Lydia Méziani illustre à merveille la "méritocratie républicaine" et le souligne : "D’après le déterminisme de Bourdieu, je n’aurais pas dû avoir le parcours que j’ai eu." Aujourd’hui directrice juridique chargée de la compliance, des droits humains et de l’éthique chez Nestlé en France, elle revient sur son parcours.

Née et scolarisée dans le 19e arrondissement de Paris, Lydia Méziani bénéficie de "l’école gratuite et laïque" et de la bienveillance de ses enseignants, notamment Régine Gaboret, sa professeure de français de 3e, inspirante et investie, qui l’aidera à intégrer une meilleure école. Sa mère, algérienne, l’élève seule avec ses soeurs. Compte tenu des difficultés qu’elle a à lire et à écrire, c’est la jeune fille qui s’occupe des questions administratives. Raison pour laquelle elle se lancera dans des études de droit et de sciences politiques ? Quoi qu’il en soit, elle se fraye un chemin jusqu’à la faculté de la Sorbonne. Elle obtient un DESS en administration du politique et un DEA en communication politique.

Elle commence sa carrière comme assistante parlementaire de Dominique Strauss-Kahn. C’est un "job de terrain" et c’est ce qu’il lui faut. Elle occupera ensuite les fonctions de conseillère du président du Sénat chargée des affaires sociales, de la santé, de l’emploi et de la jeunesse. Elle se félicite de "l’ouverture de cette belle institution à des personnes comme [elle]". Mais après deux mandats et la naissance de sa fille, il est temps de passer à autre chose.

Un nouveau départ

Lydia Méziani se tourne alors vers le secteur privé, non sans quelques a priori. Celle qui prône la tolérance reconnaît qu’elle est pleine de préjugés négatifs contre ce milieu qu’elle ne connaît pas.

La compliance c'est faire la bonne chose pour la bonne raison 

Sa vision manichéenne séparant domaine public et domaine privé s’efface peu à peu au sein du groupe Nestlé en tant que directrice des affaires publiques de la communication et des relations extérieures.

Cinq ans après son arrivée, on lui propose de travailler en Suisse en tant que porte-parole mondiale pour les crises, les restructurations et les opérations de fusions-acquisitions. Ironie de la situation, elle ne parle pas anglais. Néanmoins, influencée par son directeur polyglotte pour qui apprendre une nouvelle langue n’a rien de si difficile, elle accepte de partir et quitte Paris. Lydia Méziani cite à ce propos Mark Twain : "Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors, ils l’ont fait."

Elle revient en France en 2019 pour devenir directrice juridique de la compliance, des droits humains et de l’éthique chez Nestlé. Un poste qu’elle occupe encore aujourd’hui, car comme elle le dit "la compliance c’est faire la bonne chose pour la bonne raison".

Parallèlement à cette activité, elle est membre du conseil d’administration de l’association Les entreprises pour la cité et s’attache à rendre ce qu’elle a reçu : "Être la Régine Gaboret d’un gamin." Elle assume également le rôle de présidente de l’association On Board, qui promeut l’accès des personnalités de terrain aux conseils d’administration.

Aujourd’hui, Lydia Méziani finit sa thèse sur la compliance démocratique. Après un tel parcours, le besoin de devenir docteure la travaille. Issue d’une famille dans laquelle personne n’a de diplôme, aller au bout du parcours académique français s’avère un objectif à part entière. En outre, le droit la passionne. Comme elle se plaît à le dire, "la conformité à la loi n’est pas le respect du droit". Toujours sensible aux rencontres, elle attend le prochain événement qui lui fera prendre un nouveau tournant.

Clara Lafforgue 

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