Jean-Marc Savi de Tové, directeur associé chez Cauris Management au Togo évoque les réformes impactant son secteur d’activités et donne sa vision de l’Afrique.

Décideurs. Cauris Management est un fonds d’investissement dédié aux PME. Quelle est sa stratégie??

Jean-Marc Savi de Tové. Cauris Management est la première équipe de gestion établie en Afrique de l’Ouest francophone avec des bureaux à Lomé (Togo) et Abidjan (Côte d’Ivoire). Nous gérons environ 75 millions d’euros. Cauris Management vise des PME de taille moyenne et a pour objectif, au-delà du capital investi, de créer de la valeur pour la société accompagnée. Pour cela, nous nous focalisons sur le renforcement de la réflexion stratégique, l’adoption de meilleurs standards de gouvernance et le renforcement des compétences.

Décideurs. Quel est, d’après vous, l’impact du droit Ohada, notamment des nouvelles dispositions de l’acte uniforme sur le droit des sociétés et du GIE, sur la création et le fonctionnement des fonds d’investissement en Afrique de l’Ouest??

J.-M. S. de T. La réforme du droit Ohada confirme la validité des pactes d’actionnaires, un instrument très utilisé par les sociétés de capital-investissement, à la fois pour organiser le pouvoir aux côtés des autres actionnaires et pour définir les sorties des sociétés de capital-investissement et faciliter le règlement d’éventuels conflits. Le nouvel acte est également beaucoup plus flexible sur les instruments d’intervention, facilitant ainsi les structurations. Mais il reste beaucoup à faire, notamment pour créer un écosystème favorable à l’immatriculation et à la gestion des fonds.

Décideurs. Pouvez-vous nous parler du phénomène des « returnees » et de son impact sur la création et le développement des fonds d’investissement sur le continent??

J.-M. S. de T. Un environnement plus attractif permet d’attirer plus de talents, et plus de talents permettent de rendre un environnement plus attractif. C’est le paradoxe de la poule et de l’œuf. Il est vrai que le continent africain offre de meilleures opportunités. Les cadres des pays anglophones (Nigeria, Ghana, Kenya…) ont été les premiers à amorcer un retour dans leur pays d’origine à la différence des francophones dont le retour en terre natale s’amorce de manière plus lente. Plusieurs raisons peuvent être évoquées?: un tissu économique plus dense, une meilleure gestion des cycles politiques.Mais il s’agit surtout des cadres ayant atteint des niveaux de responsabilité plus élevés aux États-Unis, en Grande-Bretagne, et ayant piloté des projets adoptant les meilleurs standards internationaux.

Propos recueillis par André-Franck Ahoyo & Elodie Sigaux
 

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