Yves Wehrli vient d’être élu à la tête des bureaux de la région Emea.
Les ambitions d’Yves Wehrli
Dix-sept bureaux, mille avocats et un chiffre d’affaires global de 625?millions d’euros : c’est en quelques chiffres la mesure de la nouvelle mission de celui qui dirige le bureau de Paris depuis quinze ans. «?Je ne vais pas diriger les dix-sept bureaux de Clifford Chance, confie Yves Wehrli, mais m’assurer de l’alignement des priorités clients et produits, de l’uniformité de la couverture géographique et fixer les axes de développement communs.?» Cette création de poste répond aux exigences de certains clients importants demandeurs de gains de productivité directement perceptibles dans leur facture. Dans l’avenir, Clifford Chance sera organisé en hub de pratiques, un bon moyen d’éviter la constitution artificielle d’un full service partout dans le monde. Plus politiquement, le management des bureaux d’Europe continentale permet à Yves Wehrli de siéger au sein du board mondial très restreint après l’élection de son concurrent britannique, Matthew Layton, au poste de managing partner monde en mai. «?Participer à cette élection fut un grand défi et une fierté et le jour n’est pas si loin où le cabinet sera dirigé par un non Anglo-Saxon?», commente l’avocat.
Celui qui a propulsé l’équipe parisienne sur le devant de la scène grâce notamment à la création du Fonds européen de stabilité financière pour sauver l’euro en 2010 ne compte pas imposer le modèle de Paris. «?Chacun des bureaux est né d’une practice et tous ont leurs particularités. Nous n’allons pas faire du Paris partout?», explique-t-il. Pourtant, l’entité parisienne, fondée en 1962, a su traverser les cycles et les crises. Yves Wehrli est l’acteur de la restructuration de l’équipe, qui a perdu 20?% de ses effectifs en dix ans (le cabinet regroupe 360 personnes au total au 1er?octobre 2014) tout en assurant un service haut de gamme. Les fonctions supports ont été les plus touchées et un déménagement est programmé, de la place Vendôme à la rue d’Astorg, moins prestigieux mais plus adapté.
M&A et private equity
Il faut dire que les choses ont bien changé depuis son entrée au cabinet en 1980. Le Royaume-Uni représente aujourd’hui 35?% de l’activité globale du cabinet, contre 95?% à l’époque. «?La force des cabinets anglais est d’avoir su s’ouvrir sur l’international. Les Américains restent encore beaucoup centrés sur eux-mêmes?», observe Yves Wehrli. «?Les firmes de Wall Street réfléchissent à deux fois avant de s’installer en Europe, pour une activité parfois moins rentable. Plus un cabinet est global, plus il aura des difficultés à aligner son niveau de rentabilité. Les cabinets anglais sont plus nombreux à relever ce défi.?»
Selon Yves Wehrli, le paysage global des cabinets d’avocats sera plus clairsemé dans l’avenir, avec d’un côté les stratégies de niche aux équipes resserrées (à l’image de Wachtell ou Cravath) et les quelques firmes qui font partie d’une élite bénéficiant d’une couverture géographique importante, et d’une profondeur d’équipe les rendant incontournables (comme Latham & Watkins ou Skadden). Clifford Chance est de ceux-là. «?La qualité de nos services?doit être l’obsession quotidienne de chacun de nos trois cents avocats dans le monde?», se défend Yves Wehrli. C’est ce à quoi s’attache le bureau de Paris en déployant les arguments nécessaires pour attirer les associés qui comptent sur le marché. En accueillant Fabrice Cohen en septembre, le message de l’équipe française est clair : «?Nous misons sur le M&A et le private equity parce que nous croyons qu’une reprise du marché est là.?» L’avocat de la CDC ou de Permira répond aux objectifs du managing partner : un quadra pour consolider la pyramide d’âge, une forte ambition tant personnelle que collective et une complémentarité de clientèle. Airbus, par exemple, est de ceux qui sont conseillés à la fois par Clifford Chance et par Fabrice Cohen. Ce dernier confirme : «?J’ai perçu une vraie stratégie chez Clifford Chance. Par exemple, j’adhère à l’idée commune chez Clifford selon laquelle plusieurs associés doivent être engagés auprès des clients les plus importants.?» L’équipe corporate de Paris, qui a bénéficié en 2011 de l’arrivée de l’ex-Shearman & Sterling, Mathieu Remy, devient ainsi une des plus solides de la Paris avec neuf associés et une trentaine de collaborateurs.
