambitions". Le dossier idéal pour elle ? "Quand il y a un challenge précis à atteindre, qui nécessite de trouver ce qui ne s’est pas déjà fait, de convaincre le cabinet, et de réaliser." Lorsqu’un cabinet lui fait "vraiment confiance", la magie opère : "Cela permet de lui dire quand il ne va pas dans la bonne direction. De lui proposer, aussi, une idée qui l’aurait un peu bousculé." Et quand elle l’est elle-même, bousculée, Amélie Lerosier retrouve son équilibre avec le sport. Au quotidien, la consultante prend le temps de "tout faire à pied" : marcher l’aide à relativiser.