Yves Wehrli s’en réjouit sur le long terme : «?Jamais je n’exercerai dans un autre cabinet. Si un jour je pars de chez Clifford Chance, c’est pour faire quelque chose de totalement différent.?» Pour ceux qui le connaissent, il est facile de l’imaginer marchand d’art à New York ou président de la Fédération française de football.
Pascale D'Amore
Celui qui a propulsé l’équipe parisienne sur le devant de la scène grâce notamment à la création du Fonds européen de stabilité financière pour sauver l’euro en 2010 ne compte pas imposer le modèle de Paris. «?Chacun des bureaux est né d’une practice et tous ont leurs particularités. Nous n’allons pas faire du Paris partout?», explique-t-il. Pourtant, l’entité parisienne, fondée en 1962, a su traverser les cycles et les crises. Yves Wehrli est l’acteur de la restructuration de l’équipe, qui a perdu 20?% de ses effectifs en dix ans (le cabinet regroupe 360 personnes au total au 1er?octobre 2014) tout en assurant un service haut de gamme. Les fonctions supports ont été les plus touchées et un déménagement est programmé, de la place Vendôme à la rue d’Astorg, moins prestigieux mais plus adapté.
M&A et private equity
Il faut dire que les choses ont bien changé depuis son entrée au cabinet en 1980. Le Royaume-Uni représente aujourd’hui 35?% de l’activité globale du cabinet, contre 95?% à l’époque. «?La force des cabinets anglais est d’avoir su s’ouvrir sur l’international. Les Américains restent encore beaucoup centrés sur eux-mêmes?», observe Yves Wehrli. «?Les firmes de Wall Street réfléchissent à deux fois avant de s’installer en Europe, pour une activité parfois moins rentable. Plus un cabinet est global, plus il aura des difficultés à aligner son niveau de rentabilité. Les cabinets anglais sont plus nombreux à relever ce défi.?»
Selon Yves Wehrli, le paysage global des cabinets d’avocats sera plus clairsemé dans l’avenir, avec d’un côté les stratégies de niche aux équipes resserrées (à l’image de Wachtell ou Cravath) et les quelques firmes qui font partie d’une élite bénéficiant d’une couverture géographique importante, et d’une profondeur d’équipe les rendant incontournables (comme Latham & Watkins ou Skadden). Clifford Chance est de ceux-là. «?La qualité de nos services?doit être l’obsession quotidienne de chacun de nos trois cents avocats dans le monde?», se défend Yves Wehrli. C’est ce à quoi s’attache le bureau de Paris en déployant les arguments nécessaires pour attirer les associés qui comptent sur le marché. En accueillant Fabrice Cohen en septembre, le message de l’équipe française est clair : «?Nous misons sur le M&A et le private equity parce que nous croyons qu’une reprise du marché est là.?» L’avocat de la CDC ou de Permira répond aux objectifs du managing partner : un quadra pour consolider la pyramide d’âge, une forte ambition tant personnelle que collective et une complémentarité de clientèle. Airbus, par exemple, est de ceux qui sont conseillés à la fois par Clifford Chance et par Fabrice Cohen. Ce dernier confirme : «?J’ai perçu une vraie stratégie chez Clifford Chance. Par exemple, j’adhère à l’idée commune chez Clifford selon laquelle plusieurs associés doivent être engagés auprès des clients les plus importants.?» L’équipe corporate de Paris, qui a bénéficié en 2011 de l’arrivée de l’ex-Shearman & Sterling, Mathieu Remy, devient ainsi une des plus solides de la Paris avec neuf associés et une trentaine de collaborateurs.
Yves Wehrli s’en réjouit sur le long terme : «?Jamais je n’exercerai dans un autre cabinet. Si un jour je pars de chez Clifford Chance, c’est pour faire quelque chose de totalement différent.?» Pour ceux qui le connaissent, il est facile de l’imaginer marchand d’art à New York ou président de la Fédération française de football.
Pascale D'Amore